La partition de Jéricho, de René Reouven

Posted on 23 octobre 2014
Qui peut le plus peut le moins ! Et tant qu’à fêter les quinze ans de la collection « Lunes d’encre », autant le faire de belle manière, comme une sorte d’hommage. Et donc, je me suis tourné vers ce roman qui fait partie de la première salve lancée par l’éditeur en 1999. Et je ne le regrette pas !

 

Quatrième de couverture :

Dans l’Irak de l’après guerre du Golfe, une équipe archéologique découvre un manuscrit extrêmement ancien qui recèle bien des secrets. Il y est grandement question de Jéricho et des trompettes qui jetèrent au sol les remparts de la cité. Pour Scott Lorne, jeune idéaliste dont le courage frôle la témérité, il n’est plus question que d’une chose : soustraire ce document aux autorités irakiennes en traversant le désert en Land Rover, jusqu’à l’Arabie Saoudite. Une expédition qui n’est pas sans risque. Aux Etats-Unis, Hope, une jeune femme qui fait des recherches pointues sur la mémoire et l’existence des mondes parallèles, a servi de cobaye à ses propres expériences, en toute illégalité. Alors qu’elle pensait que ses expérimentations seraient sans conséquences, voilà qu’elle se met à avoir des visions et des malaises. Refusant de croire à l’hypothèse du surmenage, elle veut comprendre pourquoi elle rêve éveillée de trompettes vieilles de plusieurs millénaires et d’un ancien compagnon, qu’elle a perdu de vue et dont elle sait qu’il est devenu archéologue. Trente siècle après la destruction de Jéricho, Hope et Scott pourront-ils résoudre le mystère des trompettes de Josué ?

 

Science-fiction et archéologie religieuse

La partition de Jéricho - Réouven« La partition de Jéricho » est un roman relativement court et qui se lit à cent à l’heure. René Reouven a écrit de nombreux romans policiers, et ça se sent dans sa science du récit. C’est bien mené, toujours intéressant, dynamique et enlevé.

En mélangeant les genres, avec un début qui sent bon la SF avant de passer sur une partie plus « classique » (une aventure archéologique pour tenter de retrouver les trompettes qui ont fait chuter les murs de Jéricho, puis de recomposer la partition jouée par ces trompettes), René Reouven joue sur plusieurs tableaux. Et ça fait mouche à chaque fois. Car si au début, le lecteur se demande sur quel tableau science-fictif l’auteur va jouer, c’est pour mieux être bousculé par la suite avec ce thriller archéologique qui, au-delà de cette quête religieuse, joue avec les codes du thriller un brin ésotérique (apparitions mystérieuses, visions étranges, possessions, etc…) avant de basculer dans un remake des « Dix petits nègres » d’Agatha Christie. Bien évidemment, si on s’intéresse un tant soit peu à l’archéologie, la religion, et les mythes associés, la saveur n’en est que plus grande !

Et ça fonctionne rudement bien puisque René Reouven a pris soin de bien caractériser ses personnages. Cette équipe d’archéologues et de scientifiques emporte l’adhésion, quel que soit le sentiment qui anime chacun de ses membres. Scott est passionné tout en ne sachant pas trop sur quel pied danser vis à vis de son ancienne « peut-être-un-peu-plus-qu’amie » Hope, Jameson et Victoria sont attachants, tandis que J.J. marque par son indéfectible optimisme. Et il y en a d’autres : le chimiste Wendell, l’ancien prêtre Léonini, etc… Dès lors, quand le récit bascule dans le dramatique, c’est pour mieux marquer le lecteur.

Arrivé au dernier chapitre, on se dit qu’on a là un bel exemple de récit bien mené (même si je ne peux m’empêcher d’y apporter un bémol tant l’équipe parvient de manière un peu trop facile à accumuler les indices et déchiffrer les énigmes), extrêmement bien documenté, même si l’issue peut décevoir. Mais c’est sans compter sur l’épilogue qui se passe bien des années après l’expédition, et qui revêt pleinement ses apparats de récit de science-fiction, éclairant soudainement bien différemment ces petits détails qui semblaient anodins. Un aspect assez vertigineux, et astucieusement révélateur des qualités de romancier de René Reouven.

« La partition de Jéricho » a donc deux facettes, et passe d’un très bon roman d’aventures archéologiques à un un très bon roman de science-fiction. En peu de pages, ce n’était pas gagné d’avance ! Une belle réussite donc, qui annonçait quinze belles années de parutions pour la collection « Lunes d’encre ». Parions sur au moins autant dans l’avenir.

 

Lire aussi l’avis de A.C. de Haenne.

Chronique écrite dans le cadre du challenge « 15 ans 15 blogs » organisé par les éditions Denoël et du challenge « Francofou, le retour » de Doris.

Lunes d'encre - 15 ans 15 blogs  challenge-francofou

 

  
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