Magie brute, chroniques du Grimnoir tome 1, de Larry Correia

Posted on 10 juillet 2013

Depuis quelque temps, j’avais envie de me pencher sur ce roman à propos duquel les avis sont pour la plupart plutôt enthousiastes. Mélange de pulp, de roman noir, de science-fiction, de super-héros, de dirigeables, de ninjas, de magie, etc… Un cocktail détonnant ! Oui, mais au fond, c’est bien ou pas ?

 

Quatrième de couverture :

États-Unis, début des années 1930. Les dirigeables sillonnent le ciel, Berlin est peuplée de zombies et la magie, apparue depuis près d’un siècle, a changé la donne. Le grand public hésite entre admiration et haine des « actifs », ces gens qui se téléportent, lisent dans les esprits, modifient la gravité, contrôlent les animaux, guérissent par imposition des mains…

Deux organisations de magiques se livrent une guerre souterraine acharnée : l’Imperium et son maître le « président », qui tiennent le Japon, et le Grimnoir, société secrète de résistants aux intentions louables mais aux méthodes discutables.

Jake Sullivan, lui, vétéran de la Grande Guerre au passé de truand, ne doit la liberté qu’à son serment de mettre ses pouvoirs au service du FBI chaque fois qu’une enquête implique des « actifs » criminels. Il sera bientôt confronté aux véritables enjeux géopolitiques d’un monde au bord de l’enfer et de la destruction ; il lui faudra choisir son camp.

 

Les X-Men à l’époque d’Al Capone

Magie-brute-Correia

Allons droit au but, comme la fait le roman : oui c’est bien, c’est même très bien ! Le cocktail détonnant cité plus haut, qui aurait pu facilement virer à l’indigestion fonctionne étonnamment bien, grâce à un récit dynamique, sans temps mort, où l’action y a toute sa place mais dans lequel l’auteur n’oublie pas de développer ses personnages. Bien sûr, on n’est pas du tout dans un roman introspectif à se poser mille questions sur soi et sur la vie, mais il faut bien dire que les personnages ont leur histoire, leurs failles, etc…, ce qui est bien agréable.

Dans le détail, l’action prend place dans durant des années 30 alternatives, dans un monde dans lequel la magie est apparue quelques décennies plus tôt. Entre les « normaux » et les « actifs », la cohabitation ne se fait pas sans heurts (syndrome X-Men…), même si au final la société dans l’ensemble se satisfait de trouver des « Brutes » pour faire le boulot de manutention, des « Météos » pour plus ou moins influer sur le temps qu’il fait ou bien sur des « Engrenages » pour pondre tout type d’inventions géniales. Et c’est par ces derniers que viendra la plus grande menace pour le genre humain, car l’invention d’un célèbre « Engrenage » nommé Nikola Tesla a certes apporté la paix dans le monde à la fin de la guerre 14-18, mais est maintenant devenue une menace à travers la lutte que se livrent deux organisations secrètes : l’Impérium qui veut faire franchir une nouvelle étape à l’espèce humaine en favorisant l’hégémonie des « actifs » (façon Magnéto dans X-Men), et le Grimnoir qui tente de le contrer (façon professeur Xavier, toujours dans X-Men). Cette invention, le « rayon de paix », a d’ailleurs réellement été dans l’esprit de Tesla, le roman étant quant à lui truffé de références historiques notamment à travers quelques personnages importants ayant réellement existé, tel le général John Pershing ou bien encore l’inventeur de nombreuses armes à feu John Moses Browning. De même, chaque début de chapitre nous offre une déclaration d’un personnage public (Einstein, Freud, EisenhowerHitler…), qui permet de mieux cerner l’influence de la magie sur la transformation du monde, ces personnages ayant parfois du même coup eu une destinée toute autre que celle qu’on leur connait… Cet ancrage semi-historique et surtout totalement uchronique permet à l’auteur d’asseoir son roman sur une base solide, pour mieux la triturer ensuite.

Comme je le disais, le roman fait la part belle à l’action, ça cogne, ça bastonne dans tous les sens, les scènes d’action font dans le grand spectacle (attaque d’un manoir à l’aide de zombies, prise d’assaut de dirigeables…), aidées par les pouvoirs des personnages (inversion de gravité, téléportation, persuasion, guérison, télépathie, télékinésie, et j’en passe !), mais le roman n’oublie pas d’offrir une intrigue intéressante et des personnages attachants. Ça se lit vite, difficile de s’arrêter une fois le récit entamé, on est ici dans un vrai « page-turner » qui ne se prend pas la tête : on veut du spectacle et on va être servi !

Je ne ferai pas le compte ici des nombreuses influences reprises et détournées par l’auteur, Larry Correia, elles sont trop nombreuses pour être mentionnées. Vous aurez quand même noté que je parle à plusieurs reprises d’X-Men, et je peux également ajouter Brandon Sanderson et sa trilogie « Fils des brumes » (dont le premier tome a été écrit 5 ans avant « Magie brute »). Les pouvoirs des « actifs » font en effet fortement penser à ceux des allomanciens. C’est même parfois tellement frappant que ça en devient gênant… jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que « Magie brute » à l’avantage d’être débarrassé de tout cet aspect guimauve et moralisateur de Sanderson (ne vous méprenez pas, j’ai beaucoup aimé sa trilogie malgré tout, la preuve , et ). « Magie brute », c’est un peu un « Fils des brumes » décomplexé, et ça fait beaucoup de bien.

Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé me plonger dans cette aventure un peu folle, ce melting-pot de plein de choses, ce roman un peu foutraque mais tellement attachant, grisant et enthousiasmant. Sans doute à déconseiller tout de même à ceux qui cherchent avant tout des récits posés et privilégiant avant tout la réflexion (même si ce roman n’en est pas dénué sous ses aspect échevelés), mais pour une lecture estivale, reprenant fièrement le flambeau de la littérature « pulp », difficile de faire la fine bouche ! C’est le premier volet d’une saga en comptant pour le moment trois en V.O., mais ça peut tout à fait se lire comme un one-shot (il y a une vraie conclusion, avec tout de même des perspectives intéressantes pour la suite). Aucune raison d’hésiter donc !

 

Lire aussi les avis de Lune, Lhisbei, Psychovision, FeliX, Temps de livres, une étude en livre.

  
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