La planète des singes : l’affrontement, de Matt Reeves

Posted on 5 août 2014

Le premier film « reboot » de la célèbre franchise, « La planète des singes : les origines », sorti en 2011, avait fait son petit effet auprès des amateurs en replaçant cette célèbre saga dans un contexte plus actuel tout en revenant aux sources même de son histoire : le basculement entre la civilisation des hommes et celle des grands singes. Il faut dire qu’il avait su apporter une vision intimiste de la genèse de la saga, tout en y plaçant les bases de ce qui allait par la suite mener au désastre pour l’humanité.

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Ce deuxième film est la suite directe du premier, dix ans après. Une introduction efficace replace le contexte pour ceux qui n’auraient pas vu le film précédent, à base d’extraits de reportages et autres interventions de personnalités politiques. Puis vient ce regard. Un regard terrible. Humain. Singe. Un regard qui marque, un regard qui transperce. Un regard qui juge. Car même si les singes, après s’être échappés et installés dans le parc de Muir Woods à côté de San Francisco (de l’autre côté du Golden Gate), sont restés loin de tout contact humain, César (le leader de la communauté des singes) sait que tout cela ne pourra pas durer. Et c’est bien ce qui se produit, le contact finit par être renoué, et entre les besoins simples des singes et ceux, plus matérialistes des humains à la recherche de leur bien-être perdu, c’est un nouveau choc des civilisations.

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Alors certes le film ne surprendra personne, et c’est sans doute bien dommage : les personnages sont stéréotypés, les méchants sont visibles à des kilomètres, le scénario n’offre guère de surprises. Pour autant le film se permet quelques audaces qui habituellement n’ont pas vraiment cours dans le monde sclérosé des blockbusters. Les singes utilisent le langage des signes, et il faut bien attendre une vingtaine de minutes avant de voir arriver les premiers dialogues. Voir vingt minutes de sous-titrages en introduction d’un blockbuster, ça n’arrive pas tous les jours ! De même, l’accent est réellement mis sur nos cousins, les hommes n’étant finalement qu’assez peu de choses dans le scénario, quand bien même ils ont bien sûr un rôle important dans le conflit à naître. Mais les personnages sont creux et ne sont là que pour mettre les singes en valeur, César en tête.

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Car César en impose. À la fois singe et en quelque sorte humain en devenir, voir César et ses semblables parler le langage des signes au coin d’un feu, c’est un peu revoir « La guerre du feu », le langage en plus. C’est se rendre compte qu’à l’évidence, alors que la civilisation humaine tente de restaurer sa gloire passée mais qu’elle n’est plus que l’ombre d’elle-même (le San-Francisco apocalyptique est d’ailleurs plutôt joliment retranscrit à l’écran), c’est une nouvelle civilisation « humaine » qui se crée devant nous : les jeunes sont pris en charge par les aînés, un début d’architecture, première peintures de guerre, langage, etc… César est réellement charismatique, avec ce fameux regard, et cette démarche qui n’est pas vraiment humaine, mais n’est plus vraiment singe non plus (et il faut une fois de plus saluer la performance d’acteur d’Andy Serkis qui prête son corps et sa « motion capture » pour faire vivre César à l’écran). Les singes sont donc les réelles vedettes du film, de par la grâce des effets spéciaux, absolument stupéfiants de réalisme. Mais ils le sont aussi de par le scénario qui les met en avant, même si les scènes axées sur l’émotion n’ont pas su, pour moi, retrouver l’impact du premier film.

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Côté humain en revanche, c’est malheureusement assez plat. Même Gary Oldman a bien du mal à surnager, même s’il bénéficie d’un personnage qui aurait pu devenir intéressant si le film s’était un peu plus intéressé à lui. Pas de manichéisme ici finalement, le leader de la communauté humaine souhaitant le meilleur pour les siens, mais en faisant fi des dommages collatéraux. On évite donc heureusement le conflit « méchants humains contre gentils singes », d’autant qu’il y a du bon et du mauvais dans les deux camps.

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Alors que retenir de ce film ? Qu’il confirme que la nouvelle saga de « La planète des singes » tient la route, même si ce film n’atteint pas tout à fait les qualités de son prédécesseur. Qu’il ne peut qu’y avoir une suite, vu la fin de celui-ci. Et que vous n’oublierez pas de sitôt ce regard. Ce regard qui transperce. Ce regard qui juge. Ce regard qui ouvre et qui clôture le film, alors qu’entretemps tout a changé et que rien ne sera plus comme avant, pour les singes comme pour les hommes.

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