Les chaînes de l’avenir, de Philip K. Dick

Posted on 4 mars 2014

Après une grosse période de lectures fantasy (période pas tout à fait terminée), j’avais envie de me replonger en douceur dans la SF, et tant qu’à faire, avec un grand auteur de l’époque où on savait faire de très bons romans en moins de 300 pages. Me voici donc replongé dans la prose de Philip K. Dick, qui avait su me convaincre avec l’incontournable « Blade runner », mais beaucoup moins avec « Le maître du Haut-Château » (roman qui mériterait incontestablement une relecture maintenant que je cerne un peu mieux l’auteur). Après « Loterie solaire », son premier roman, je continue dans l’ordre chronologique d’écriture de ses romans, et place donc aux « Chaînes de l’avenir ».

 

Quatrième de couverture (tirée de l’édition J’ai Lu) :

Jones prévoyait l’avenir. Non pas à la façon vague d’un diseur de bonne aventure, mais de manière précise, dans tous ses détails. Il se souvenait de l’avenir. L’ennui, c’était que son don était limité à une année. Et le drame, c’était qu’il ne pouvait rien changer à ce futur certain.

Il savait ce qui allait lui arriver. Et ce qui allait arriver à toute l’humanité en un temps où d’étranges créatures, les dériveurs tombaient de l’espace interstellaire sur toutes les planètes du système solaire, y compris la Terre.

De quoi devenir un Prophète, un Messie, bouleverser l’ordre déjà ébranlé d’une Terre mal en point et la charger des chaînes de l’avenir. Pour l’Eternité ?

 

Fight the future

Romans, 1953-1959 - Dick

Ce deuxième roman de Philip K. Dick reprend à vrai dire un peu le même schéma que son précédent : l’auteur fait tenir la société sur un socle un peu particulier (ici elle se base sur le Relativisme, dogme à travers lequel toute idée en vaut une autre, le seul crime étant de vouloir l’imposer à autrui, que ce soit par les paroles ou par les actes, mais quelle sanction : le camp de travail à perpétuité !), et développe plusieurs intrigues qui semblent au prime abord n’avoir que peu de choses en commun.

Il y ajoute des préoccupations bien de son temps (guerre nucléaire, le roman datant des années 50) et une toute petite dose des futures obsessions dickiennes pour obtenir un roman qui n’a pas la prétention d’être un chef d’œuvre mais qui se lit remarquablement bien.

Dick se plait à nous montrer comment une société a priori plutôt ouverte peut se révéler être finalement très totalitaire mais surtout que parfois le remède est pire que le mal. Ce soi-disant remède, en la personne de Jones, doté de la faculté de voir l’avenir sur un an, n’est peut-être pas le sauveur escompté… Utilisera-t-il sa faculté exceptionnelle pour voir le futur et orienter la société vers un avenir meilleur, ou bien va-t-il se servir de ce qui ressemble furieusement à un culte de la personnalité (avec des mouvements tels que les Jeunesses Jonesiennes, référence très transparente) pour passer à la postérité ? Jones est un personnage très intéressant dans ce roman, alors qu’il apparaît finalement assez peu. A la fois vu comme un sauveur par certains, un ennemi par d’autres, alors que lui vit son don de manière parfois très dure (le chapitre sur sa jeunesse est d’ailleurs superbe et tout à fait éloquent).

Avec ce jeu de manipulateurs manipulés, couplé à l’apparition d’étranges organismes extraterrestres (thème ô combien peu original mais ces organismes sont bien différents de ce à quoi on est habitué en SF), et le développement secret par le gouvernement de mutants dans un but bien précis, Dick parvient à éviter l’écueil de son roman précédent en rejoignant ses intrigues sans en laisser une de côté. La fin est à ce titre particulièrement réussie. Un Dick qui n’est pas un de ses romans les plus célèbres, mais qui reste de bien belle facture !

Lire aussi l’avis de Cachou.

 

  
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