Le hobbit : un voyage inattendu, de Peter Jackson

La voilà enfin, cette adaptation tant attendue du fameux « Bilbo le hobbit » de J.R.R. Tolkien, paru en 1937. Et cette aventure n’a pas été de tout repos ! Entre difficultés financières du studio, changement de réalisateur, et dernièrement passage de deux à trois films, il a vraiment fallu toute la volonté de Peter Jackson pour la mener à son terme. Et voilà donc le premier morceau de cette nouvelle trilogie. Avant de passer à une critique un peu plus approfondie, je tiens à préciser qu’elle contiendra quelques petits spoilers. Rien de bien méchant, mais vous voilà avertis !

Après un prologue très réussi, faisant le lien de très belle manière avec le début de la trilogie du « Seigneur des Anneaux » (malgré un Elijah Wood en Frodo qui a vieilli depuis la première trilogie), nous faisons la connaissance du jeune Bilbo et de cette fameuse compagnie de treize nains, accompagnés de Gandalf. Introduction sympathique, insistant bien sur le caractère casanier de Bilbo en opposition avec cette joyeuse bande de nains, mais finalement un peu longuette. Mais c’est en fait le seul moment du film qui m’a paru trop long, car par la suite je ne me suis pas ennuyé une seule minute !

Quel plaisir de retrouver cette Terre du Milieu, lieu de mes premiers émois littéraires en fantasy ! La mise en images est une fois de plus absolument superbe (superbe Erebor, Fondcombe aussi bien sûr…), et même un cran au-dessus de celle du « Seigneur des Anneaux », grâce aux évolutions des effets spéciaux (malgré à deux reprises des effets curieusement ratés car trop visibles : Radagast tentant de semer les wargs sur son traîneau, et la chute des nains dans les cavernes des gobelins sur leur radeau de fortune entre les rochers). Tout cela malgré une 3D qui, comme souvent, ne sert pas à grand chose, le film méritant à mon avis plus d’être vu en 2D pour magnifier les paysages, les décors… L’histoire reste bien évidemment globalement fidèle au roman, même si Peter Jackson s’est permis quelques aménagements qui déplairont sans doute aux plus puristes des puristes (notamment concernant Azog et la lignée des Thror-Thrain-Thorin, ou bien le rôle de Radagast). On s’aperçoit que finalement tourner « Le hobbit » après « Le Seigneur des Anneaux » n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Car on a beau connaître la suite de l’histoire et donc le destin de certains personnages, on apprécie pleinement les multiples petits clins d’oeil (la sourde menace de Sauron, l’apparition de l’anneau, le comportement de Saroumane, etc…). Certains regards de Gandalf en disent très longs…

 

 

Bien sûr, les personnages emblématiques de l’univers de Tolkien sont de retour : Elrond, Galadriel et Saroumane en tête, pour des scènes qui n’étaient pas décrites dans le roman mais pour autant existantes en arrière-plan dans le récit, et extrêmement importantes pour l’intrigue (la réunion du Conseil Blanc, même si là encore la scène se révèle bien différente dans son déroulement et son contenu de celle imaginée par Tolkien). Alors évidemment, au chapitre des personnages, il faut bien constater que tous ne bénéficient pas d’un grand développement. Le film a beau flirter avec trois heures, ce n’est de toutes façons pas suffisant pour pleinement développer une quinzaine de protagonistes, à tel point qu’on a même bien du mal à reconnaître qui est qui parmi les nains. J’aurais quand même apprécié par exemple voir Glóin un peu plus mis en évidence, il est quand même le père du fameux Gimli du « Seigneur des Anneaux » ! J’ai été content de voir Radagast, un « collègue » magicien de Gandalf, plus proche de la nature que des humains, des elfes ou des nains, même s’il semble un peu trop sous acides (et les chiures d’oiseaux sur la tête, on aurait pu s’en passer…), c’est un personnage qui n’est qu’à peine nommé dans l’oeuvre de Tolkien et pourtant il m’a toujours fasciné. Quant à Gollum, il donne tout simplement les plus belles scènes du film, notamment le superbe jeu des énigmes, grâce à la performance d’Andy Serkis qui se cache derrière le personnage et le réalisme des effets spéciaux pour les expressions du visage.

Côté acteurs, il faut avouer que le casting est globalement réussi, avec en tête des meilleures performances Ian McKellen en Gandalf bien sûr, mais aussi Martin Freeman en Bilbo (même si je pense qu’il n’a pas encore donné le meilleur de lui-même), Andy Serkis en Gollum (la superbe des scènes dans lesquelles il apparaît lui incombe en grande partie), et un Richard Armitage vraiment très charismatique en Thorin. Et rendre un nain charismatique, ce n’était pas gagné d’avance ! 😀

Et enfin, parlons un peu réalisation. Après la trilogie du « Seigneur des Anneaux », la Terre du Milieu n’est plus une inconnue au cinéma. Et retrouver Peter Jackson à la réalisation de cette nouvelle trilogie permet d’assurer une continuité dans la style, la narration, etc… Et sans doute même un peu trop ! Car j’ai eu le sentiment qu’à certains moments, la réalisation du néo-zélandais était fainéante. Il y a de la redite d’une trilogie à l’autre : les plans aériens sur la géographie néo-zélandaise (certes superbes, mais faut-il en abuser ?), le pont dans les cavernes gobelines rappelant le pont de la Moria, Gandalf qui hausse la voix chez Bilbo, etc… Certaines transitions sont aussi un peu rapides : l’arrivée à Fondcombe en est l’exemple le plus flagrant, mais ce n’est pas le seul. De quoi alimenter les rumeurs d’une version longue. Mais qui en doute encore ? Le plus gros problème reste que finalement on trouve de l’humour, de l’action (peut être trop : à l’action succède l’action, pas le temps de souffler !), mais il manque une pointe d’émotion. On en prend certes plein les mirettes, mais pas de « séquence émotion », c’est un peu dommage. Le film reste d’ailleurs certes plus « léger » que « Le Seigneur des Anneaux », mais au ton bien moins enfantin que le récit d’origine aurait pu le faire penser. Plus d’épique, moins de poésie…

 

 

Donc voilà, « Le hobbit » n’est pas un film parfait. Mais il ne mérite ni certaines critiques assassines parues ici ou là, ni un émerveillement aveugle. Il reste en tout cas une superbe illustration des histoires imaginées par Tolkien et adaptées pour le grand écran par Peter Jackson. Et finalement, je ne lui en demandais pas plus. Mission accomplie donc, et vivement la suite !

 

  
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