Zapping cinéma et VOD, épisode 45

En bon passionné par la conquête spatiale, je ne pouvais pas manquer d’aller voir « First Man » au cinéma. Et puis, au fil d’une discussion sur ce sujet sur le serveur Discord le plus cool de la galaxie (amateurs de SF, ce serveur est fait pour vous !), un titre de film très connu mais que je n’avais pas vu est apparu (« L’étoffe des héros »). Il n’en fallait guère plus pour faire un petit zapping spécial « programme spatial américain ». Ce n’est pas de la SF, non, mais ça me remplit quand même la tête d’étoiles. Et de poussière de Lune… 😉

 

First Man, de Damien Chazelle

« First man », réalisé par l’ultra talentueux Damien Chazelle, est un biopic qui met en images la biographie autorisée de Neil Armstrong. C’est dire qu’on est en droit d’attendre quelque chose de crédible. N’ayant pas lu le livre, je ne pourrai juger de la fidélité de cette adaptation. Je ne connais pas non plus par coeur la vie de Neil Armstrong, donc je ne dirai rien non plus de la fidélité du long métrage avec l’homme.

En revanche, je peux dire avoir adoré film ! En maintenant un délicat équilibre entre l’intensité des missions en vue d’aller sur la Lune et la vie personnelle de d’Armstrong, « First man » parvient à captiver son audience alors qu’il raconte des faits, au moins pour le côté « public », connus de tous. Oui Ryan Gosling remplit parfaitement son rôle en incarnant cet homme à la fois renfermé (un aspect qui convient parfaitement au taciturne Gosling) et hors du commun, oui ces hommes de l’extrême ont pris des risques fous (et certains y ont laissé leur vie…), oui on s’accroche à son siège lors de la superbe séquence d’alunissage.

« First man » n’est toutefois pas un film d’action hollywoodien, c’est un film qui prend son temps, mettant en lumière la complexité et les contradictions d’un homme difficile à cerner. Entre vie personnelle parfois tragique (la perte de sa fille âgée de moins de trois ans) et perturbée par les obligations liées à son engagement dans le programme spatial (mentionnons ici le rôle de Claire Foy qui donne corps au personnage de « la femme de », toujours souriante en public mais autrement plus complexe que ce que le public a pu percevoir), et vie professionnelle menée avec un talent certain, on découvre un homme aux multiples facettes, capable de susciter de multiples sentiments parfois contradictoires.

Réalisé de main de maître par un Damien Chazelle qui, après « Whiplash » et « La La Land », continue son sans-faute au cinéma, accompagné à la musique par un Justin Hurwitz (compositeur inséparable du réalisateur) inspiré (utilisation de cet étrange instrument qu’est le thérémine, plusieurs thèmes aériens joués à la harpe et qui se rencontrent dans le morceau/point culminant « Landing » de toute beauté, une scène qui va définitivement entrer dans mon panthéon personnel et la musique n’y est pas pour rien, elle sonne d’ailleurs un peu comme un mélange de Philip Glass et du Hans Zimmer de « Interstellar » et sa fameuse séquence du « docking »…), « First man » est un film à voir absolument par toute personne intéressée par la conquête spatiale, mais il a aussi tous les atouts pour séduire un très large public. Excellent.

 

L’étoffe des héros, de Philip Kaufman

Film récompensé par quatre Oscars en 1984 (Oscars techniques essentiellement, avec tout de même la meilleur musique), « L’étoffe des héros » est, il me semble, un film culte. Culte car j’en entends parler régulièrement, les noms des personnages qui y sont dépeints ne me sont pas inconnus (Chuck Yeager bien sûr, mais aussi quelques-uns des « Mercury Seven » comme Alan Shepard qui marchera sur la Lune avec Apollo 14, John Glenn, (qui deviendra l’astronaute le plus âgé de l’histoire en volant sur la navette spatiale à l’âge de 77 ans), Deke Slayton ou Gus Grissom au triste destin avec Apollo 1, un drame décrit dans « First man »), et pourtant je ne lui avais jamais accordé l’attention qu’il méritait.

Car oui, il faut un peu de temps pour se pencher sur ce film de près de trois heures (allez, j’avoue, j’ai triché, j’ai découpé mon visionnage en plusieurs morceaux, faisant de ce film une mini-série…). Et pourtant, là encore pour quelqu’un qui s’intéresse à la conquête spatiale, c’est un must-see absolu. On y voit une Amérique quelques années après la Deuxième Guerre Mondiale, lancée dans une course technologique au niveau aviation. Chuck Yeager (joué par Sam Shepard) l’incarne parfaitement, lui qui fut le premier homme à franchir le mur du son. Et pourtant, c’est aussi une Amérique qui reste un brin passéiste, comme si elle préférait rester sur un ancien mode de vie duquel elle ne veut pas se séparer. Ainsi la base Edwards en Californie, lieu où sont testés ces avions ultra-modernes (et aussi ultra-dangereux), et son bar qui ressemble à un saloon du far-west auquel on arrive à cheval…

