Star Trek Discovery, saison 1

Posted on 23 mars 2018

La voilà enfin la nouvelle série « Star Trek », longuement teasée depuis de nombreux mois. Bon comme d’habitude, j’arrive un peu après la bataille puisque la fin de la première saison est arrivée il y a déjà maintenant quelques semaines, mais forcément je me devais d’en dire tout de même un mot (ou deux…). Une nouvelle série « Star Trek », ce n’est pas un petit évènement dans le monde de la SF puisque l’univers Star Trek est un des plus vastes du genre et, chose remarquable sur un média particulièrement volatile (la télé et le cinéma), l’un des plus anciens puisque la première série a fait son apparition aux US en 1966. Plus de 50 ans de présence donc, de manière discontinue certes, mais avec tout de même cinq séries « live » (pour un total de 703 épisode !!), une série animée et treize films, on peut dire que l’univers possède une certaine richesse (et c’est sans compter les centaines de romans et comics, qui ne font certes pas partie du « canon » officiel mais qui montrent bien la popularité de la série).

 

  

 

Et voici donc la sixième itération télévisuelle, plus de douze ans après la fin de « Star Trek Enterprise ». Placer une nouvelle série au sein d’un tel univers n’est pas une mince affaire, à moins de faire simple et de se placer là où aucune histoire n’est jamais allée ( 😉 ), typiquement en continuant la chronologie. Mais ce n’est pas ce qu’ont décidé les producteurs du show, composés entre autres de Alex Kurtzman (coscénariste des films « Star Trek » et « Star Trek Into Darkness ») et de Nicholas Meyer (réalisateur et scénariste des films « Star Trek II : la colère de Khan » et « Star Trek VI : Terre inconnue ») pour donner une caution trekienne aux fans inquiets. Une production qui n’a pas été une mer calme puisque Bryan Fuller (qui fut également scénariste sur « Star Trek Deep Space Nine » et « Star Trek Voyager » et qu’on connait bien pour avoir créer les séries « Pushing daisies », « Hannibal » et « American gods ») est parti en cours de route pour divergence d’opinion…

 

  

 

Et donc cette nouvelle série se déroule dix ans avant celle d’origine, dix ans avant les aventures de Kirk, Spock et consorts. Une marge de manœuvre réduite, qui ne peut permettre aucune erreur à la production alors que les fans connaissant le canon trekien sur le bout des doigts attendaient cette résurrection avec impatience, mais aussi avec les couteaux tirés, prêts à la vilipender au moindre écart… La pression était forte… et la tempête n’a pas manqué de rugir ! Mais comment pouvait-il en être autrement ? Je m’explique. « Discovery » se déroule donc dix ans avant la série originelle, celle qui a été diffusée entre 1966 et 1969. Pour respecter une certaine continuité, le design de la nouvelle série devrait donc se rapprocher de celui de la série un peu fauchée de années 60. Souvenons-nous des décors en carton-pâte, des costumes cheaps, des commandes de l’Enterprise à base de gros boutons lumineux, des vaisseaux au design emblématiques mais assez peu détaillés, etc… Pouvait-on se rapprocher de ça dans une série de 2017 ? Bien sûr que non. D’où un design résolument plus moderne, avec affichages holographiques, interfaces tactiles, etc… C’était un choix nécessaire, les spectateurs de 2017 n’auraient pas accepté autre chose. Les moyens techniques ne sont plus les mêmes, et il faut donc savoir s’affranchir de son illustre ancêtre pour vivre sa propre vie. Tuer le père en quelque sorte. Et c’est ce qu’a fait « Discovery ». Et plutôt deux fois qu’une, notamment en réinventant les Klingons, ces antagonistes emblématiques de l’univers Star Trek. Un choix pour le coup pas forcément nécessaire, d’autant qu’il rend caduque la justification du changement de design précédent (entre les Klingons de la série des années 60 et les autres, un changement expliqué dans « Star Trek Enterprise »). Certains s’en sont offusqués (pour ne pas dire plus), de mon côté ça m’a certes surpris, mais je m’y suis fait. Ce qui me dérange un peu plus, c’est que les changements opérés sur les Klingons ne sont pas seulement physiques mais aussi culturels (une architecture radicalement différente, des vaisseaux radicalement différents, un culte des morts que nous ne connaissions pas, etc…). Et ce changement de culture a bien du mal à s’intégrer dans un univers déjà bien établi sur d’autres bases.

 

  

 

Autre choix « discutable » et qui demande une justification (qui viendra dans la saison 2 d’après ce que j’ai compris), l’origine du personnage principal de la série, Michael Burnham. Elle a été recueillie, après que ses parents aient été assassinés lors d’une attaque des Klingons sur la base scientifique où ils travaillaient, par Sarek, personnage bien connu de la série et père du célèbre Spock. Michael Burnham est donc la soeur adoptive de Spock et nous n’en avions jamais entendu parler jusqu’ici. Voilà un élément essentiel de la série qu’il va falloir éclaircir.

