Zapping cinéma et VOD, épisode 39

Posted on 23 octobre 2017
Tiens, un zapping ! Avec du rattrapage en VOD (notamment le plébiscité « Premier contact »), et du cinéma avec la grosse sortie du moment, « Blade Runner 2049 ». Avec « Life » en plus, on obtient donc un zapping 100% SF, et 66% Denis Villeneuve !

 

Premier Contact, de Denis Villeneuve

Adaptation encensée un peu partout d’une nouvelle de Ted Chiang parue dans le recueil « La tour de Babylone », « Premier contact » est l’exemple même de ce que peut-être une SF intelligente, laissant de côté l’aspect spectaculaire, trop souvent l’unique intérêt des films du genre. Mais anti-spectaculaire ne veut pas dire sans intérêt visuel, bien au contraire. Voir ces gigantesques et mystérieux vaisseaux survoler la planète, ça marque.

Pour le reste, le film met en scène une linguiste chargée de communiquer avec les extraterrestres et de comprendre quel est leur but en venant sur Terre. Dès lors, le film nous montre l’influence du langage sur le mode de pensée (ou peut-être est-ce l’inverse, allez savoir !), une vision d’un temps qui n’est plus linéaire, avec boucle temporelle en plus, le tout enrobé d’un drame personnel dans la vie de la linguiste (très belle prestation de Amy Adams). C’est ambitieux, intelligent, et parfois un tout petit peu obscur en ce qui concerne le fameux langage extraterrestre et ce qu’il implique en terme de vision du temps. La nouvelle de Ted Chiang est sur ce point nettement plus claire. Ceci dit, alors que j’avais du mal à comprendre comment le texte, qui voit sa forme et son fond totalement liés, pouvait être adapté à l’écran, force est de constater que Denis Villeneuve a réussi cet audacieux pari. Tout juste pourrais-je regretter qu’il ait donner une motivation claire à la venue des extraterrestres, là où un mystère tout à fait « clarkien » donnait un charme supplémentaire au texte de Chiang.

Mais ça reste une broutille au vu de la grande réussite du film. Oui la SF ce n’est pas que « pan-pan-boum-boum », ce film en est la plus belle démonstration.

 

Life, de Daniel Espinosa

« Life » est un film qui n’invente rien. Ce n’est ni plus ni moins qu’un recyclage d’une recette bien connue, celle de « Alien ». Et pourtant ça fonctionne, et même plutôt bien. C’est en fait le genre de film qu’on regarde en sachant très bien ce qui va se dérouler sous nos yeux, on n’attend donc aucune surprise. En revanche, ce qu’on attend c’est « comment ça va se passer ». Pas de lointain futur ici, juste la station spatiale internationale qui récupère une capsule ayant récolté des prélèvements martiens. Dans l’un de ces prélèvements, un cellule en dormance. Les scientifiques de la station vont tenter de ranimer cette preuve que la vie s’est développée ailleurs que sur Terre. Le reste… je ne vous fais pas un dessin !

Un film agréable donc, qui ne réinvente pas la roue mais recycle fort bien ce que d’autres ont fait avant lui, avec en prime une fin disons… savoureuse ! Ça nous donne une bonne petite soirée SF, et c’est tout ce que je désirais.

 

Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve

Le voilà enfin le tant attendu et tout à la fois tant craint « Blade Runner 2049 ». Suite du fameux film culte de Ridley Scott (film qu’il vaut mieux avoir à l’esprit avant d’aller voir cette suite), « Blade Runner 2049 » n’était pas un film « nécessaire ». Après tout, pourquoi vouloir donner une suite à un film qui se tenait très bien par lui-même, et qui proposait suffisamment de possibilités d’interprétation pour faire mouliner l’imagination des spectateurs. Et pourtant il est là. Et… ça valait le coup d’attendre !

Car oui, le film est une vraie réussite. A l’instar de « Premier contact », ce nouveau « Blade Runner » n’est pas un film d’action mais plutôt un film d’ambiance. Prenant le temps d’installer des atmosphères, contemplatif, le film aura sans doute le défaut d’être un peu long. Mais il est surtout le reflet de son personnage principal, K, un réplicant chargé d’éliminer de vieux modèles encore en circulation alors que ceux-ci ne sont plus limités en durée de vie, contrairement aux Nexus 6 du premier « Blade Runner ». Un réplicant qui, au fil de son enquête, va se poser des questions sur son statut, sa vie, son passé. Un réplicant qui semble comme hors du monde, dépassé par sa quête et ce qu’elle implique, dépassé par ce qui l’entoure.

« Blade Runner » oblige, on est à nouveau dans le questionnement sur ce qui caractérise voire ce qui définit un être humain. Les émotions étaient au centre du premier film, ici on est dans la procréation. Car une étape semble avoir été franchie par les réplicants…

La suite, il vous faudra aller la voir par vous-même si ce n’est pas déjà fait, mais Denis Villeneuve montre à nouveau qu’il ne fait pas de concessions sur le contenu de ses films. « Blade Runner 2049 » est visuellement superbe certes (pas à coup d’effet spéciaux tape-à-l’oeil mais plutôt avec une photographie renversante de beauté, il faut donc louer Roger Deakins pour ce visuel fabuleux), mais sa forme ne cède à rien à son fond, malgré un scénario un tantinet paresseux. Ce qui n’empêche pas le film de poser des questions pertinentes, dans la droite lignée de son illustre ancêtre, qu’il respecte pleinement. Une suite plus que réussie donc, qui laisse à nouveau certaines pistes ouvertes, et qui permet à Denis Villeneuve de s’affirmer encore un peu plus comme étant LE cinéaste à même de satisfaire les fans de SF exigeants avec le cinéma hollywoodiens. Prochaine étape du réalisateur : « Dune ». Ça promet.

 

  
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