Mais « L’étoffe des héros » est aussi un passage de témoin entre deux époques, celle de ces pilotes de l’extrême, battant tous les records les uns après les autres (Chuck Yeager en tête donc), et celle de ces nouveaux pilotes qui deviendront des astronautes. Ainsi, le film s’étend sur cette sorte de changement de paradigme : il ne suffit plus de voler dans un avion supersonique pour être « au top », il faut être astronaute. Et Chuck Yeager en fera les frais, lui le meilleur qui ne sera pas sélectionné pour le programme spatial sous prétexte qu’il n’est « que » pilote et pas ingénieur… Sam Shepard incarne à merveille ce Chuck Yeager très détaché mais qu’on sent aussi très amer…

Et le film nous donne donc à voir le début du programme spatial avec ces « Mercury Seven » (qui doivent leur nom au programme auquel ils ont participé). Mené par la jeune garde des acteurs de l’époque (notamment Dennis Quaid dans le rôle de Gordon Cooper et un lumineux Ed Harris incarnant John Glenn), « L’étoffe des héros » retrace donc rien de moins qu’une partie de l’histoire de la conquête spatiale. Pas la plus connue, mais pas la moins essentielle. Passionnant.

 

Apollo 13, de Ron Howard

« Houston, we have a problem« , « Failure is not an option », deux célèbres phrases issues du film « Apollo 13 » réalisé par Ron Howard en 1995, mais aussi de la fameuse mission du même nom de 1970, un « échec réussi » parmi les plus connus. On ne présente plus ni l’un ni l’autre bien évidemment. J’avais déjà vu le film, au moins à deux reprises, et je dois dire que même plus de vingt ans après et connaissant l’histoire (et l’Histoire) par coeur, ce long-métrage est toujours aussi prenant.

Très fidèle à la réalité (à quelques détails près), pour un amateur de la conquête spatiale, c’est du pain béni. Prenant, crispant, héroïque, porté par des acteurs très justes (un casting reprenant les grands seconds rôles de l’époque tels Bill Paxton, Kevin Bacon ou Gary Sinise, mais aussi les leaders d’alors, Tom Hanks et Ed Harris en tête), « Apollo 13 » reste pour moi une réussite sur toute la ligne. Et pour la première fois, je l’ai regardé en VO, avec ce petit plus en authenticité puisque les nombreux messages radios entendus durant le film sont les vrais messages issus de la mission réelle.

On s’amusera donc de revoir ici Ed Harris qui, après joué John Glenn dans « L’étoffe des héros », renoue avec le programme spatial américain dans la peau de Gene Kranz, le charismatique « lead flight director » de cette mission. Et si on retrouve cet acteur dans deux films sur le programme spatial américain, il est amusant de constater qu’à l’inverse, les personnages importants de cette époque traversent eux aussi les trois films présentés ici. Deke Slayton par exemple est présent sur chacun d’eux, lui qui a fait partie des « Mercury Seven » avant d’être interdit de vol pour raison médicale et de devenir responsable de l’entraînement et de la sélection des astronautes pour les programmes Gemini et Apollo. On pourrait ainsi citer de très nombreux noms, tel celui de Gus Grissom (qui n’apparaît pas dans « Apollo 13 », et pour cause puisqu’il est mort durant l’essai d’Apollo 1, mais qui est cité au début du film), et le fait est que ces trois films réunis permettent d’avoir une vue d’ensemble assez exacte (de ce que j’en sais en tout cas) du programme spatial américain, depuis le programme Mercury décrit dans « L’étoffe des héros », jusqu’aux programmes Gemini et Apollo décrits dans « First Man », « Apollo 13 » s’intéressant pour sa part à une mission bien précise.

Pour être parfaitement complet (en omettant tout de même les nombreux documentaires sur le sujet, et ils sont et seront encore nombreux puisqu’on célèbrera en 2019 le cinquantenaire du premier pas sur la Lune, autant dire qu’on devrait en entendre parler), il faudrait ajouter l’excellente série de HBO, « De la Terre à la Lune », produite par… Tom Hanks, encore lui, à la fin des années 90 (après le succès du film « Apollo 13 » au cinéma donc), série que j’avais vue à l’époque quand elle passait sur Canal+ et qui elle aussi dressait un panorama plutôt complet du programme spatial américain au travers de ses douze épisodes sur le mode du docu-fiction, et que j’ai bien l’intention de revoir un de ces jours.

Trois films, une série, et vous saurez tout ou presque des programmes Mercury, Gemini et Apollo. Bon, c’est pas tout ça, mais on y retourne quand là-haut ?

 

  
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