Aces high, Wild Cards tome 2, anthologie dirigée par George R.R Martin

Plus d’un an après la lecture tout à fait plaisante du TOME 1 de cette anthologie de « comics en nouvelles » dirigée par George R.R. Martin avec du beau monde au menu (Walter Jon Williams, Roger Zelazny…), je me suis plongé dans la suite. Fini les présentations, cette fois on entre dans le vif du sujet.

 

Quatrième de couverture :

Nous sommes en 1986. Depuis qu’il a frappé la Terre quarante ans plus tôt, le virus Wild Card n’a cessé de se répandre, tuant une grande partie de la population, produisant quelques aces, des êtres aux pouvoirs surnaturels, et beaucoup de jokers, des humains amoindris et difformes. Aujourd’hui confrontés à un ennemi venu des profondeurs de l’espace et à son alliée sur Terre, une secte maçonnique, les héros créés par George R.R. Martin et ses complices (Roger Zelazny, Walter Jon Williams, Pat Cadigan…) ne sont pas au bout de leurs surprises.

George R.R. Martin, l’auteur de la célébrissime série du « Trône de fer », est aussi le grand architecte de « Wild Cards », un univers post-apocalyptique peuplé de super-héros, partagé et nourri par de nombreux auteurs depuis près de trente ans.

 

Du comics sombre et « réaliste » en roman

Aces high - Martin - couvertureLe premier volume de cette série nous présentait de nombreux personnages, pour la plupart appelés à réapparaître dans les volumes suivants et décrivant surtout la situation de départ (un virus extraterrestre contamine l’humanité, décimant la plupart des victimes, défigurant les autres et offrant des pouvoirs aux rares chanceux) puis l’Histoire forcément divergente d’avec celle que nous connaissons. On nageait donc en pleine uchronie, avec une revisite de certaines passages tout à fait intéressants (le MacCarthysme, la guerre du Vietnam, etc…), sur une longue période allant du lendemain de la Seconde Guerre Mondiale au milieu des années 80. Voilà pour la présentation offerte par le premier tome.

Ce seconde volume peut désormais se concentrer sur une « vraie » histoire resserrée qui court sur la totalité des récits présentés (et sur une période de temps beaucoup plus restreinte, de quelques mois). Vingt nouvelles sont au menu, avec une chose qui frappe au premier coup d’oeil : la mainmise de deux auteurs sur ce tome. En effet, George R.R. Martin (rien d’étonnant, c’est lui qui dirige cet univers partagé) et Walter Jon Williams en signent pas moins de treize à tous les deux. Rien de problématique puisque qu’ils étaient les auteurs, avec Roger Zelazny qui apparaît à nouveau ici, des meilleurs récits du tome d’introduction.

Mais alors quel est le sujet de ce « Aces high » (du nom du restaurant au sommet de l’Empire State Building, fréquenté par les As, ceux qui ont hérité de super-pouvoirs) ? Sans déflorer le contenu, il s’agit ici d’une nouvelle menace extraterrestre particulièrement dangereuse, couplée à des meurtres occultes commis par une obscure secte. Ces deux éléments ne sont d’ailleurs peut-être pas totalement étrangers l’un envers l’autre… A partir de là, les auteurs nous dévoilent chacun leur partie de l’histoire, soit à travers des personnages déjà connus (la Tortue, le Dormeur, Fortunato, Captain Trips, Dr Tachyon…) soit en en mettant en scène de nouveau (Water Lily qui orne la couverture toujours signée Michael Kormack, ou bien l’excellent Homme Modulaire). Il faut bien dire que ce volume est mené de main de maître puisque alors que les auteurs se succèdent, il y a une vraie progression dans l’histoire. Evidemment, on est clairement dans le monde des comics (en version textuelle donc), on a donc droit aussi à un grand méchant, l’Astronome (tout un programme !).

On a donc un univers qui prend une vraie épaisseur, alors que ce genre d’histoires n’est au départ pas fait pour s’imposer en texte. Mais ça marche. Certes il y a des hauts et des bas, mais tout se tient et ces super-héros version sombre et « gritty » (vous pouvez oubliez les costumes bariolés) tiennent bien leur rang.

Au chapitre des regrets, on abandonne un peu l’aspect uchronique bien mis en valeur précédemment. C’est dommage, c’était ce qui m’avait le plus intéressé. De même, l’histoire, au demeurant assez simple (et d’ailleurs pas forcément ultra passionnante non plus…), ne méritait peut-être pas de s’étendre sur près de 600 pages. Il y a des longueurs, que certains récits plus faibles que d’autres n’arrangent pas (et la tension a parfois bien du mal à monter). Mais George R.R. Martin sait mener sa barque, et ses textes sont d’ailleurs parmi les meilleurs, lui qui met en scène l’étonnant Jube (surnommé le Morse, le fil rouge de cette anthologie avec sept courts récits qui lui sont dédiés) et surtout développe son personnage de la Tortue de fort belle manière (notamment via un chapitre revenant sur son passé particulièrement réussi, c’est d’ailleurs peut-être symptomatique de voir qu’un récit déconnecté de l’histoire principale est peut-être le meilleur du lot…). Oui l’univers de « Wild Cards » tient sans doute plus par sa galerie de personnages que par ses intrigues (en tout cas pour le moment).

Mais ne crachons pas dans la soupe, on a un univers qui tient la route, avec des personnages qui se développent et qu’on commence à vraiment connaître et apprécier. C’est ce qui fait la force de cette série, sans doute pas inoubliable mais fort sympathique (sans doute surtout pour qui aime les comics). Nous verrons si le tome 3 continue sur cette belle lancée.

 

Lire aussi l’avis de Baern, If is dead.

 

Critique publiée dans le cadre du challenge « CRAAA » de Cornwall.

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