Le Livre d’Or de J.G. Ballard

Posted on 11 octobre 2013

Nouvelle incursion dans cette excellente collection des « Livres d’Or », avec encore une fois un auteur reconnu mais inconnu de moi : James Graham Ballard. Un auteur qui, à première vue, me parait plutôt difficile d’accès, ou tout au moins assez éloigné d’une SF classique et donc pas forcément immédiatement « assimilable ». Voyons ce qu’il en est.

 

Quatrième de couverture :

Jim G. Ballard est né à Chang-hai en 1930. Son enfance est marquée par l’expérience de la déportation dans un camp militaire japonais en Mandchourie. Établi en Angleterre en 1946, il fait des études de médecine, puis exerce divers métiers avant de se consacrer entièrement à la littérature. Évoquant des avenirs de catastrophe, il imagine dans son oeuvre, avec un art d’un réalisme hallucinant, l’effet de profonds changements physiques sur le comportement humain. Tant par ses romans — le Monde englouti (1962), le Vent de nulle part (1964), Sécheresse (1965) — que par ses recueils de nouvelles — la Foire aux atrocités, Vermilion Sands — , il s’est imposé comme l’un des auteurs les plus significatifs du temps présent.

 

La psyché humaine décortiquée

Livre d'Or-BallardEt effectivement, Ballard ne fait de la SF « traditionnelle ». On navigue ainsi au coeur de la psyché des hommes et des femmes, personnages soumis à différents stimuli du monde extérieur, qu’ils soient bons ou néfastes.

Ainsi, après la traditionnelle (et encore une fois passionnante) longue préface consacrée à l’auteur, la première sélection de nouvelles (cinq au total) a pour nom « Oppressions subtiles ». Et ça commence de superbe manière, avec « L’homme subliminal » dans laquelle le personnage principal se trouve soumis à l’influence de gigantesques panneaux d’affichage qui n’affichent… rien ! En tout cas rien d’apparent, puisqu’ils fonctionnent de manière subliminale. Une nouvelle qui se déroule dans une société où la consommation est reine, une société où consommer est bien vu, où il FAUT consommer, où l’obsolescence programmée des équipements des ménages est une réalité, etc… Bluffant !

Et la nouvelle suivante est tout aussi bonne. « L’homme saturé » nous montre un homme qui parvient, par simple concentration, à « déconstruire » le monde qui l’entoure, pour ne plus être victime de la pression de l’extérieur. Ainsi, il finit par obtenir dans son esprit une représentation minimaliste de son environnement. Jusqu’à l’ultime limite…

Deux nouvelles, et deux claques, ça commence fort ! La troisième nouvelle « Treize pour le Centaure » revient à un récit plus classique, mais toujours passionnant sur un immense jeu de dupes mettant en scène un groupe d’astronautes partis pour Alpha du Centaure. Classique, mais super efficace !

Pour ne garder que le meilleur de ce volume, passons à la seconde partie, intitulée « Plis du temps » (cinq nouvelles à nouveau), et attardons nous sur « Un assassin très comme il faut » ou « Le Vinci disparu », jolies variations sur les voyages temporels, notamment la première citée qui insiste bien sur les conséquences de tels voyages quand on désire changer le passé. Quant à « Perte de temps », ceux qui apprécient le film « Un jour sans fin » seront aux anges ici, sur le thème de la boucle temporelle.

La troisième et dernière partie, « Zones sinistrées » (quatre nouvelles), nous montre à quel point Ballard insistait sur la notion de paysages, représentations de l’esprit humain. Dans « Le géant noyé », superbe parabole sur les comportements humains, un géant échoue sur une plage. Nulle explication à ce phénomène, mais le récit de ce qui se passe après, de l’étonnement, la curiosité, parfois malsaine, jusqu’à l’indifférence, le désintérêt, puis enfin les plus bas instincts : le corps du géant n’est plus respecté, il est souillé, profané, puis découpé en morceaux pour des buts parfois plus que contestables… « La cage de sable » et « Les statues qui chantent » font elles aussi dans l’analyse picturale de la psyché de leurs personnages, en installant une ambiance douce, mélancolique, presque apathique, et pourtant si subtile.

C’est donc une bien belle découverte, presque une révélation que ce recueil m’a offert ! D’un auteur qui me « faisait peur », Ballard devient maintenant un auteur qui m’intéresse beaucoup ! Un revirement auquel je ne m’attendais pas vraiment mais qui va me permettre de me tourner vers ses oeuvres les plus reconnues, telles « Crash », « I.G.H. », « Sécheresse », « Le monde englouti », « La forêt de cristal », « Vermilion Sands », etc… Vaste mais excitant programme !

 

Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune.

 

  
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