Jupiter : le destin de l’univers

Posted on 9 février 2015

Je suis un indécrottable optimiste : je crois dur comme fer au cinéma des Wachowski, même quand ils me perdent en route avec les incompréhensibles (mais très réussis esthétiquement) « Matrix Reloaded » et « Matrix Revolutions », même quand je n’adhère plus tout à fait avec « Speed racer ». Malgré leur défauts, ces films sont pleins de qualités, et démontrent surtout que la fratrie a une vraie vision artistique et qu’ils sont pétris de talent. Et puis parfois ce talent se cristallise dans une oeuvre majeure, une oeuvre qui fait sens. Comme « Cloud Atlas », film magnifique dont je ne me remets toujours pas de l’échec commercial (échec relatif tout de même puisqu’au final il a été rentable).

 

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C’est dire comme j’attendais « Jupiter ascending » (je préfère utiliser le nom VO plutôt que cet infâme titre VF (que j’ai tout de même utilisé pour le titre de l’article parce que bon, faut bien se faire référencer) qui ne peut que repousser les spectateurs, un nouveau mauvais tour que l’industrie cinéma joue aux Wachowski…). Une attente entre crainte et admiration car les bandes-annonces montraient une direction artistique à la fois renversante mais aussi un poil inquiétante, avec des acteurs qui ne figurent pas parmi les plus charismatiques d’Hollywood.

 

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La question était de savoir si le scénario serait suffisamment solide pour emporter l’adhésion. De ce côté-là, c’est un peu la déception, tant il n’a rien d’original en ce qu’il pourrait être réduit à l’histoire d’une princesse sur le point de se faire usurper par une vilaine famille un trône dont elle ne savait pas être l’héritière. C’est un peu raccourci je l’avoue car il est un peu plus que cela, avec une critique (un peu grossière tout de même) des vilains capitalistes de l’espace (^^) qui exploitent l’humanité à son insu d’une manière qui ne peut que rappeler « Matrix ». Sans être difficile à suivre, il est tout de même un peu noyé dans le déluge d’informations sur le fonctionnement de cet univers imaginé par les Wachowski, un univers dense et foisonnant qui mériterait de se voir développé dans d’autres films (un doux rêve d’ores et déjà détruit par le nouvel échec commercial de ce film lors de ses débuts aux US, qui voit réduite au néant toute chance de voir une suite…), notamment sur certains points intrigants et trop rapidement survolés (les hybrides, les récurrences…).

 

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Car il y a du corps dans ce film. L’univers donc, magnifié par la direction artistique et le budget alloué aux effets spéciaux. Andy et Lana Wachowski ont vu les choses en grand, et ça se voit à l’écran. Ils ont peut-être même voulu trop en faire, un peu comme quand on retouche une photo à l’excès, le trop est l’ennemi du bien, et ici ce déluge de décors, de vaisseaux spatiaux majestueux, baroques, et qui en mettent plein les mirettes, se retrouve parfois sur le point de déraper du côté du kitsch… sans jamais y tomber totalement. Côté acteurs, ça ne fait malheureusement pas d’étincelles, la faute au manque d’attachement que le spectateur peut leur porter (mais est-ce leur faute ou la faute du scénario ?), excepté peut-être pour Sean Bean.

 

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Pourtant, encore une fois, les réalisateurs nous montrent leur générosité avec ce « Jupiter ascending », un film fait pour les amoureux de SF, un film qui comble et déçoit tout à la fois, mais que je ne peux m’empêcher d’apprécier pour ses scènes d’action bien filmées (si on n’est pas allergique au skate-board…^^), ce sense of wonder qu’il parvient à toucher du doigt dans quelques scènes spatiales assez grandioses, et cet univers à nul autre pareil, loin du formatage hollywoodien. Alors certes, peut-être tout cela se prend-il un peu trop au sérieux (malgré une surprenante et bienvenue scène « administrative » qui rompt avec le ton du reste du film, une scène totalement « Gilliamesque » à tel point que Terry Gilliam himself y fait une apparition), peut-être le scénario aurait mérité de sortir un peu des sentiers battus, mais pour autant je ne peux que louer cette volonté de sortir du carcan d’Hollywood. Alors oui, ce n’est pas le film du siècle, ce n’est pas le meilleur film des Wachowski, ça ne plaira certainement pas à tout le monde, mais moi j’ai passé un bon moment.

 

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Jupiet ascending - affiche

 

  
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