Zapping cinéma, épisode 27

Posted on 10 mars 2016
Exclusivement du cinéma cette fois, c’est plutôt rare mais l’actualité cinématographique assez chargée et une semaine de vacances m’ont amené plus souvent dans les salles obscures. Et c’est tant mieux car ça valait vraiment le déplacement.

 

Spotlight - afficheSpotlight, de Tom McCarthy

Ce film nous raconte l’enquête de quelques journalistes du Boston Globe pour mettre à jour le scandale des prêtres pédophiles de cette ville, couverts par l’autorité du clergé. Pas de sensationnalisme ici, juste une enquête rigoureuse, menée par des journalistes intègres, voués à faire éclater la vérité. Le sujet est évidemment délicat, et découvrir la mainmise de l’Eglise et les pressions qu’elle a exercées sur de nombreuses personnes et/ou organisations pour étouffer l’affaire fait froid dans le dos.

Le film ne fait pas dans les éclats de réalisation, tout est en retenue, les acteurs jouent leur rôle de manière sobre (bien que j’avoue avoir un problème avec la prestation de Mark Rufallo, son attitude ne lui va pas, et je le trouve pas ici au niveau des autres).

« Spotlight » est très clairement un film important, en ce qu’il met en lumière un phénomène avec lequel l’Eglise Catholique n’a toujours pas fini de se battre (mais y arrivera-t-elle seulement un jour ? Et surtout, au vu de la conclusion du film, en a-t-elle vraiment la volonté ?), et montrant des journalistes qui font de ce métier quelque chose de noble. Un film à même de créer des vocations. Excellent.

 

Demain - afficheDemain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent

« Demain » est un documentaire de deux heures qui présente différentes solutions pour éviter la catastrophe climatique qu’on nous annonce régulièrement. Mais pas seulement un documentaire sur des innovations écologiques plus ou moins locales (bien que cela en fasse partie) puisqu’il nous donne à réfléchir de manière globale : agriculture, énergie, économie, démocratie, éducation.

Si les deux premières parties sont intéressantes mais somme toutes assez classiques (encore faut-il une réelle volonté pour appliquer les solutions proposées, quand bien même on se rende compte que c’est une nécessité), j’ai en revanche été captivé par le côté économique bien que ce soit un secteur que je ne maîtrise absolument pas (et du coup, je suis bien en peine de juger la faisabilité de ce qui est proposé…). Ce qui nous est présenté m’a malgré tout vraiment enthousiasmé, telle la création de monnaies locales qui circulent en circuit fermé dans des économies locales, pour éviter les problèmes de nos systèmes économiques globaux (fondés quasi exclusivement sur la dette, et ça ne date pas d’hier…). Et quand on écoute ce genre d’émission, on se dit que nos politiques sont bien loin de vouloir changer les choses (entre la 30ème et la 34ème minute, c’est édifiant, avec un député qui dénigre l’idée de la monnaie locale alors que j’ai un doute sur le fait même qu’il sache de quoi il s’agit…), préférant rester dans un système qui leur convient très bien.

Mais ne soyons pas béats pour autant, tout ce qui est présenté dans ce documentaire n’est pas forcément transposable aussi facilement sur une grande échelle (beaucoup des initiatives présentées sont adaptées à de petites communautés, voire de petits états) et nécessiterait des adaptations parfois conséquentes, mais il a tout de même un grand mérite : faire réfléchir, sur un ton optimiste qui fait du bien. Et c’est déjà beaucoup.

 

Le pont des espions - afficheLe pont des espions, de Steven Spielberg

Dans la veine « historique » des films de Steven Spielberg, « Le pont des espions » s’intéresse cette fois à la guerre froide et notamment à la chasse aux espions. Quoique plus que la chasse elle-même, le film nous montre le combat d’un avocat (qui a la notion de justice chevillée au corps) chargé de défendre un espion soviétique. Il s’apercevra bien vite, et le spectateur avec lui, que les Etats-Unis étaient parfois aussi expéditifs que leurs ennemis d’alors. L’engagement de cet homme prendra une autre dimension lorsqu’il se retrouvera mêlé à l’organisation d’un échange de prisonniers entre USA et URSS, avec en trouble-fête la RDA, en plein Berlin qu’un tout nouveau mur vient de couper en deux.

Un belle reconstitution historique, une ambiance réussie (le Berlin de la guerre froide est particulièrement glaçant…), des acteurs inspirés (Tom Hanks, fidèle à lui-même, et surtout un excellent Mark Rylance qui incarne l’espion russe à l’incroyable détachement), une narration limpide alors que la situation ne l’est pas vraiment dans ce jeu d’influence et de bluff que se livrent USA, URSS et RDA, « Le pont des espions » a bien des qualités à mettre à son actif. Steven Spielberg ne prend d’ailleurs pas vraiment parti tant il montre que les Etats-Unis avaient à l’époque tendance à juger coupable avant même la tenue des procès contre les espions. L’avocat James Donovan (Tom Hanks donc) le réalise bien et ses arguments pour la défense de l’agent russe ne manquent pas de faire réfléchir mais aussi de le mettre lui et sa famille en danger.

Avec deux parties bien distinctes mais tout aussi réussies l’une que l’autre, « Le pont des espions » (une histoire vraie) n’est peut-être pas le meilleur film de Spielberg mais il montre tout de même avec sobriété et glaciale élégance (mais peut-être un peu trop de retenue ?) que le prolifique réalisateur a encore bien des choses à dire et toute sa place parmi les (toujours) grands réalisateurs.

 

  
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