Les petites fées de New York, de Martin Millar

Voilà un texte qui aura pris son temps pour arriver en poche ! Il aura d’ailleurs pris son temps tout court en France puisque ce roman de Martin Millar est d’abord sorti chez nos amis anglo-saxons en 1992, avant de débarquer chez nous en grand format en 2009 seulement. Il m’avait fait de l’oeil à ce moment là, mais il aura fallu attendre plus de six ans pour le voir enfin à un tarif plus doux (avec une belle illustration d’Aurélien Police en prime, même si on y perd la « scottish touch » avec le tartan…). Une longue attente, mais pour quel résultat ?

 

Quatrième de couverture :

Morag MacPherson et Heather MacKintosh, deux petites fées écossaises ayant quitté précipitamment leur terre natale, et fraîchement débarquées à New York, découvrent un monde qu’elles n’auraient jamais pu imaginer : un monde où les sans-abris meurent dans l’indifférence générale, un monde où les gens ont à peine de quoi payer leur logement, un monde qui n’a, tout de même, pas l’air de tourner bien rond. Mais plus elles vont vouloir changer les choses et aider Dinnie et Kerry, deux humains qu’elles ont rencontrés à leur arrivée, plus ce sera… pire!

Roman aussi drôle qu’érudit, Les petites fées de New York convoque le folklore féerique et celui de l’underground new-yorkais pour décrire, en filigrane, notre société.

 

Féerie, amour et rock ‘n’ roll !

Les petites fées de New York - Millar - couvertureAvec une telle quatrième de couverture (doublée d’une préface de Neil Gaiman dans laquelle il avoue adorer ce livre), on peut s’attendre à un truc de qualité et qui dépote. Et c’est bien ce que nous sert Martin Millar avec ce récit très américain dans le contexte puisque tout ou presque se passe à New York mais surtout un peu dingue dans son déroulement avec ces deux fées écossaises sacrément gaffeuses et qui carburent au whisky, avec tous les aléas que cela implique (car oui, les fées sévèrement cuitées, ça existe !^^) : et ça ne vole plus droit, et ça vomit partout (mais il paraît que le vomi de fée, ça sent la rose, ce sont elles qui le disent…^^), etc…

Donc oui, « Les petites fées de New York » est un roman assez déjanté, mais pas seulement. Car sous un vernis ouvertement humoristique et ultra dynamique (je crois que les fées Morag MacPherson et Heather MacKintosh sont atteintes du syndrome d’hyperactivité tant elles ne tiennent pas en place), on a aussi un récit très tendre sur l’amour, l’ouverture aux autres, les préjugés. Il est vrai que le ton du récit n’est pas très romantique, on peut même dire que parfois ça ne vole pas très haut (certaines blagues redondantes sont assez graveleuses, notamment avec une chaîne de télé porno), mais pourtant le fond du texte reste de façon surprenante assez subtil.

Car finalement, le roman parle d’acceptation de soi, en faisant fi du regard des autres. A ce titre, le personnage de Kerry est particulièrement attachant et bien traité, avec une belle justesse, sans s’appesantir outre mesure sur la maladie qui l’accable (la maladie de Crohn). Mais évidemment, les stars du roman, ce sont les deux fées écossaises. Expulsées d’Ecosse après un sacrilège (mais elles ne l’ont pas fait exprès bien sûr !), mais toujours armées de leur violon qu’elles dégainent à la moindre occasion (et si vous êtes intéressés par la musique traditionnelle écossaise, n’hésitez pas à noter les nombreuses références musicales pour dénicher quelques jolis morceaux sur Youtube, violon comme cornemuse), grossières et sérieusement punkettes sur les bords, avec cheveux colorés et tout le toutim, elles se retrouvent un peu par hasard à New York, rencontrant en passant des fées irlandaises et anglaises recherchées par leur père tyrannique qui veut industrialiser le royaume des fées. Elles vont donc rencontrer Dinnie et Kerry, et tout cela va les emmener dans une sacrée aventure qui va un peu chambouler les fées « autochtones » car New York a aussi son lot de fées du pays…

Bref, on s’amuse beaucoup, c’est plus fin qu’il n’y paraît, et même si tout cela va un peu vite et part un peu dans tous les sens, « Les petites fées de New York » représente vraiment une lecture plaisir qui se lit presque toute seule.

 

Lire aussi l’avis de Acr0Blackwolf, Mélopée, Lala Her, Laure, Chris Lilac, Laurence, Awalie, Marie, aBeiLLe, Méli-Mélô

Critique écrite dans le cadre du challenge « SFFF et diversité » de Lhisbei (item 18 : livre traduit).

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