L’opéra de Shaya, de Sylvie Lainé

Posted on 9 mai 2014
« L’opéra de Shaya » est un recueil de quatre nouvelles de Sylvie Lainé, gagné lors d’un concours sur le blog de Tigger Lilly. Aussitôt reçu, aussitôt lu ! J’avais besoin d’une lecture courte pour me remettre en selle après un passage un peu difficile. Bonne pioche, car si j’avoue volontiers ne pas bien connaître l’auteure, et que sans le concours je serais sans doute passé à côté, je regarde désormais Sylvie Lainé d’un autre oeil.

 

Quatrième de couverture :

So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?

L’Opéra de Shaya est un space opera envoûtant et magique, accompagné de trois autres nouvelles tout aussi fortes et sensibles. Sylvie Lainé est sans aucun doute l’une des plus belles plumes de l’imaginaire en France. Récompensée à maintes reprises, traduite en plusieurs langues, elle tisse depuis trente ans des histoires qui ne cessent de nous interroger sur notre humanité et notre rapport à l’autre.

 

Shaya, planète de rêve ?

L'opéra de Shaya - LainéQuatre nouvelles donc, dont la première et la plus longue est celle qui donne son titre au recueil. J’y reviendrai en fin d’article (c’est d’ailleurs celle que j’ai lue en dernier). Disposant de peu de temps de lecture, j’ai attaqué par la nouvelle « Un amour de sable ». Et ça commence bien, très bien même avec ce récit qui en effet parle d’amour, mais d’un amour qu’une partie des protagonistes ne ressent pas, faute de communication établie entre espèces radicalement différentes. Un amour qui peut vite mal tourner, de manière tout à fait inattendue et non préméditée. Une belle entrée en matière que cette nouvelle qui conclut le recueil (ça va, vous suivez ?), sorte de nouvelle à chute très efficace, et finalement un brin cruelle.

J’ai ensuite relu la nouvelle qui précède, « Petits arrangements intra-galactiques », toujours sympathique. Je dis relu puisque je l’avais déjà lue dans l’anthologie « Contrepoint ». Rien de plus à ajouter que ce que j’ai dit à l’époque.

Place ensuite à « Grenade au bord du ciel » et ces astronautes qui tentent d’explorer un mystérieux satellite artificiel en orbite autour d’une planète à la civilisation primitive. Comment est-il arrivé là ? Quel est son but ? Les réactions surprenantes des explorateurs lors de leurs opérations sur l’objet les amènent à mener l’enquête sur la planète pour découvrir le fin mot de l’histoire. C’est bien mené, surprenant, jusqu’à une fin pleine d’espoir envers l’humanité.

De bons récits donc, intelligents et sensibles (même si parfois anecdotiques aussi, en tout cas en ce qui concerne « Petits arrangements intra-galactiques », même si cette dernière s’avère plutôt drôle). Mais ce n’est rien comparé à la beauté et la profondeur de « L’opéra de Shaya ». L’histoire de cette jeune femme qui n’arrive pas à s’insérer dans des sociétés tantôt trop strictes, tantôt trop destructrices est vraiment superbe, je ne serais pas étonné de la voir couverte de prix. Lorsqu’elle entend parler de Shaya, cette planète ou tous les êtres vivants sont en totale empathie, elle n’a qu’une hâte : s’y installer. En dire plus serait sans doute criminel, tant l’intérêt de ce texte est de découvrir la planète en même temps que So-Ann, et de découvrir la finesse de la plume de Sylvie Lainé qui nous emmène sur ce monde étrange et nous fait ressentir toutes sortes d’émotions. Sachez seulement que l’auteure mène son récit de main de maître et parvient à transformer l’atmosphère très délicatement, passant de l’émerveillement à… autre chose ! Lisez, c’est vraiment magnifique.

Et enfin, le recueil se termine par une petite interview de l’auteure par son ami Jean-Marc Ligny, intéressant mais certainement trop court. Trop court à l’image du recueil sans doute, qui offre un goût de trop peu. La qualité est là, c’est l’essentiel (lisez « L’opéra de Shaya » !), mais avec une telle qualité, on a vraiment envie d’avoir un peu plus que 150 pages de nouvelles.

 

Chronique écrite dans le cadre du challenge « SFFF au féminin » de Tigger Lilly.

SFFF_au_feminin

 

  
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