Le Trône de fer, intégrale 3, de George R.R. Martin

Habituellement, j’attends l’hiver pour me mettre à la lecture du « Trône de fer », comme je l’ai fait pour le tome 1 et le tome 2 (il devait faire froid en avril 2013^^), histoire d’être bien dans l’ambiance. Un tome par an, c’était un rythme plaisant, mais sans doute un poil trop rapide puisque je risquais malgré tout de rattraper le rythme d’écriture de l’auteur. Et donc pour palier à ça, durant l’hiver 2013-2014, je n’ai rien lu (oui c’est une excuse ridicule). Il était temps de m’y remettre puisqu’en parallèle, je me laissais aussi distancer par la série TV (sur laquelle je suis resté bloqué à la saison 2 pour éviter les spoilers). Donc, hop, intégrale 3 me voilà ! Oui, la lecture du « Trône de fer », c’est un sacré calcul d’apothicaire !

 

Quatrième de couverture :

Le royaume des sept couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer, tous les coups sont permis, et seuls les plus forts, ou les plus retors s’en sortiront indemnes…

 

* Critique garantie sans spoilers *

Le grand chambardement

Le trône de fer, intégrale 3  - MartinNombreux sont les lecteurs à insister tout particulièrement sur ce volume 3 comme étant le plus prenant de la saga du « Trône de fer » jusqu’ici. Il me sera difficile de les contredire sur ce point tant George Martin lâche les chevaux, alors qu’il semblait avoir jusqu’ici placer ses pions (avec beaucoup de talent certes). En effet, le changement c’est maintenant ! Les bouleversements sont nombreux, l’intrigue s’étend et se resserre à la fois (je me comprends), et l’auteur ne manque pas de jouer avec ses personnages (toujours aussi nombreux) en tissant des liens toujours plus complexes entre eux (et le lecteur d’avoir le sentiment qu’enfin tout se lie, et de ne plus être en présence de plusieurs fils d’intrigue assez isolés).

Pour le reste, Martin ne change pas sa recette : différents points de vue au fil des chapitres, toujours ces luttes intestines et ces guerres ouvertes pour la conquête du trône de fer, toujours ces chevaliers, ces rois, ces héritiers, ces conspirations, bref tout ce qui fait le sel de la saga depuis ses débuts. L’aspect fantasy prend encore un peu plus d’importance, tout en restant malgré tout en retrait dans ce qui se rapproche vraiment d’une grande geste médiévale.

Alors bien sûr, je ne peux m’empêcher de relever quelques longueurs dans la première moitié du roman (avec 1150 pages au compteur, ce n’est guère étonnant), et pourtant même les longueurs ont leur intérêt, qu’elles développent l’univers, ou bien qu’elles s’attardent sur tel ou tel personnage. Evidemment, pour apprécier pleinement ces aspects, il faut être amateur de monde fouillé et ultra détaillé, ce que je suis. C’est d’ailleurs à mon sens ce qui est une des grandes forces de la saga, en plus de son intrigue bien sûr. George Martin a imaginé un monde foisonnant, un monde complexe, avec ses légendes, son histoire, ses grands noms, sa géographie, etc… Je ne prétends pas être un spécialiste du genre, mais un univers aussi consistant et d’une telle richesse, ça ne court pas les rues.

Et puis vient la deuxième moitié, et là… Non je ne dirai rien, mais croyez-moi sur parole, il s’en passe des choses ! Et j’apprécie tellement quand un romancier installe un tel climat d’incertitude, à tel point qu’on se rend vite compte qu’aucun personnage n’est intouchable. Surprise totale donc, et un récit mené de main de maître, c’est aussi ça le recette du succès du « Trône de fer ».

Et enfin, si cette atmosphère de geste médiévale est si réussie, si prenante, c’est aussi grâce à la traduction de Jean Sola. Je fais partie de ceux qui admirent son travail, tout en avouant qu’il a sans doute dépassé ses prérogatives de traducteur (oui c’est paradoxal), mais ça me semble ici être pour le mieux. Le style de Martin en VO est relativement simple, classique, Jean Sola l’a transformé (et c’est là tout le débat) en quelque chose de très médiévalisant, collant totalement au cadre du récit. Je ne reviendrai pas ici sur les quelques maladresses déjà relevées sur de nombreux sites (dont les fameux loups-garous), mais plutôt sur l’étrangeté des traductions des noms propres, comme les lieux, parfois francisés (et de quelle manière : Vivesaigues pour Riverrun, Lancehélion pour Sunspear, Accalmie pour Storm’s End, Néra pour Blackwater), parfois étrangement laissés tels quels (Winterfell). Idem pour les noms de personnages, là aussi parfois superbement traduits (Nerbosc pour Blackwood, Corbois pour Hornwood) mais parfois aussi laissés de côté (Hightower ? Littlefinger ? Les bâtards Snow, Sand, Storm, Rivers, Stone, etc… ?). Ce ne sont que des détails bien sûr, et le reste de son travail me convient tellement bien que je suis tout à fait prêt à passer outre. Et du coup, je frémis à l’idée de ce que donne la traduction du cinquième tome qui n’est plus l’oeuvre de Jean Sola mais de Patrick Marcel.

Mais j’anticipe car je n’en suis pas encore là. Quoique, puisque au vu de la qualité de ce troisième volume, j’ai bien envie d’enchaîner directement avec le quatrième, d’autant plus que je ne veux pas non plus laisser prendre trop d’avance à la série TV, les spoilers étant de plus en plus difficile à éviter…

 

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