Légion, de Brandon Sanderson

Posted on 1 août 2014
Concernant Brandon Sanderson, j’en étais resté à sa trilogie « Fils des brumes » qui, avec du recul, me laisse un sentiment mitigé : un très bon premier tome, et puis la suite s’enlise même si la fin redresse la barre. Un des problèmes de cette trilogie vient de ses personnages, parfois trop caricaturaux, et un aspect fleur bleue/guimauve qui a fini par singulièrement m’énerver. Pour autant, il a du talent ce monsieur, et son abnégation au travail d’écriture (faisant penser à Robert Silverberg qui affirmait que s’il a été beaucoup publié c’est qu’il écrivait beaucoup) lui permet de s’essayer à plusieurs styles de récits. Ainsi, « Légion » est une novella d’un peu moins de cent pages (un exploit pour un auteur adepte des pavés !), relevant à la fois du fantastique et de la SF.

 

Quatrième de couverture :

« Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. » [Paroles du démon dans l’Évangile de Marc.]

Légion : c’est aussi le surnom de Stephen Leeds, cet homme dont le cerveau a la capacité unique de générer de multiples avatars. Des hallucinations, comme il les appelle, qui vivent avec lui pour le meilleur et pour le pire. Un jour, et parce que certaines de ses hallucinations possèdent des qualités particulières, Leeds est engagé pour enquêter sur la disparition d’un scientifique, inventeur d’un objet extraordinaire : un appareil qui prend des photos du passé…

Ce court texte, l’un des préférés de son auteur, est l’occasion d’une enquête fascinante sur l’un des plus grands mystères de l’humanité.

 

Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux

Légion - SandersonBrandon Sanderson affirme que ce récit est l’un de ses préférés, et il est facile de comprendre pourquoi tant on sent au fil de la lecture le plaisir qu’a pris l’auteur à son écriture. C’est vif, enlevé, souvent drôle, et va directement au but. J’avoue que je n’attendais pas spécialement Sanderson sur ce type de récit, mais là, je suis conquis. Certes ce n’est pas un chef d’oeuvre, certes c’est pour le coup un peu court (il y a vraiment du potentiel pour développer son personnage, ce que l’auteur ne va pas se gêner de faire), mais c’est aussi cette concision qui fait sa force, et qui s’accommode parfaitement du ton badin du récit, et surtout de ce personnage de Stephen Leeds drôle, fascinant, et plein d’une désinvolture qui fait parfois furieusement penser au Tony Stark incarné par Robert Downey Jr. au cinéma dans la saga « Iron-Man », d’autant que les deux personnages sont riches et vivent dans une luxueuse habitation.

Sauf que si Stephen Leeds vit dans un gigantesque manoir, c’est qu’il a aussi une bonne raison : il faut une chambre pour chacune de ses hallucinations ! Et il en a un paquet. Stephen Leeds a en effet le don (mais est-ce un don dans la vie de tous les jours ?) de générer des « aspects », des personnages qu’il est le seul à voir et entendre (la garantie de scènes très drôles dès lors qu’elles mettent en scène Leeds, ses aspects, et des personnes bien réelles !), et qui bénéficient de certaines spécialisations très utiles (expert en armes, expert linguistique, historien, philosophe, etc…), mais qui ont aussi une personnalité bien à eux… Stephen Leeds est bien connu, et nombreux sont les psychologues qui aimeraient en savoir plus sur lui. Toujours est-il qu’il se retrouve embarqué dans une histoire qui va le voir se frotter à l’un des plus grands mystères de l’humanité, à travers cette chasse à l’inventeur d’un étrange appareil photo capable de prendre des clichés du passé.

Les répercussions d’un tel appareil sont nombreuses, et Sanderson n’hésite pas à se frotter à l’une des plus importantes d’entre elles. Je n’en dis pas plus, mais ceux qui connaissent un peu le personnage Sanderson pourront être surpris de le voir traiter un tel sujet. Et malgré la brièveté du récit, l’écrivain se permet le luxe d’approcher de nombreux thèmes (parfois un peu rapidement, forcément) allant du voyage dans le temps au questionnement sur le foi, les religions, l’impact de la science, le terrorisme…

Mené tambour battant, avec des dialogues parfois drolatiques entre Leeds et ses aspects (mais aussi entre les aspects eux-mêmes), voilà une novella qui se lit en moins de deux heures, une véritable injection de bonne humeur. L’intrigue en elle-même n’est bien sûr pas très complexe, mais avec un tel personnage, il y a largement assez de matière pour en tirer quantité de récits (plus ou moins longs, nous verrons ce que nous concoctera l’auteur dans le futur) que l’on espère tout aussi percutant !

Lire aussi les avis de Lune, Kissifrott, Maêlle, Fantastinet, E-maginaire, Ptitelfe.

  

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