L’Edda, récits de mythologie nordique, de Snorri Sturluson

Posted on 29 avril 2015
Je ne pouvais pas m’intéresser aux vikings et à la civilisation scandinave moyenâgeuse sans aller jeter un oeil du côté de la mythologie pure. C’est chose faite avec « L’Edda en prose », ouvrage esentiel pour la connaissance de cette mythologie si particulière.

 

Quatrième de couverture :

Rédigée au début du XIIIe siècle par l’éminent historien islandais Snorri Sturluson, l’Edda constitue le recueil de mythologie nordique le plus complet que nous ait légué le Moyen Âge scandinave. Au cours de récits souvent hauts en couleur, l’auteur retrace tout d’abord la création de l’univers à l’origine des temps, avec notamment l’épisode du démembrement d’Ymir, le géant primitif ; puis il présente les principaux dieux de l’antiquité païenne et raconte leurs exploits, leurs aventures et leurs querelles, tandis qu’à l’arrière-plan se profile de plus en plus nettement le drame du monde, le fameux Crépuscule des dieux, dont la description particulièrement saisissante constitue le point d’orgue de l’ouvrage.

Bien qu’il ait été conçu plus de deux siècles après la conversion offcielle de l’Islande au christianisme, ce traité témoigne d’une intime connaissance des poèmes mythologiques composés à l’époque païenne tant en Norvège que dans l’île des sagas. À ce titre, l’Edda offre un intérêt capital pour l’étude de l’ancienne religion scandinave, de même que pour les enquêtes de mythologie comparée indo-européenne.

Cette nouvelle traduction repose sur un examen approfondi de la tradition manuscrite de l’ouvre, en sorte qu’à la différence des traductions précédentes, elle tient largement compte des principales variantes fournies par les manuscrits de l’Edda.

 

Odin, mon Freyr, Týr-toi de là, t’as perdu le Njörd et t’as Thor !

Edda - SturlusonL’Edda est un ouvrage fondamental dans notre connaissance de la mythologie scandinave, un ouvrage sans lequel bien des aspects de ces mythes nous paraîtraient obscurs, voire carrément cryptiques. Pour autant, tout n’est pas contenu ici, puisque cet ouvrage se base essentiellement sur les poèmes que l’on peut retrouver dans « L’Edda poétique » (et qui en contient bien d’autres). Il reste néanmoins (mais c’est un avis très personnel) plus accessible à un lecteur d’aujourd’hui puisque écrit en prose.

« L’Edda en prose » traduit ici n’est d’ailleurs pas l’ouvrage entier puisque certaines parties n’ont de réel intérêt que pour les plus exigeants des exégètes (à prononcer très vite dix fois de suite !^^)… On a donc uniquement deux parties sur les quatre que contient le recueil original, le prologue n’étant pas repris (il n’a d’ailleurs sans doute pas été écrit par Snorri Sturluson), non plus que le Háttatal qui n’est rien de moins qu’un manuel de poésie scaldique.

On garde donc la Gylfaginning (« La mystification de Gylfi ») ainsi que le Skáldskaparmál (« Dits sur la poésie »). La première, sous couvert d’un dialogue entre un roi et trois divinités, retrace l’origine du monde, depuis sa création jusqu’à sa fin (le fameux Ragnarök, le crépuscule des dieux) puis son recommencement, en passant par la naissance des dieux, puis des hommes. On y parle d’Yggdrasil, des Nornes, des Valkyries. Quelques chapitres présentent également quelques dieux un peu plus en détail, tels Odin, Thor, Loki, Baldr, HeimdallNjörd, Freyr, Týr, etc… Des noms qui ne nous sont pas inconnus, mais que le texte permet de replacer un peu plus précisément. On y parle aussi des déesses, des nains (avec des noms comme Ori, Nori, Fili, Kili, Thorin, ou bien… Gandalf !), etc… Cet Edda a beau être en prose, on ne peut pas le lire comme un roman, mais plutôt comme une présentation de la mythologie scandinave (Ásgard, Bifröst, etc… Tout y passe), à base de chapitres très courts. Quelques chapitres un peu plus longs s’attardent sur certaines histoires clés de cette mythologie, telle le voyage de Thor chez Útgarða-Loki, ou bien la mort de Baldr, récits qui fleurent bon l’héroïsme et la grandiloquence.

Le Skáldskaparmál quant à lui s’apparente à un dialogue entre Aegir et Bragi, dieu de la poésie. Ce dernier n’est pas là par hasard puisque cette partie s’appuie souvent sur les kenningar, ces complexes périphrases de la poésie scaldique (dont j’ai déjà parlé dans la « Völsunga Saga »), pour proposer de nombreux récits de la mythologie nordique, qu’ils s’intéressent aux dieux ou aux hommes (on y retrouve ici, sous forme condensée, les aventures de Sigurd et celles de Hrolf Kraki). Très intéressants puisque plus faciles à lire (s’apparentant plus à de petites nouvelles) que la première partie, très cosmogonique finalement.

Ainsi, pour qui veut mieux connaître la mythologie scandinave en s’y prenant « à la source » (plutôt qu’à travers un livre de fond), cet ouvrage m’apparaît comme absolument essentiel. Texte médiéval oblige, il n’est pas des plus simples à lire (d’autant qu’il est entrecoupé par de nombreuses notes de bas de pages, desquelles on peut pour la plupart se passer si on n’est pas féru d’étymologie), mais il apporte un témoignage authentique à côté duquel il serait bien dommage de passer si on s’intéresse au sujet.

Lire aussi l’avis de Nebal, Vert.

  
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