Contrepoint, anthologie dirigée par Laurent Gidon

Posted on 2 octobre 2012

En voilà une belle initiative : proposer une anthologie regroupant des récits ne contenant ni guerre, ni conflit, ni violence ! Quand on y pense, la plupart des récits de science-fiction reposent sur une notion de conflit, qu’il soit à l’échelle personnelle, ou à l’échelle de l’humanité. Guerres, violence, destruction, etc… Comment faire sans ? Les éditions ActuSF et Laurent Gidon nous donnent des éléments de réponse à travers cette anthologie regroupant neuf nouvelles d’auteurs francophones.

 

Quatrième de couverture :

Peut-on écrire des histoires dans lesquelles il n’y aurait ni guerre, ni conflit, ni violence ?

Un vrai défi qu’ont relevé avec talent, sensibilité et humour neuf des plus belles plumes de l’imaginaire en France sous la direction de Laurent Gidon.

 

Faites l’amour, pas la guerre !

Avant de plonger au coeur des nouvelles qui composent cette anthologie, précisons pour avoir toutes les cartes en main, que ce recueil est offert (oui offert !) dans la limite des stocks disponibles pour tout achat de deux volumes des éditions ActuSF. Cette offre était donc l’occasion de découvrir certains des récits qui m’intéressaient depuis longtemps (j’y reviendrai bien sûr quand je les aurai lus), sans jamais avoir fait acte d’achat, accompagnés d’un joli bonus. Revenons maintenant sur le contenu.

L’amour devant la mer en cage, de Thimothée Rey : J’ai retrouvé dans cette nouvelle l’imagination débridée de l’auteur, accompagnée d’un tas de néologismes divers et variés, ce qui avait fait mouche dans « Des nouvelles du Tibbar ». Sauf qu’ici ça n’a pas marché… Je n’ai pas réussi à entrer dans le récit, sans trop comprendre où l’auteur voulait en venir. Pas compris.

Le chercheur de vent, de David Bry : Illustration du passage à l’âge adulte à travers un « examen ». C’est bien écrit, poétique, imagé et très évocateur, une bien belle réussite. L’intrigue n’est certes pas très originale, mais le tout reste un bon moment de plaisir : j’ai trouvé ça beau. Voilà qui me remet en selle, après un faux départ !

Petits arrangements intra-galactiques, de Sylvie Lainé : une sympathique nouvelle sur un homme tombé en rade sur une planète quasi-inconnue. Pour survivre, il va devoir s’adapter… Un récit amusant, sans doute pas inoubliable, mais qui m’a fait sourire. Ça fait clairement partie des buts de l’anthologie donc mission accomplie.

Nuit de visitation, de Lionel Davoust : Superbe ! Sans doute le plus beau texte du recueil. Rattaché au cycle « Léviathan », mais tout à fait lisible et compréhensible si on ne le connait pas (mais vous faîtes une erreur : « La chute » et « La nuit » sont deux excellents romans), cette nouvelle parle du pardon, des remords, des erreurs, de façon très sensible. Le phrasé est superbe, les émotions sont palpables, le personnage de Léon est magnifiquement écrit.

Tammy tout le temps, de Laurent Queyssi : Une courte nouvelle, qui malheureusement ne m’a parlé, un peu à la manière de celle de Thimothée Rey. Pourtant le sujet était intéressant (l’oubli, une enfance difficile), mais ça n’a pas marché. Sans doute trop court pour entrer dans le récit.

Avril, de Charlotte Bousquet : Un joli récit post-apocalyptique sur l’humanité d’une cyborg. Sans surprise, mais rudement bien écrite.

Permafrost, de Stéphane Beauverger : Cette nouvelle est assez border-line par rapport à la contrainte de l’anthologie. En effet, même si l’auteur se raccroche à la thématique à la fin, cela passe par un sacrifice, finalement assez violent. Mais le tout est très bien écrit, et le récit très intéressant. Une nouvelle réussite d’un auteur que j’avais particulièrement apprécié dans « Le déchronologue ».

Mission océane, de Xavier Bruce : Encore une nouvelle fort bien écrite. Une union un peu particulière entre deux êtres. Difficile d’en dire plus sans trop en dévoiler. Bien agréable, mais pas forcément super marquant.

Semaine utopique, de Thomas Day : Voici le récit de l’auteur francophone que l’on attendait le moins (et donc sans doute le plus !) dans une anthologie sans violence ! Et Thomas Day, même à travers ce qui peut s’apparenter à une pirouette un peu facile, nous pond ici un récit drôlissime. Il y a sans doute du vrai et du vécu (Monsieur Day ?) dans cet emploi du temps d’un écrivain sérieusement emmerdé par une contrainte qu’il n’a pas l’habitude de gérer. Et ce récit ultra-référencé m’a offert quelques belles découvertes (certaines avouables, d’autres moins… Lisez, vous comprendrez !) offertes par notre jolie société moderne…

Alors au final ? Difficile de critique le rapport qualité-prix ! Pour un coût de zéro, comment trouver quelque chose à redire ? Certes, les nouvelles proposées n’offrent pas de réel chef d’oeuvre. Leur format très court (15 pages en moyenne) ne joue sans doute pas en leur faveur : les récits sont souvent très concentrés, il n’ont pas la place de s’étendre pour réellement happer le lecteur, avec tout de même une belle mention pour la nouvelle de Lionel Davoust (d’ailleurs la plus longue du recueil). Ceci dit, lire toutes ces histoires sans y voir ni guerre ni conflit, ça fait un bien fou. Et une bien belle friandise gratuite, ça ne se refuse pas !

 

Lire les avis de Lhisbei, Vinze.

  
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