Le hobbit : la désolation de Smaug, de Peter Jackson

La grosse sortie de cette fin d’année au cinéma, c’est bien sûr la suite de la nouvelle trilogie située en Terre du Milieu, la suite de l’adaptation du « Hobbit » de J.R.R. Tolkien, suite qui s’intitule « Le hobbit : la désolation de Smaug ». Après un premier épisode qui avait selon moi atteint son objectif malgré Le Hobbit - La Désolation de Smaug affichecertains défauts parfois agaçants, le nouveau venu a la lourde tâche de confirmer une bonne impression et surtout d’effacer les derniers doutes qui pouvaient subsister quant à la qualité de l’adaptation de Peter Jackson. Il me faut avouer en préambule que je suis aller voir ce film sans l’impatience qui m’habitait à l’époque des sorties cinéma du « Seigneur des anneaux ». Suis-je devenu blasé ? Sans doute pas, mais la mise en image de la Terre du Milieu n’a plus l’effet de surprise et l’émerveillement s’est peut-être un peu estompé.

 

THE HOBBIT: THE DESOLATION OF SMAUG

 

Pour autant, la technologie n’a cessé d’évoluer depuis la sortie de « La communauté de l’Anneau » en 2000 (13 ans dé jà !), et force est de constater que si la surprise n’est plus là, il est difficile de ne pas être époustouflé par la maîtrise technique et artistique acquise par Peter Jackson et son équipe. Que ce soit pour les décors (le hall de Thranduil, Erebor, Esgaroth, la Forêt Noire) ou bien pour les scènes d’action, comme lors d’une attaque d’araignées qui fera frissonner le moins atteint des arachnophobes, ou bien la fuite de la compagnie des nains en tonneaux au fil d’une rivière agitée (malgré d’étranges incrustations de caméra embarquée en basse définition…), alors qu’elfes et orcs se battent sur la rive, on reste coi. Peter Jackson oblige (on en a maintenant l’habitude), on frôle parfois un peu le too-much dans la surenchère d’action et de morceaux de bravoure, mais globalement on garde le sourire aux lèvres… jusqu’à l’overdose… Car parfois les scènes d’action s’étirent vraiment trop en longueur, notamment dans la dernière partie du film dans l’antre de Smaug, même si le réalisateur néo-zélandais a eu la bonne idée d’alterner avec d’autres scènes, notamment de Gandalf allant à la découverte d’un mal ancien qu’il ne connait que trop bien… C’est un peu ce qui semble être le grand mal de cette nouvelle trilogie-qui-n’était-pas-censée-en-être-une-au-départ, le déluge d’action à outrance pour rallonger la sauce, alors que parallèlement à ça nombre de transitions, d’allusions ou tout simplement de scènes entières tombent comme un cheveu sur la soupe et sont expédiées vraiment trop rapidement (Beorn, une péripétie vraiment bâclée)…

 

Le Hobbit - La Désolation de Smaug 04

 

Mais ce n’est pas le seul problème. On ne le dira jamais assez : une adaptation ne peut se faire au mot près. Et quand Peter Jackson a pris l’initiative de faire du « Hobbit » une vraie préquelle au « Seigneur des anneaux », décision tout à fait louable à mes yeux (rappelons que les deux romans de Tolkien n’ont pas DU TOUT le même ton, « Le hobbit » étant très enfantin), il a clairement dû faire des concessions par rapport au récit du professeur d’Oxford. Et je n’ai rien contre, bien au contraire, quand bien même on pourra pester dans le premier film contre des décisions radicales comme l’apparition d’Azog, censé être mort depuis bien longtemps, ou bien des ajustements de la chronologie…

 

Le Hobbit - La Désolation de Smaug 19

 

