Gravity, de Alfonso Cuarón

Posted on 25 octobre 2013

C’est peu de dire que « Gravity » était attendu. Le réalisateur, Alfonso Cuarón, déjà aux commandes du remarquable « Les fils de l’homme » et de ce qui ressemble bien au meilleur film de la saga Harry Potter (« Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban »), jouit d’une excellente réputation, et les premiers retours sur ce nouveau film, qu’ils se basent sur un aspect technique ou bien tout simplement provenant de personnes éclairées sont pour le moins enthousiastes. Et pour parachever le tout, le film obtient la note de 97% sur Rotten Tomatoes. Bref, « expectations are high » comme ils disent.

Gravity afficheEt c’est peu de dire également que « Gravity » se montre à la hauteur de toutes les espérances ! Dès l’ouverture, le choc est là : la Terre, immense, superbe, et pourtant noyée dans cet espace ténébreux, et le silence, total. Puis peu à peu, des voix se font entendre, à mesure qu’un petit point blanc se révèle être la navette Explorer, arrimée au télescope Hubble. S’en suit un long plan-séquence de 17 minutes qui avait fait parler de lui depuis longtemps, mais qui confirme la maestria de la mise en scène de Cuarón. Puis les ennuis arrivent pour l’équipage d’Explorer et c’est le début d’un film qu’il serait bien trop réducteur de traiter de film catastrophe.

Car bien sûr, l’histoire, assez simple au demeurant, à des airs de film catastrophe. Mais ça va au-delà, grâce notamment à Sandra Bullock qui porte le film sur ses frêles épaules, et qui prouve qu’elle est bien la grande actrice qu’Hollywood a su discerner en elle en lui attribuant un Oscar pour « The Blind Side » en 2010. On vit avec elle, on survit à travers elle, aidés en cela une nouvelle fois par la réalisation d’Alfonso Cuarón qui nous installe dans le casque de la scientifique Ryan Stone. Tout passe par elle, et la réussite est totale. La scientifique a connu des drames dans sa vie, mais elle va devoir repousser ses limites pour surmonter l’épreuve qui s’impose à elle.

 

Gravity 9

 

En cela, « Gravity » est un film sur la résilience, sur la capacité de l’être humain à encaisser pour mieux rebondir, sur l’abandon et le repli sur soi, la volonté de survivre, sur la naissance et la renaissance (à travers notamment un plan foetal que certains trouveront sans doute un peu trop appuyé mais que je trouve personnellement absolument sublime).

Sur un ton réaliste (volonté affichée dès le début du film à travers deux phrases insistant sur la non-propagation du son et les températures extrêmes dans l’espace), ligne directrice de laquelle Cuarón ne déviera pas tout au long du film (d’ailleurs adoubé par Jean-François Clervoy, astronaute français), c’est une expérience filmique et sensorielle à laquelle le réalisateur nous convie. Dosant parfaitement scènes d’action à la tension permanente (jamais l’espace n’a paru aussi hostile et l’homme qui s’y aventure aussi fragile) et scène plus contemplatives (à la beauté renversante : clair de terre, aurores boréales, etc…), « Gravity » captive le spectateur par l’entremise de l’énorme travail visuel et sonore (ce dernier aspect étant trop souvent laissé de côté de nos jours, comme je suis heureux de ne ressentir les impacts et autres explosions qu’à travers des vibrations feutrées !) effectuée par l’équipe du film, d’autant plus que la 3D se révèle enfin ici un ajout pertinent. La photographie n’est pas en reste, et la musique de Steven Price, loin du barouf symphonique habituel, joue plutôt sur les ambiances (elle a d’ailleurs un rôle prépondérant sur la tension du film), accompagne bien le long-métrage et sait se faire discrète, tout en haussant le ton quand il le faut.

 

Gravity 8

 

Cela va sans dire, il faut voir ce film sur grand écran. Le plus grand possible, pour mieux se perdre dans l’immensité spatiale. Heureux les spectateurs qui pourront le voir sur écran IMAX…

Alors donc oui, je crois qu’on peut appeler ça un coup de coeur. Un gros même. Je n’ai sans doute pas assez de recul pour le moment, mais ça me semble bien être, et de très loin, le meilleur film de l’année. Mêlant perfection formelle, narration maîtrisée et thématiques discrètes mais riches, le tout dans un format resserré d’1h30 (la durée d’une révolution de la Station Spatiale Internationale autour de la Terre !), Alfonso Cuarón vient, après « Les fils de l’homme », de marquer une nouvelle étape majeure dans sa filmographie, et peut-être même dans le cinéma. Et de prouver par la même occasion qu’il plane tout seul, loin, très loin au dessus des autres, au firmament des réalisateurs.

 

Gravity 5

 

  
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