La porte des éons, tome 1 : le livre des abysses, de Sam Sykes

Posted on 2 août 2012

Sam Sykes est un jeune auteur : 26 ans. Toute la question est de savoir s’il est réellement un futur grand auteur de fantasy, ou bien s’il est peut-être un peu trop rapidement surévalué. En tout cas, la fougue de la jeunesse semble avoir contaminé son premier roman, mais cela est-il suffisant pour fournir un grand roman ?

 

Quatrième de couverture :

La vie est rude pour les aventuriers.
En particulier pour Lenk, flanqué de cinq irascibles compagnons qui préfèrent s’entredéchirer plutôt que d’affronter leurs ennemis communs.
Mais le jeune homme doit aussi composer avec une voix qu’il est le seul à entendre et qui ne nourrit qu’une obsession : tuer, encore et encore.
Face à une telle bande de mécréants et aux troubles de la personnalité de leur prétendu chef, qui serait assez fou pour les charger de retrouver le Codex de l’Outremonde, un artefact à même de libérer la Reine Kraken qui hante les abysses ?
Mais à situation désespérée…

 

David Gemmell en mode mineur

Ce qui frappe immédiatement en débutant la lecture de ce roman, premier volume de la trilogie de « La porte des éons », c’est cette ambiance de joyeux foutoir. Encore que joyeux ne soit pas vraiment le bon mot tant le groupe de personnages principaux, composé de six personnages assez archétypaux, et qui ont de forts relents de groupes de joueurs de jeux de rôle (une prêtresse, un magicien, une archère de race « shicte » qui n’est rien qu’une elfe déguisée avec la même agilité et les mêmes longues oreilles, un voleur/assassin, etc…) n’a de cesse de se mettre sur la tronche à la moindre occasion. Et ça m’a plu ! Cela m’a rappelé des souvenirs de rôliste, j’ai trouvé ça fun et rafraîchissant (d’autant plus que certaines réparties m’ont bien fait rire !).

Problème : arrivé à la page 100, c’est toujours la même rengaine, alors qu’on aimerait un peu voir autre chose… Ce problème de longueur est d’ailleurs le principal problème de roman dans son ensemble : 550 pages bien tassées ! Au vu de la taille (et du poids !) du roman, on peut se dire qu’on va voir du pays, et que les évènements et/ou retournements de situation vont être nombreux ! Que nenni ! Découpé en trois parties distinctes, nous ne verrons dans ce roman en tout et pour tout que trois lieux : un bateau, une île, puis une tour. Bon, soit, c’est un parti pris. Mais quand en plus les deux premières parties sont bâties sur la même construction (baston, pause, baston, pause, baston, et un chapitre final riche en révélations), on commence à soupçonner une entourloupe…

Le roman est essentiellement mené par les dialogues, très nombreux et le rendant ainsi très dynamique. Peut-être même un peu trop, les moments de calme étant finalement assez rares. La caractérisation des personnages est ainsi assez limitée : on n’apprend bien peu de choses sur les personnages (hormis qu’ils semblent tous cachés un lourd secret…). Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Comment se sont-ils réunis ? C’est dommage quand on voit qu’avec un peu de subtilité, Sam Sykes est capable de dépeindre de jolies scènes (je pense notamment à une scène touchante de Gariath vers la fin du roman). Catapulté au début de l’ouvrage au coeur d’une bataille navale, sans savoir d’où viennent les personnages, ni comment ils se sont rencontrés, le lecteur attend fébrilement quelques explications qui ne viendront malheureusement pas.

Alors au final, que penser de ce « Livre des abysses » ? Disons que je ne m’attendais pas à ça. Ce roman est un roman d’action. Il n’est d’ailleurs quasiment que ça. Pas de « world building », des personnages assez sommaires (même si on peut fortement soupçonner qu’ils ne manqueront pas d’évoluer dans la suite de la trilogie), beaucoup d’action, des dialogues omniprésents, une ambiance bordélique, et malheureusement une intrigue qui tiendrait sur un ticket de métro coupé en huit… Ça peut plaire, mais ce n’est pas ce que j’attendais. Et j’avoue que quand j’ai envie d’un roman de ce genre, j’ai tendance à lire du David Gemmell : ça ne vole pas toujours très haut non plus, ce n’est sans doute pas aussi irrévérencieux, mais Gemmell a un sens de la mise en scène et apporte une fluidité dans son récit que Sam Sykes est encore d’après moi, assez loin d’atteindre. Trop long, trop creux, même si les choses s’améliorent assez nettement dans la troisième partie du roman, cela ne suffira pas à me lancer dans la suite. En tout cas pas en grand format…

Une lecture commune avec Tigger Lilly.

 

  
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