Et c’est aussi le cas ici : pour être raccord avec sa trilogie du « Seigneur des anneaux », on multiplie les clins d’oeil, à commencer par la scène d’ouverture, située à Bree et partageant nombre de similitudes avec la même scène de la trilogie initiale : même caméo de Peter Jackson lui-même, même atmosphère (une nouvelle fois sous la pluie), même auberge, mêmes clients douteux desquels il faut a priori se méfier, etc… De même, on notera par exemple une allusion à Gimli. Mais la référence et lien le plus marquant reste le personnage de Legolas dont on savait depuis longtemps qu’il reviendrait ici (alors qu’il est absent du roman). Et pour être honnête, son retour est plutôt réussi, malgré la grosse dose de maquillage tentant de faire oublier que l’acteur à pris une bonne dizaine d’années depuis les trois premiers films. Son traitement est d’ailleurs particulièrement intéressant et savoureux, de même que celui des elfes en général, ceux-ci étant tout particulièrement arrogants et désagréables, ne pensant qu’à eux-mêmes au détriment du reste du monde, à l’image de leur seigneur Thranduil-aux-étonnants-sourcils.

 

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Tout cela est ma foi plutôt agréable et bien mené. Là où le bât blesse, c’est quand on trahit ouvertement l’univers de Tolkien. ATTENTION SPOILERS ! Car oui pour moi, l’histoire d’amour entre Tauriel et Kili n’a rien à faire là, et même si Tauriel en elle-même n’est pas un ajout inintéressant, cette love-story reste de trop (même si elle n’est pas innocente puisqu’elle justifie le comportement du personnage et oriente une partie du scénario). On pourrait arguer qu’elle fait écho à l’admiration sans borne vouée par Gimli à Galadriel, mais le sentiment n’est pas du tout le même, et je n’arrive pas imaginer une elfe sylvestre (une race d’elfe particulièrement secrète et indépendante) tomber amoureuse d’un nain dans les romans de Tolkien… FIN DES SPOILERS !

 

THE HOBBIT: THE DESOLATION OF SMAUG

 

Alors oui je râle, je râle, mais si on laisse tomber son côté puriste (pour ceux qui comme moi y arrivent !^^), on ne peut qu’applaudir cette mise en images de cette Terre du Milieu de Peter Jackson, car il ne faut pas perdre de vue que c’est de cela qu’il s’agit : le vision d’un homme qui a décidé de former un tout cohérent, se détachant plus que jamais des écrits du romancier. De ce côté là, c’est clairement réussi. De la même manière que pour « Les deux tours » par rapport à « La communauté de l’anneau », ce nouveau volet abandonne l’humour pour un récit plus sombre. On sent que le mal monte de toute part, même le plus insidieux. L’Anneau bien sûr (très belle scène des araignées encore une fois, avec un Bilbo possédé), mais aussi la richesse corrompent (belle performance et gros charisme de Richard Armitage en Thorin qui semble sombrer…). Et le réalisateur en profite pour développer l’intrigue avec Gandalf qui s’en va découvrir ce qui se trame à Dol Guldur. Une scène intéressante, avec là encore de nombreux raccords avec la trilogie (comme les tombes des Nazguls, un ajout bien vu mais totalement inventé par les scénaristes).

 

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Et bien évidemment on en arrive à LA scène, qui fait écho à la superbe rencontre entre Gollum et Bilbo dans le premier film : la confrontation avec Smaug. Le dragon possède une réelle présence à l’écran, intelligent, malin, et… énorme et impressionnant ! Cette longue scène de dialogues est vraiment réussie, la scène d’action qui suit tombant malheureusement à nouveau dans la surenchère et fait un peu bailler à cause de sa longueur… Mais une chose est sûre : l’apparition de Smaug ne déçoit pas, et son surnom de Smaug le Doré sera d’ailleurs bien mis en évidence !

 

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Au final, malgré ces bémols, le film parvient sans trop de peine à faire vivre un long voyage mouvementé au spectateur, en l’immergeant à nouveau dans un monde qu’il commence à bien connaître (mais attention à ce que la production du film ne s’endorme pas : j’ai par exemple trouvé la partition d’Howard Shore vraiment fade…) avec ses peuples et ses personnages attachants. Ce fut mon cas je l’avoue, même si ces scènes d’action à répétition ont tendance à me faire friser l’indigestion. Ce n’est sans doute pas dans le troisième et dernier opus que cela va changer… Aaaah, comme l’absence de la poésie de Tolkien se fait cruellement sentir… Pour autant, nul doute que je replongerai à nouveau !

 

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