Zapping cinéma, VOD et séries TV, épisode 40

Posted on 8 janvier 2018
Quarantième numéro de mes zappings, toujours plus espacés… C’est la vie qui veut ça ! Mais la rareté des mes visionnages impose de bien les choisir, et on trouve donc ici du divertissant, histoire de se vider l’esprit en passant un bon moment, du grand chef d’oeuvre de série TV et même du court-métrage !

 

Thor : Ragnarok, de Taika Waititi

Thor a pour moi été jusqu’ici le personnage qui a eu le moins de chance avec ses films à lui, plus ou moins les moins bons de l’univers Marvel (le deuxième, tout particulièrement). Est-ce que ça change avec ce film ? Oui et non. Oui car Marvel a décidé de jouer la carte de l’humour, ce qui n’était pas forcément le cas au début pour le personnage, mais ses dernières apparitions ont montré que ça semblait fonctionner. Alors ils y sont allés à fond. Et oui, ça se confirme, ça fonctionne (et Chris Hemsworth semble être très à l’aise dans ce registre). Alors bien sûr, ça n’en fait pas un grand film (ni un grand film Marvel) mais ça aide à passer un bon moment. Et non car franchement ils nous refont le coup du méchant qui est méchant parce qu’il faut être crès crès méchant, avec habits noirs (mais comment Cate Blanchett arrive à entrer dans un tel fourreau ?) et voix grave. Certes on lui donne une espèce de motivation pour expliquer ses actes, mais bon, le but c’est d’avoir un méchant, point barre. Du coup, de ce coté là, c’est assez creux et même très caricatural (on peut légitimement se demander ce que Cate Blanchett est venue faire dans cette galère…). Une constante dans les films de Thor semble-t-il, sauf bien sûr en ce qui concerne Loki dans le premier film. Loki qui, d’ailleurs, n’a plus vraiment l’envergure d’un méchant puisqu’il devient ici un autre élément d’humour et est vraiment relégué à un rôle de side-kick régulièrement ridiculisé.

Bref, pas de chef d’oeuvre ici (mais personne ne s’y attendait hein !) mais un film sympa à voir, pour passer un bon moment, doté quand même de quelques scènes fort sympathiques (il faut dire que des scènes de baston sur la chanson, tout à fait à propos d’ailleurs, « Immigrant song » de Led Zeppelin, ça marche fort bien !).

 

The handmaid’s tale, de Bruce Miller

Si « Thor : Ragnarok » n’est pas un chef d’oeuvre, « The handmaid’s tale » en revanche, dans un genre évidemment tout à fait différent, en est un authentique ! Basé sur le roman « La servante écarlate » de Margaret Atwood sorti en 1985, cette série a énormément fait parler d’elle, et à raison. Pour sa qualité tout d’abord (la série a d’ailleurs fait une razzia aux Emmy Awards avec huit trophées). C’est bien simple : tout est bon dans cette série ! Les acteurs (au premier rang desquels Elisabeth Moss fait un boulot incroyable dans le rôle titre, on pourra d’ailleurs trouver surprenant que cette actrice, avec ce rôle tellement fort sur la liberté des femmes et les dangers d’une théocratie ne piochant que ce qui l’intéresse dans différents textes religieux, se revendique de la scientologie…), les images (superbe photographie aux couleurs délavées pour faire ressortir ce rouge si significatif), la bande-son (faite de morceaux d’ambiance entrecoupés de chansons très justement choisies), etc… Cette série est en fait l’écrin idéal pour faire connaître cette oeuvre essentielle de Margaret Atwood. Le public ne s’y est pas trompé puisqu’elle est devenue un véritable manifeste pour le statut et le droit des femmes à disposer de leur corps, menacés notamment lors de l’élection de Donald Trump.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous raconter l’histoire de cette série dystopique terriblement glaçante (le premier épisode m’a vraiment mis mal à l’aise, et c’est une chose plutôt rare chez moi) et pourtant terriblement d’actualité (cette façon qu’elle a de nous démontrer qu’il n’est finalement pas si compliqué de passer d’une démocratie à une théocratie totalitaire devrait en réveiller plus d’un !). C’est un chef d’oeuvre absolu, une oeuvre que tout le monde devrait voir, une oeuvre d’utilité publique, tout simplement.

 

Beautiful dreamer, de David Gaddie

Basé sur une nouvelle du déjà grand Ken Liu (à savoir « Memoriesof my mother », très courte et lisible en ligne et en VO, mais on me murmure à l’oreille qu’on pourra la lire en français dans un prochain numéro de la revue Bifrost…), « Beautiful dreamer » est un court-métrage de 26 minutes réalisé par David Gaddie. Le pitch est simple : une jeune mère est atteinte d’une maladie incurable (on lui promet deux ans d’espérance de vie) et décide, pour pouvoir voir sa fille grandir, de partir dans l’espace à une vitesse extrêmement élevée, permettant à la relativité d’Einstein de faire son effet. Ainsi, le temps s’écoulant différemment pour elle que pour sa fille, elle peut revenir la voir pendant une journée tous les sept ans. C’est peu. Et beaucoup à la fois.

A partir de là, on retrouve à travers ce court-métrage très touchant toute la finesse qu’arrive à insuffler Ken Liu à ses histoires de SF. Lien familial distendu ou distordu (la mère devenant aussi un peu la soeur à un certain moment, puis carrément la fille…) et temps qui passe sont au coeur de ce film, dans lequel les visites de la mère à sa fille sont un mélange de bonheur mais aussi de tristesse, voire de rejet. Se pose bien sûr la question de savoir si ce choix offert par la technologie est le bon, question dont seul le spectateur aura la réponse, sans doute orienté par la toute dernière phrase de la mère.

Touchant, joliment filmé sans fioriture (avec tout de même de jolis effets numériques discrètement implémentés), c’est incontestablement une belle réalisation (et ça donne envie de voir une aussi belle adaptation de la sublime nouvelle « La ménagerie de papier », à lire et à relire au sein du recueil du même nom), à voir ici avec les sous-titres français signés Nicolas, merci à lui. Tout juste pourrait-on regretter que le paradoxe des jumeaux ne soit pas un peu plus explicité, un parfait néophyte en la matière pourrait ne pas comprendre « l’astuce scientifique » derrière ce court-métrage. Mais c’est à peu près la même chose dans la nouvelle d’origine, par ailleurs très bien adaptée (manque juste une réflexion sur la fille qui finit par avoir plus d’expérience de la vie que sa mère plus jeune qu’elle). A voir.

 

  
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