Edge of Tomorrow, de Doug Liman

Posted on 30 juin 2014

Tom Cruise et la SF, c’est une longue histoire d’amour, qui durera tant que ça rapporte de l’argent sans doute… Toujours est-il que son dernier film du genre, « Oblivion », m’avait plutôt agréablement surpris. Mais avec l’ami Tom, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, même s’il a le bon goût en tant qu’acteur de ne pas miser sur des suites interminables (hormis avec les « Mission Impossible », films dans lesquels il fait partie de l’équipe de production). Alors je suis allé voir ce « Edge of tomorrow » avec circonspection, mais rassuré par les premières critiques, globalement positives.

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Et en effet, on peut dire que ce film, basé sur un roman japonais de Hiroshi Sakurazaka intitulé « All you need is kill » (ou comment traduite un titre anglais pas un autre titre anglais…), est une réussite dans son genre ! C’est un blockbuster bien réalisé, sans temps mort, et qui surtout n’est pas victime du syndrome des blockbusters américains de ces derniers mois (années ?), à savoir qu’il n’y pas de trous béants dans le scénario, que les personnages n’ont pas (trop) de réactions stupides et incohérentes, et qu’il y a un (un seul mais vu son importance, on lui pardonnera d’être unique) personnage féminin fort.

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Dans un monde en guerre contre des extraterrestres qui ont envahi notre chère planète, le film suit le personnage de William Cage, chargé de la communication de l’armée, qui pour éviter d’être envoyé sur un front a priori protégé du débarquement, prend la mauvais décision : la fuite. Arrêté puis considéré comme déserteur, il va se retrouver avec le gros des troupes dans un combat perdu d’avance, lui qui n’a jamais combattu de sa vie. Mais une chose étrange se produit : lors de sa mort inévitable, il se réveille à nouveau au début de la journée, conscient de ce qui s’est passé, coincé dans une boucle temporelle qui semble infinie.

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A la lecture de ce pitch, difficile de ne pas penser au célèbre « Un jour sans fin » avec Bill Murray, sur un fond de guerre SF. Et le réalisateur Doug Liman prend ce concept à bras-le-corps pour en jouer au maximum en faisant de Tom Cruise une pauvre victime un nombre incalculable de fois ! En prenant place dans un contexte fort (l’action se situe en France, sur les côtes de Normandie), avec une imagerie qui ne peut que faire penser au Débarquement (peut-être même l’hommage est-il un peu trop appuyé), Doug Liman appelle également à lui les innombrables jeux vidéo de guerre, faisant inévitablement penser au « die&retry » si cher à ces derniers (tu meurs, tu recommences, tu meurs, tu recommences, etc… C’est d’ailleurs la phrase d’accroche de l’affiche du film : « Vivre. Mourir. Recommencer. »). Une répétitivité qui peut déplaire, mais qu’en tant que joueur de jeu vidéo j’ai apprécié. C’est rythmé, bien filmé, avec un Tom Cruise qui ne joue pas les héros sans peur et sans reproche, noyé dans les effectifs de chair à canon, bardé d’une armure qui semble plus encombrante qu’autre chose (en tout cas quand on ne sait pas s’en servir). C’est cette boucle temporelle et la façon qu’à le réalisateur de jouer avec elle qui donne tout son sel aux deux tiers du film.

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Mais ce serait oublier le personnage de Rita Vrataski, joué par Emily Blunt. Héroïne de guerre, c’est elle qui entraînera jour après jour (toujours le même jour, vous l’avez compris) William Cage pour tenter d’en faire quelqu’un d’apte à vaincre les « mimics » (nom donné aux ET par les humains), par tous les moyens (utilisant même la boucle temporelle pour éliminer Cage en le tuant lorsqu’il se blesse à l’entraînement !). Enfin un personnage féminin qui ne vit pas à travers un homme, qui n’est pas protégé par un homme, qui ne sert pas de faire-valoir à un homme, qui n’est pas là pour glorifier un homme. Rita Vrataski est forte, indépendante, déterminée. Et ne tombe pas amoureuse en deux minutes chrono ! C’est sans doute LE personnage du film. 35 ans après Ripley, il était temps (même si l’aura du film ne vaudra sans doute pas au personnage la même postérité) !

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Et puis vient le dernier tiers, qui voit le film tomber dans un trop grand classicisme, oubliant tout ce qui faisait son originalité pour en faire un film d’action lambda. Spectaculaire certes, mais ultra rabâché. Et puis la fin, ces horribles deux dernières minutes, ultime sursaut malvenu de la bienséance hollywoodienne… Je préfère considérer qu’elles n’ont jamais existé…

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Pour aussi consensuelles qu’elles soient, ces dernières minutes ne sont heureusement pas parvenues à effacer le souvenir d’un bon blockbuster nerveux, malin, qui ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, et qui joue habilement avec un concept qui a pourtant été utilisé à de nombreuses reprises. Une bonne surprise, le blockbuster idéal pour se détendre.

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 Edge of tomorrow - affiche

 

  
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