 

  

 

Mais revenons sur le scénario de cette saison qui, c’est notable, en plus d’être la plus courte jamais réalisée (15 épisodes) est la première de cet univers à être véritablement feuilletonnante. Finis les épisodes indépendants montrant « l’alien de la semaine » ou « le problème de la semaine », adieu l’aspect procédural si cher à la saga. Ce qui n’empêche pas d’avoir droit à quelques séquences très trekiennes basées sur l’exploration, la découverte et la connaissance de l’autre, mais fondues au sein d’une intrigue plus vaste. Auparavant c’était l’inverse, un nouveau changement de paradigme donc pour la saga Star Trek qui montre qu’elle sait vivre avec son temps. Bon point. Mais cette histoire justement ? Je ne peux pas trop en révéler car les scénaristes ont décidé de jouer la carte de la surprise, et ce à plusieurs reprises. Disons simplement qu’elle relate un conflit naissant entre les Klingons et l’humanité, un conflit qui va menacer jusqu’à l’existence même de la Fédération des Planètes Unies. Mais la Fédération a une arme, qui pourrait bien changer l’issue du conflit, et cette arme c’est justement l’USS Discovery, un vaisseau doté d’un moteur révolutionnaire qui, là encore, a du mal à s’intégrer à ce que nous connaissons de l’univers. C’est simple : le « spore drive » du Discovery est totalement surpuissant. Pas facile de concilier ça et le reste des vaisseaux de la Fédération, d’autant que jamais le « spore drive » n’a été mentionné dans les autres séries.

 

  

 

Mais laissons le temps aux scénaristes d’intégrer tout ça au reste de l’univers, et profitons de ce que la série a à proposer. En premier lieu, un budget confortable qui permet à la production de mettre les petits plats dans les grands. Soyons clairs, sur le plan technique, le show est de toute beauté, largement au niveau de ce que peut proposer un film, hormis pour les extérieurs un peu restreints. On en prend plein les mirettes et c’est un bonheur de voguer dans l’espace en compagnie de l’équipage du Discovery.

 

  

 

Et d’ailleurs, parlons-en de cet équipage. L’accent est clairement mis sur Michael Burnham (jouée par une Soneqa Martin-Green en pleine forme) là où les séries précédentes s’intéressaient à l’équipage dans son ensemble. Ici, c’est Burnham qui est au centre de tout, un peu trop sans doute, tant on a l’impression que tout tourne autour d’elle et qu’elle est la seule à pouvoir solutionner les problèmes qui se posent à l’équipage. Mais les autres membres d’équipage ont aussi de quoi offrir, entre Saru (joué par Doug Jones), un Kelpien qui lutte pour s’affranchir de la présence envahissante de Burnham, Philippa Georgiou (incarnée par Michelle Yeoh), le capitaine de l’USS Shenzou et supérieure hiérarchique de Burnham, le chef de la sécurité Ash Tyler (Shazad Latif) aux lourds secrets, le scientifique Paul Stamets (Anthony Rapp), inventeur du « spore drive », la gaffeuse enseigne Tilly (Mary Wiseman) qui amène un humour fun et jamais déplacé ou bien, et même surtout, le capitaine Gabriel Lorca, tout en ambiguïté, et joué à la perfection par un Jason Isaacs au sommet. Bien différent de l’impulsif Kirk ou du plus posé Picard, Lorca est un capitaine qui a son propre agenda et qui impose le respect à la fois par une discipline de fer et par le magnétisme d’une présence imposante. Superbe, et directement parmi mes capitaines favoris ! Un équipage varié donc et qui, à la manière toute Star Trek de mettre en avant la diversité, offre autant de femmes que d’hommes (y compris aux postes les plus importants), aux origines et aux orientations diverses (on a aussi un couple gay).

 

    

 

Offrant son lot de rebondissements, la série ne manque donc pas d’attraits, entre un début de saison plutôt dynamique bien qu’un peu trop martial pour être tout à fait trekien (même si la guerre a souvent été au cœur des intrigues de la saga), avant de se renouveler en quelque chose… d’autre (pas de spoiler !). Elle parvient en fait, tout en se bonifiant au fil des épisodes, à jouer les équilibristes entre la voie qu’elle doit suivre pour installer sa propre identité et le devoir de respecter une certaine continuité (je serais aussi tenté de parler de fan-service par moment, mais j’avoue je suis assez client de ce genre de chose), malgré quelques légers accrocs ici ou là (la présence d’un holodeck dans un vaisseau de la Fédération en 2256, vraiment ?). Un positionnement bien délicat mais qui bon gré mal gré tient la route. Et en dépit d’un dernier épisode un peu bâclé (cette façon de fermer les fils narratifs est un peu trop expéditive pour être pleinement satisfaisante), je dois avouer avoir pris beaucoup de plaisir à regarder cette saison. D’ailleurs, au vu du plan final du dernier épisode, je ne peux qu’attendre l’arrivée de la saison 2 avec une grande hâte. Il faudra pourtant faire preuve de patience, puisqu’elle ne débarquera pas avant mi-2019…

 

  

  

  

  

  

 

 

  
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