Dragon de glace, de George R.R. Martin

Posted on 9 janvier 2013

C’est à l’occasion d’un concours organisé sur le blog de Xapur que j’ai pu mettre la main sur ce recueil de quatre nouvelles de George R.R. Martin, donc merci à lui (à Xapur, pas à Martin !^^). Comme j’ai toujours apprécié les nouvelles de l’auteur lues jusqu’ici, j’attendais beaucoup de ce recueil, composé de deux nouvelles fantasy, et deux nouvelles fantastiques.

 

Quatrième de couverture :

« D’un blanc cristallin, cc blanc dur et froid, presque bleu, le dragon de glace était couvert de givre ; quand il se déplaçait, sa peau se craquelait telle la croûte de. neige sous les bottes d’un marcheur et des paillettes de glace en tombaient. Il avait des yeux clairs, profonds, glacés. Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche.

S’il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait.

S’il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n’en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs. Le dragon de glace soufflait du froid. »

 

George R.R. King ou Stephen R.R. Martin ?

Toujours dans ce format si agréable, ActuSF a donc réussi a dénicher quelques nouvelles de l’écrivain de fantasy le plus vendeur du moment. Et même s’il n’y a qu’une seule nouvelle réellement inédite en français sur les quatre présentées ici, cette lecture fut un véritable plaisir de bout en bout !

On commence ce recueil avec la nouvelle éponyme, « Dragon de glace ». Une nouvelle de fantasy, dans laquelle une petite fille un peu marginale (ne pleure jamais, parle peu) semble développer un lien privilégié avec un dragon de glace qui revient tous les hivers. Mais la guerre fait rage, et ne semble pas tourner à l’avantage de la nation de la petite. Un drame va se nouer… Une très belle nouvelle, un brin onirique, poétique, avec de jolies scènes de rencontre entre la fille et le dragon. C’est émouvant, j’y ai même trouvé quelques petites ressemblances avec le fameux « Conte de Suzelle » (dans la relation épisodique mais forte entre Suzelle et l’elfe) paru dans le recueil « Janua Vera » de Jean-Philippe Jaworski, que j’avais adoré.

La deuxième nouvelle, « Dans les contrées perdues », bien que toujours fantasy, possède une ambiance beaucoup plus inquiétante. C’est une histoire classique du voeu exaucé mais pas de la meilleure des manières pour celui qui l’a prononcé. Bien mené, avec une ambiance inquiétante dans ces contrées perdues, elle reste malgré tout la plus faible du recueil (mais tout est relatif, hein, faible ici veut dire fort ailleurs…).

Viennent ensuite deux nouvelles à ranger dans le genre fantastique. Et là, G.R.R. Martin a été touché par la grâce. Dans « L’homme en forme de poire » (prix Bram Stoker 1988), une jeune fille ayant récemment emménagé avec une de ses amies dans un nouvel appartement commence à se poser des questions sur le voisin habitant l’appartement du sous-sol. Puis ce questionnement, exacerbé par le comportement étrange de ce voisin, va virer à l’obsession. À tort ou à raison ? L’auteur fait superbement monter la pression dans ce récit angoissant. D’autres l’ont souligné avant moi, mais il y a du Stephen King dans cette nouvelle, l’auteur faisant monter un sentiment d’angoisse à partir de petits riens, de petites choses qui, mises bout à bout, finissent par rendre fou, sans que l’on sache vraiment où s’arrête la réalité et où commence le fantasme. Jusqu’à cette superbe chute. Du grand art !

La dernière nouvelle, « Portrait de famille », seule inédite en français du recueil (mais gagnante du prix Nebula 1985), est du même tonneau. Mêlant là encore réalité et fantasme, Martin nous conte l’histoire d’un écrivain, qui n’a eu de cesse tout au long de sa vie de ne penser qu’à lui même et à son travail d’écriture, au point de faire passer passer sa famille au second plan. Superbe nouvelle sur le thème de l’écrivain confronté à ses démons, ses défauts, ses obsessions, ses erreurs, ses névroses, via des confrontations avec ses personnages de romans, Martin nous offre ici une superbe variation dramatique et fantastique sur le thème du drame familial. Là encore, le spectre de Stephen King rôde, et c’est là encore une réussite sur toute la ligne. Un récit poignant, dramatique, angoissant, émouvant, dur aussi, mais surtout magistral.

En conclusion, George R.R. Martin est un grand écrivain (mais qui en doutait encore ?), sans doute l’un des écrivains contemporains majeurs de la littérature de genre, et cela va bien au delà du seul « Trône de fer ». Lisez George R.R. Martin, quel que soit le genre (car ce monsieur touche à tout avec talent), vous ne le regretterez pas !

 

Lire aussi chez Xapur, BadTachyon, Gromovar, Endea, Viinz, If is dead, Biblioterrier, Vinze, Nick.

Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune.

  
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