Loterie solaire, de Philip K. Dick

Après la déception du « Maître du Haut Château », j’ai décidé de ne pas rester sur une défaite, et de retenter le coup avec Philip K. Dick. Et on reprend donc les choses dans l’ordre, avec cette fois-ci son tout premier roman.

 

Quatrième de couverture :

Au XXIIIe siècle, n’importe qui peut accéder au pouvoir. Le dirigeant du monde, ou meneur de jeu, est désigné par tirage au sort. Et comme dans toute société ludique, ce sont les règles qui régissent la vie, le hasard venant régulièrement en remettre en cause le déroulement.
C’est ce que découvre Ted Benteley, un scientifique tout juste licencié, qui décide de prêter allégeance à Reese Verrick, le meneur de jeu.
C’est ce que découvre aussi Leon Cartwright, un électronicien que la grande loterie, ou  » bouteille « , vient de désigner comme nouveau meneur, alors qu’il comptait quitter la Terre.
Deux destins contrariés, deux destins liés. Car Verrick veut reprendre sa place. Benteley tombe bien…

 

Le premier roman du maître. Coup d’essai, coup de maître ?

Conscient d’être passé à côté d’un de ses chefs d’œuvre, je me suis dit qu’il fallait reprendre les bases, maîtriser les thématiques et le style de l’auteur. Et donc de repartir du début, avec son premier roman. Quelque part, c’est là aussi un risque, car le roman a été écrit en 1955. Il est donc assez ancien, au risque d’être vraiment daté, et est de plus le premier roman écrit par Dick. Il avait alors 27 ans, le jeunot ! Bref, à nouveau cette question : était-ce le bon choix ?

Pour moi, la réponse est oui. Oh certes, ce roman n’est pas un chef d’œuvre, mais il sait se faire simple et direct, sans fioritures, tout en annonçant en filigrane les thèmes récurrents de sa bibliographie.

Dick nous présente ici une société basée sur le hasard. Ainsi, la Terre est dirigé par un homme (le « meneur de jeu ») choisi au hasard par la « bouteille » (c’est le nom de la « machine » qui fait office de loterie). Il est alors poursuivi par des assassins, qui n’ont qu’un seul but : le tuer. Dans ce cas, il est alors remplacé, à nouveau au hasard par une autre personne. S’il résiste à ces assassins, il est automatiquement remplacé (toujours au hasard) au bout de 13 années de règne. Enfin, la « bouteille » peut, de manière aléatoire, au cours de ces 13 années désigné un remplaçant, au hasard bien sûr. Cette « technique » permet, malgré le hasard, de faire en sorte que les faibles sont rapidement éliminés, tandis que les dirigeants malins, intelligents, restent en place plus longtemps. L’histoire du roman débute lorsque le meneur de jeu, Reese Verrik, est remplacé par la bouteille au cours de son règne par Leon Cartwright, un électronicien qui, curieusement, ne semble pas vraiment surpris par sa nomination. Mais Verrik a bien l’intention de récupérer son poste…

Le pitch parle de lui même : nous avons là une société très particulière ! Particulière, et pourtant ce fonctionnement arrive a être  justifié par un personnage, de telle façon que ça en devient presque crédible. J’ai bien dit presque, n’exagérons rien ! Cet attachement au hasard, qui guide les personnages, peut d’ailleurs faire penser au Yi-king, l’oracle qui guide les pas des personnages du « Maître du Haut Château ». La description de cette société, aussi succincte soit-elle, est complétée de petits éléments qui la rendent plus consistante : attachements à des porte-bonheurs, lien moyenâgeux (limite esclavagiste) entre employeurs et employés, garde de télépathes qui protègent le meneur de jeu des assassins, etc… Au fil du roman, on s’aperçoit que cette société, supposée idéale par les dirigeants en place, est en fait bien

Là ou Dick surprend un peu, c’est par le rythme de son roman : on tient là un bon roman d’aventures, avec certains passages trépidants ! Le passage avec le tueur à l’esprit téléchargeable à distance est assez jouissif, et annonce déjà certains thèmes futurs de l’œuvre de l’auteur, comme le transfert de personnalité, la paranoïa, l’altération de la réalité (comme sur ce passage où Ted Benteley se retrouve à son insu téléchargé dans le corps du tueur). Dick parvient en un rien de temps, au détour de quelques phrases, à semer le doute dans l’esprit du lecteur. Rien à dire, il est très fort pour cela !

L’intrigue principale, dominée par le trio Verrik, Cartwright et Benteley l’idéaliste, est entrecoupée par une intrigue secondaire, dans laquelle un petit groupe d’explorateurs tente de trouver cette fameuse dixième planète, prédite par un homme devenu messie, John Preston. Cette intrigue est en revanche nettement moins convaincante et palpitante que la première, sans que l’on sache trop où elle va nous mener.

Mais en tout cas, ce roman se lit très facilement. Agréable, captivant, il a été décrit avec humour par certains comme le meilleur roman de Van Vogt. En effet, on peut trouver quelques similitudes de style avec par exemple le Van Vogt que j’ai chroniqué. Mais autant ce dernier était assez passable (de mon point de vue), autant Loterie Solaire se laisse lire avec plaisir. Pas un chef d’oeuvre, mais sans doute un roman annonciateur de très bonnes choses !

Moi et Dick, on n’en a donc pas encore fini ! 😉

Chronique sà lire également chez Arutha, Cachou, Vance et GiZeus.

  
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