L’automate de Nuremberg, de Thomas Day

Posted on 15 octobre 2013

Après la recueil « 7 secondes pour devenir un aigle », nouvelle incursion dans l’imaginaire de Thomas Day avec ce court roman/longue nouvelle qui m’intéressait depuis un moment. A un si petit prix (on est dans la collection Folio 2€), il n’est pas bien difficile de se laisser tenter…

 

Quatrième de couverture :

« Ai-je une âme, Père ? »

Telle est la question que Melchior Hauser, le célèbre automate joueur d’échecs, veut poser à son créateur, Viktor Hauser. De la cour de Russie au quartier juif de Nuremberg, des brumes londoniennes aux chaleurs de l’Afrique, il part à la recherche de ses origines, mais sa quête pourrait bien lui réserver des surprises…

Sur fond de campagnes napoléoniennes, un voyage initiatique à la croisée des genres pour entrer dans l’univers de Thomas Day.

 

Steampunk et intelligence artificielle

Automate de Nuremberg - DayLe récit débute sur une base uchronique : Napoléon, après le fameux passage de la Bérézina, a finalement réussi à faire plier la Russie. Le Tsar Alexandre 1er, sachant qu’il n’y a pour lui aucune issue, décide de rendre sa liberté à son automate joueur d’échecs, qui souhaite poser à son créateur une question existentielle : « Ai-je une âme, Père ? ».

S’en suit un long voyage pour tenter de retrouver cet homme, sorte de scientifique qui, en plus de la création de l’automate Melchior Hauser, est parvenu à ramener à la vie un enfant mort de froid, Kaspar Hauser (l’auteur reprend ici l’histoire de l’orphelin de l’Europe), et a créer un « esprit », Balthazar Hauser. On le voit, Thomas Day n’a pas choisi les noms des protagonistes au hasard, jusqu’au créateur des trois frères, Viktor Hauser, hommage quasi-transparent à l’apprenti-sorcier Victor Frankenstein.

La narration oscille entre les voyages de Melchior, ce curieux automate fait de bois et d’engrenages fortement limité physiquement (il ne possède qu’un seul sens, la vue, et encore seulement en niveaux de gris, ne peux pas courir, son mécanisme doit être remonté régulièrement, etc…) mais très intelligent, et dont la quête de son humanité résonne tout particulièrement pour les amateurs de science-fiction (cette quête ayant souvent été le sujet de romans futuristes à base d’intelligence artificielle, la voir replacer ici dans un contexte steampunk lui donne un joli coup de fraîcheur), et les aspirations de Balthazar, esprit se voyant comme l’envoyé de Dieu, à tendance extrémiste.

Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue plus qu’il ne le faut, j’ai d’ailleurs déjà le sentiment d’en avoir trop dit. En a peine plus de 100 pages, l’auteur parvient à nous captiver avec une histoire à la fois simple et profonde, sensible et drôle, émouvante et vivifiante. Contentez-vous donc de savoir que cet « Automate de Nuremberg » est une bien belle histoire traitant de thèmes typiquement SF, tout en les transposant dans un univers d’inspiration steampunk, et dont la fluidité du récit le rend accessible à tous. Bonne pioche, et puis pour 2€…

Lire aussi les avis de Lhisbei, Guillaume, Julien, Wictoria, Karine, Calepin.

 

Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune.

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail