Elantris, de Brandon Sanderson

Posted on 3 juillet 2015
Une envie subite. C’est une envie subite qui m’a mené vers ce « Elantris » qui TRAÎNAIT sur ma PAL depuis bien longtemps. Brandon Sanderson est un auteur important dans la fantasy moderne et même s’il ne manque pas de défauts, lire un de ses récits, c’est l’assurance de plonger dans un monde étonnant avec une magie omniprésente et originale. « Elantris » est son premier roman. La recette Sanderson était-elle déjà de qualité ?

 

Quatrième de couverture :

Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…

Elantris est le premier roman publié de l’auteur du cycle des « Fils-des-Brumes », Brandon Sanderson, également choisi pour terminer le cycle de « La Roue du temps » après le décès prématuré de l’écrivain Robert Jordan.

 

L’avant Mistborn

Elantris - SandersonIl est agaçant ce Brandon Sanderson. Agaçant parce qu’il a plein d’idées mais qu’on s’aperçoit en creusant un peu qu’il recycle pas mal de choses, agaçant parce qu’il a plein d’imagination mais que sa narration est tellement « mécanique » qu’on peut voir les dés rouler sous certains des événements de ses récits, agaçant parce que malgré une certaine noirceur des situations, il ne peut s’empêcher de nous servir des romances-guimauve très gentillettes. Agaçant parce que malgré ses défauts, je n’arrive pas à ne pas apprécier ses textes. C’était le cas avec le trilogie « Fils des brumes », c’était le cas avec « Légion » (mais pour ce dernier, le bilan était très largement positif), c’est à nouveau le cas avec « Elantris ».

Paru en 2005 en VO, « Elantris » est le premier roman de l’auteur. Ayant lu la série « Fils des brumes » auparavant, je ne peux m’empêcher de faire la comparaison. Ce qui saute aux yeux, c’est l’impression que « Elantris » n’a été qu’un brouillon pour la saga publiée ensuite. Un monde qui s’est effondré, un groupe de résistants qui complotent pour faire chuter une monarchie, une jeune femme qui va devoir apprendre à se fondre dans la noblesse, ce qui passe notamment par quelques bals pas forcément masqués, une magie mystérieuse qui cache des choses bien plus puissantes que ce que l’on imagine et qu’un des personnages va devoir maîtriser, etc… Tous ces éléments se trouvent dans « Elantris »… et dans « Fils des brumes » ! Sauf que là ou le premier sait se tenir en un seul volume (800 pages tout de même), l’autre s’étale sur trois tomes. Ainsi, « Fils des brumes », avec l’expérience acquise avec « Elantris », semble avoir maximisé les qualités de celui-ci (souvenons-nous du très bon premier tome)… mais aussi ses défauts (un tirage à la ligne indécent dans le deuxième tome).

« Elantris » se permet donc d’offrir ici un récit d’une belle amplitude, dynamique, mettant en avant des tractations politiques intéressantes, sans céder à l’action facile (même si la fin ne lésine pas sur les moyens). Oh, l’aspect mécanique de la narration de Sanderson reste bien présent, les poncifs qu’on dirait issus d’un jeu vidéo sont bien là (le héros qui débarque dans un monde dangereux, commence à se faire des alliés, rallie à sa cause certains de ses ennemis, avant de commencer à « construire » sa propre forteresse…), un peu de niaiserie par moment (l’héroïne féminine, pourtant d’un caractère bien trempé, qui se lamente de finir vieille fille…), un style pas toujours convaincant (les personnages ont la fâcheuse manie de « se tapoter la joue »), des événements que l’on sent parfois venir de loin, bref, Sanderson fait du Sanderson. Et c’est tant mieux et dommage à la fois. Car il sait construire un univers, mais j’aimerais tellement qu’il sorte de ces redondances parfois vraiment désolantes.

Mais je garde espoir. « Légion » était vraiment bon… et vraiment court ! Gageons que ses romans ultérieurs (car « Elantris » et « Fils des brumes » ne sont que ses premiers textes publiés), du genre « La voie des rois » pour le dernier paru, effacent ses défauts pour enfin faire fructifier les grandes qualités de créateur d’univers de Sanderson. En attendant, je me garderais bien de cracher dans la soupe, car malgré l’apparente sévérité de cette critique, j’ai passé un bon moment avec « Elantris ». Rien d’inattendu certes, mais les pantoufles ça a parfois du bon.

 

Lire aussi les avis de Flo, Philippe, Gromovar, Catherine Loiseau, Elise, Fashion Victim, Lelf, Ça sent le book.

 

  
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