Solaris 150, spécial 30 ans

Deuxième numéro de la revue Solaris offert aux Utopiales 2015 par les éditions québécoises Alire, ce numéro 150 (sorti à l’été 2004) est un numéro spécial 30 ans. Ce genre de numéro est souvent propice à un regard en arrière sur le passé de la revue, et celui-ci ne fait pas exception. On pourrait penser que 30 ans d’histoire d’une revue que l’on connaît à peine, ça n’a guère d’intérêt. Et pourtant, c’est l’occasion de regarder d’un peu plus près une partie de l’histoire de mouvement SFFF au Québec, puisque Solaris en a été l’un des principaux porte-drapeau. Une histoire mouvementée en ce qui concerne la revue, ces 30 premières années (la revue a maintenant dépassé l’âge vénérable de 40 ans) n’ayant pas été de tout repos. Vu la taille de cet article introductif, la partie critique est ici réduite à peau de chagrin (une seule critique), pour laisser une large place à ce qui nous intéresse avant tout : la partie fiction.

Solaris 150- couvertureCinq nouvelles sont au sommaire de ce numéro. On commence avec « Porte ouverte sur Methlande » de Michel J. Lévesque, l’histoire de Claire, une jeune femme qui a le pouvoir d’aller à Methlande, le pays des rêves, et surtout de s’en souvenir à son réveil. Mais une partie du pays des rêves semble être sous la coupe d’un personnage surnommé le Tyran. Claire, aidée par ses alliés, va devoir faire en sorte que Methlande retrouve la paix… en agissant dans le monde réel. Mais tout n’est peut-être pas aussi limpide qu’il n’y paraît… Avec des allers-retours en rêves et monde réel, ce récit ne manque pas d’attraits. Il est juste regrettable que les questions que se pose Claire (et le lecteur avec elle) soient trop vite expédiées. Il aurait été intéressant de faire durer le suspense, en allongeant un peu la nouvelle. En l’état, cela reste une histoire sympathique.

Puis vient « Galdana » de Richard Blanchette. Un récit purement SF avec univers multiples et interconnexions, races extraterrestres et guerres d’influence, plusieurs personnages, une mission spatiale pour rétablir une situation compromise. Tout cela fait beaucoup pour une nouvelle ! Sans doute un peu trop d’ailleurs puisque malgré un déroulé très vif et dynamique, tout paraît un peu trop simple, sans grande anicroche. Sans doute l’auteur a-t-il voulu trop en mettre, alors qu’offrir un peu moins de péripéties et un peu plus de difficultés aurait sans doute été plus intéressant.

« Intervalle » de Louis-Pierre Smith Lacroix se situe à la lisière entre histoire secrète (avec le sulfureux personnage de la Comtesse Bathory et sa cour) et fantastique avec une étrange horloge qui semble ne fonctionner qu’en présence d’une personne en particulier. Plutôt étonnante, c’est une histoire qui fonctionne bien, mais la conclusion m’a tout de même quelque peu laissé sur ma faim.

« L’île de la perdition » de Yves Narbonne est un récit de fantasy se déroulant après le naufrage d’un bateau sur une île inconnue. Johan est le seul rescapé. Il va donc devoir survivre en espérant d’hypothétiques secours. Il se met à explorer l’île et découvrira vite qu’il n’est peut-être pas le seul habitant… Efficace, bien mené, avec du suspense et un brin d’horreur et de mystère, ce texte atteint son but même si on ressent quand même une certaine frustration quant à l’explication finale.

Et enfin le court récit « L’autoroute » de Fabien Tournel clôt ce numéro. Pas très original d’ailleurs, puisque d’autres textes se sont déjà intéressés aux dérives de la société du spectacle, mais la narration de cette nouvelle qui met en scène plusieurs équipes de quatre personnes chargées de tourner à l’infini sur une autoroute qui boucle sur elle-même est plutôt réussie. Bien sûr, cette télé-réalité ne peut pas se contenter de voir des véhicules rouler, il faudra donc pimenter un peu le spectacle, alors qu’à la fin il ne peut rester qu’un seul candidat. Sordide et trash, ce texte ne révolutionne rien mais il est toujours bon de se poser des questions sur les médias constamment à la recherche d’audience à n’importe quel prix mais aussi sur les spectateurs, toujours plus voyeurs et indécents…

A l’image du numéro 195, pas de véritable coup de coeur dans les fictions offertes ici, mais toujours pas de grosse déception et finalement des textes qui se lisent fort bien. Je n’en demande pas forcément plus.

 

Critique rédigée dans le cadre des challenges « Francofou 3 » de Doris« CRAAA » de Cornwall et « SFFF et diversité » de Lhisbei (item 2 : oeuvre francophone mais non française).

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