L’écume des jours, de Boris Vian

Posted on 1 juillet 2013

On ne présente plus « L’écume des jours », le chef d’oeuvre (ou un des chefs d’oeuvre) de Boris Vian. L’arrivée de son adaptation cinématographique a bien sûr fait revenir ce roman sur le devant de la scène à travers de nouvelles éditions au Livre de Poche. Et ça tombe bien, puisque je ne l’avais jamais lu. J’ai donc lu le roman avant d’aller voir le film. Depuis, j’ai déjà fait paraître mon avis plus que négatif sur le film (je ne fais rien dans l’ordre, j’en conviens…). Mais qu’en est-il du roman ?

 

Quatrième de couverture :

Colin est jeune, riche et généreux. Il danse le biglemoi sur des airs de jazz et se passionne pour Jean-Sol Partre avec son ami Chick. Un jour, Colin tombe amoureux de Chloé et l’épouse. Mais Chloé attrape une mystérieuse maladie : un nénuphar se développe dans sa poitrine… Tour à tour féerique et grinçant, drôle et déchirant, un chef-d’oeuvre d’une insolente modernité.

 

Amour, jazz et absurde

ecume des jours - VianTout le roman est résumé à travers ces trois mots.

Amour : le roman est avant tout une histoire d’amour. Ou plusieurs histoires d’amour. La première, la plus importante, entre Colin (un jeune nanti suffisamment riche pour ne pas avoir besoin de travailler) et Chloé, deux êtres faits pour se rencontrer et faits pour s’aimer. Une histoire qui va virer au tragique lorsque la jeune femme va tomber malade. La deuxième histoire d’amour, entre Chick et Alise, elle aussi part sous de bons auspices. Mais là encore, le tragique s’installe lorsque Chick devient complètement obnubilé par tout ce qui rapporte à Jean-Sol Partre et dilapide tout l’argent que lui a prêté Colin, celui-ci n’arrivant plus à joindre les deux bouts et devant se mettre à travailler pour payer les soins de Chloé.

Jazz : Boris Vian était un grand amateur de jazz, et ça se sent tout au long du roman. Multiples références plus ou moins explicites, allant de Chloé, nom d’un morceau de Duke Ellington, à de nombreuses allusions claires ou moins claires à différents morceaux ou musiciens (n’étant pas un grand connaisseur de jazz, je remercie les nombreuses notes de bas de pages explicitant tout ça au lecteur non averti), tout le récit baigne dans une atmosphère jazzy.

Absurde : alors là, c’est la déferlante ! Tout est complètement loufoque, absurde. Néologismes à tout va, situations abracadabrantesques, objets divers et variés complètements fous (le fameux pianocktail par exemple), alors que tout cela parait totalement normal pour les protagonistes, on se demande ce qui a pu passer par la tête de Boris Vian ! C’est en tout cas un bel hommage à l’imaginaire que rend l’auteur, notamment lorsqu’il indique en préambule du roman :

(…) l’histoire est forcément vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre.

Un imaginaire débridé, échevelé par un auteur amateur de littérature de l’imaginaire (comment pouvait-il en être autrement lorsqu’on écrit un roman comme celui-ci ?), traducteur de Van Vogt dans les années 50, faisant de « L’écume des jours » un roman ouvertement surréaliste.

Mais le roman n’est pas dénué de réflexions, bien au contraire. Réflexions sur l’amour bien sûr, la maladie, la mort, le fanatisme, l’abrutissement par le travail, parmi bien d’autres. Je n’en dirai pas plus sur un roman qui est largement passé à la postérité, à tel point qu’il est régulièrement étudié à l’école, preuve que parfois l’imaginaire y a sa place (mais je n’ai pas eu cette chance)…

Au final, « L’écume des jours » est un roman vif (les dialogues sont particulièrement délicieux), drôle, ahurissant, surprenant, touchant, et même poignant sous ses allures de récit où l’absurde est roi, intense, poétique, triste. Oui, tout ça à la fois. Dommage que la mise en image ne soit pas du même niveau…

 

Lire aussi les chroniques de Julien, Cachou, Nomic.

Chronique écrite dans le cadre du challenge « My summer of (SFFF) love » de Vert.

My summer of SFFF love

  
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