Les neuf princes d’Ambre, de Roger Zelazny

Tous les connaisseurs du genre fantasy ont entendu parler du cycle des « Princes d’Ambre ». La plupart l’ont même lu, tant il fait partie des grands classiques du genre. Moi non. J’aime pourtant beaucoup les écrits de Zelazny, mais j’avais pris le parti de prendre mon temps avant de lire son oeuvre la plus célèbre. la lecture commune du mois de septembre sur le Cercle d’Atuan m’a permis d’enfin mettre le nez dedans. Ça fleure bon le genre SFFF des années 70, mais une fois ouvert, difficile de décrocher. Autant vous avouer tout de suite que j’ai enchaîné les cinq premiers tomes. Oui Monsieur Lepers, non pas quatre, mais cinq à la suite ! Qui dit mieux ? Attendez-vous donc à bouffer du Zelazny dans les semaines qui viennent !^^

 

Quatrième de couverture :

Un amnésique se sauve d’un hôpital psychiatrique après avoir appris le nom de la personne qui l’a fait interner : sa propre sœur. Celle-ci lui révèle qu’il s’appelle Corwin et qu’il est l’un des neuf frères qui se disputent le royaume d’Ambre, le seul monde réel (les autres n’étant que ses reflets).

Premier volume de la série des « Princes d’Ambre »Zelazny a su éclairer l’étrange modernité des contes de fées.

 

Un flou accrocheur

Les neuf princes d'Ambre - ZelaznyCar pour être flou, on peut dire que c’est flou ! Il faut s’accrocher au début du récit (et même un peu plus que le début, je parle ici de plus du tiers du récit !) durant lequel Corwin, le personnage principal (l’action étant narrée à la première personne), est amnésique et joue un jeu de poker menteur avec ceux qu’ils croisent pour leur soutirer des informations lui permettant de voir un peu plus clair dans ce qui se passe. Et le lecteur est comme lui : paumé !

Il faut dire que l’univers imaginé par Roger Zelazny semble être sans limite : Ambre est le monde réel, et projète une infinité de mondes parallèles appelés « ombres », ombres dans lesquelles les membres de la famille princière peuvent se déplacer librement. Il leur est ainsi possible de visiter tous les mondes possibles et imaginables (à moins que ce ne soient eux qui les créent au fur et à mesure de leurs pérégrinations, ce qui ferait d’eux des démiurges, des créateurs de mondes, un thème cher à Zelazny. Le doute n’est en tout cas jamais levé sur ce sujet, et Corwin lui-même se pose d’ailleurs la question), y compris le nôtre, qui n’est donc qu’une ombre projetée par Ambre. Autant dire qu’avec un tel postulat, on peut virtuellement imaginé tout et n’importe quoi ! C’est ambitieux, et il peut être tentant de partir dans un véritable n’importe quoi (je pense ici aux joueurs du jeu de rôle « Ambre » tiré de la saga. Les Maîtres du jeu devaient sacrément bien cadrer leurs campagnes sous peine de partir dans un truc totalement ingérable !). Mais Zelazny n’est pas le premier venu, et cadre bien son récit, très centré dans ce premier tome sur Corwin, prince héritier (parmi d’autres…) du trône d’Ambre laissé vacant par le roi Oberon qui a mystérieusement disparu.

Au fur et à mesure que le récit se dévoile, le lecteur comme Corwin y voit de plus en plus clair dans ce vaste univers, même s’il est parfois difficile de s’y retrouver, tant les termes utilisés n’aident pas toujours à la compréhension : on parle d’Ambre, d’Ombre, des ombres, etc… La faute à la traduction, souvent critiquée ? Possible, elle qui n’a pas changé depuis les années 70, et qui, sur les cinq premiers tomes, a vu défiler quatre traducteurs différents avec parfois un paquet d’incohérences… Mais j’y reviendrai en temps voulu…

Ce premier volume s’intéresse donc entièrement à Corwin et se centre sur la vengeance qu’il fomente lorsqu’il se rend compte du sort qui lui a été réservé depuis de très nombreuses années. On sent que les relations de la famille princière sont complexes et qu’il y a des chances pour qu’on n’en voit ici qu’un tout petit morceau. Une fois dissipée une part du brouillard qui encombrait l’esprit de Corwin, on entame alors une course pour arriver au but du prince : reconquérir le trône. Le roman faisant moins de 250 pages (une taille classique pour l’époque), tout va vite, sans guère de temps mort. Corwin est sans cesse en déplacement, en pleine action. Zelazny va à l’essentiel, pas de longues descriptions de gigantesques batailles ici. Pourtant, ces dernières ont bel et bien lieu, et des dizaines de pages ne sont pas nécessaires pour représenter des actes héroïques : je garderai longtemps en tête la bataille sur le Kolvir, l’escalier qui mène à Ambre, totalement épique !

A ce cadre passionnant (et plein d’imagination, avec par exemple Rebma/Erbma (selon les traductions…) la cité sous-marine reflet d’Ambre), Zelazny ajoute une galerie de personnages foisonnante dont on ne voit pas dans ce volume tous les intervenants. Certes parfois assez monolithiques, ils sont là avant tout pour faire avancer le récit, mais restent suffisamment charismatiques pour qu’on ait un avis bien tranché sur eux. Et au delà du concept d’Ambre, il faudrait aussi parler de la Marelle, des Atouts, etc… Mais je vais en garder un peu sous le pied pour les volumes suivants. 😉

Parfois déroutant donc, mais finalement très direct et passionnant, avec un personnage central assez fascinant (à la fois attachant et cynique, loin d’être un chevalier blanc, avec ses doutes et ses désirs, ses faiblesses et ses convictions, qui le conduisent parfois dans la mauvaise direction), ce premier volume de la fameuse saga d’Ambre pose donc les bases de quelque chose de plus grand, qu’on n’a sans doute fait qu’effleurer ici. Et comme la fin sonne comme un joli cliffhanger, difficile de faire autrement que d’enchaîner avec le tome suivant. C’est évidemment ce que j’ai fait, on en reparle très bientôt. 😉

 

Lire aussi les avis de Xapur, Olya, Eumène de CardieClashDoherty, Fée, If is dead, Didoune, Yan Fanel et Vert (pour la saga complète).

Chronique écrite dans le cadre du challenge « Morwenna’s list » de Cornwall.

Morwenna Jo Walton challenge

 

  
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