Premier sang, de Joe Abercrombie
Parue en France chez J’ai Lu en 2007 (uniquement pour le premier tome, et sous le titre « L’éloquence de l’épée »), avant d’être reprise par Pygmalion en grand format en 2010, la trilogie de « La Première Loi » et son auteur Joe Abercrombie étaient précédés d’une réputation flatteuse mais un peu trop entendue ces derniers mois/années : renouveau de la fantasy, coup de pied dans la fourmilière des clichés, etc… Mon envie de me replonger dans un peu de fantasy m’a finalement incité à me lancer dans ce cycle, qui m’intéressait tout de même il faut le dire, depuis sa sortie.
Quatrième de couverture :
Jadis synonyme de liberté et de progrès, l’Union n’est plus que l’ombre d’elle-même, minée par la corruption, les complots de toute sorte et l’incompétence notoire de ses dirigeants.
Ces derniers n’ont aucune conscience des dangers qui les guettent : au nord, les clans barbares se rassemblent sous une bannière unique ; du sud, où les forces du Gurkhul étaient jusque-là tenues en respect par l’armée régulière, proviennent de bien curieuses rumeurs.
Bayaz, le Premier des Mages, sort de sa retraite millénaire pour sauver ce qui peut encore l’être. Son plan inclut un barbare philosophe, un jeune officier écervelé, un navigateur volubile, une intrépide chasseresse,un apprenti dépressif et surtout une grosse, grosse colère…
Tout ça pour ça, et pourtant. . .
Joe Abercrombie fait partie, avec entre autres Scott Lynch ou Patrick Rothfuss (pas lu ce dernier pour le moment, mais « Les Salauds Gentilshommes » de Scott Lynch, c’est de la bombe !) de cette nouvelle vague de jeunes auteurs talentueux censés avoir fait bouger la littérature de fantasy, la faisant entrer dans la modernité, reprenant les habituels clichés pour mieux les retourner.
J’attendais donc beaucoup de ce roman initial de la trilogie (premier cliché !) d’Abercrombie. Et je dois dire que c’est bien bon, mais pas tout à fait dans le sens où je l’attendais. La plume est correcte, l’aventure est intéressante, mais c’est long, très long. A vrai dire, il ne se passe pas énormément de choses dans ce roman de 700 pages. Et pourtant ça fonctionne pas mal, et on suit avec intérêt les éléments se mettre en place dans ce qui constitue en fait une gigantesque introduction. On fait connaissance avec les personnages les uns après les autres, du gros costaud rebelle qui ne se pose pas trop de questions (deuxième cliché !) au jeune soldat aristocrate arrogant (troisième cliché !), le tout sous l’égide d’un vieux mage qui en garde sans doute pas mal sous la semelle (mega combo de clichés !). Et tous (ou presque…) se réunissent pour aller mener une quête mystérieuse à l’autre bout du monde (ultra combo !!). Mais ne soyons pas trop médisant, il y a des éléments réjouissants, comme une certaine violence qui ne se cache pas, et un personnage absolument délicieux en la personne de Glotka, un inquisiteur infirme qui joue de son cynisme comme de ses instruments de torture.
Alors oui le roman prend son temps, et pose tranquillement les bases de son univers, avec ses peuples, son histoire, sa géographie (malgré l’absence de carte, mais ce n’est pas vraiment la came de l’auteur). Les personnages ont finalement le temps d’être bien développés (c’est clairement le point fort du roman), sont tout sauf monolithiques, tout en laissant une bonne part de mystère, notamment pour sans doute un des plus importants d’entre eux : le mage Bayaz, et même si tous ne soulèvent pas un grand enthousiasme (j’avoue que le jeune épéiste Luthar m’a un peu laissé froid), le tout se suit avec plaisir.
Mais cela peut surprendre quand on attendait quelque chose qui explose la trop classique fantasy. Oui j’ai lu ce roman avec plaisir, mais j’ai en fait pris du plaisir à la lecture d’un roman qui reprend tout un tas de poncifs, en s’autorisant tout de même une bonne dose de cynisme. J’en attendais sans doute trop tout de suite, mais arrivé à la fin du roman, je suis sûr d’une chose : tout est réuni pour que tout cela vole en éclat (en tout cas je l’espère !) dans le tome 2, qui je lirai tout prochainement avec grand intérêt !
Lire aussi les avis de Blackwolf, les lectures d’une guenon, Bruno19, Nanet, Licorne, tam-tam, Merkantil, Codotusylv, Ella.
Les deux volumes suivants contiennent aussi leur lot de longueur, mais l’histoire avance sérieusement et j’avoue que la fin m’a particulièrement plu. On n’arrive pas forcément là où l’on pouvait l’imaginer au début. Et Glotka est effectivement un personne délicieux à suivre. :p
Cool !
Parce que maintenant que tout est en place, j’attends que ça envoie du bois moi !^^
Un auteur que je découvrirait bien un jour. Mon beau-frère en est fan. Mais je vois que le roman a les travers de la fantasy actuelle : tirer en longueur. Ceci dit, je me replongerait bien dans de la fantasy également. Le nouveau Scott Lynch alors? Le dernier Abercrombie (pourquoi pas le lire pour le Prix Planète SF), ou Rothfuss que je n’ai jamais lu? 😉
Ah oui, on ne peut pas nier qu’il y a des longueurs… Mais après cette trilogie, l’auteur s’est mis aux « one-shots », et ça, ça me plait ! C’est d’ailleurs essentiellement en vue de ces one-shots que je lis la trilogie avant.
Pour Rothfuss, je ne peux pas t’aider (mais il a plutôt bonne presse), par contre Scott Lynch, j’adore !
700 pages pour une intro ? Relisez Borges…
La concision n’est plus de ce monde… 😉
ce titre fait parti de ceux qui captent mon attention en magasin de par la couv’ (faut pas me demander pourquoi) mais sur lesquels je ne me suis jamais penchée. C’est intriguant j’avoue, même si j’attendrais ton retour sur la suite avant de me lancer (ou pas)!
C’est clair que pour un bouquin qui est vendu comme cassant les clichés de la fantasy y’en a finalement un paquet huhu, mais bon. Renouveler complètement le genre? Bon courage à celui qui y arrivera… ^^
Je pense lire la suite très prochainement.
Pour les clichés, oui il y en a beaucoup ici, mais je soupçonne l’auteur de l’avoir fait exprès, pour mieux tout mettre en l’air par la suite… À suivre… 😉
Je n’ai pas lu ce roman, mais je suis toujours admiratif devant la capacité qu’ont certains auteurs à composer avec des clichés sur près de 700 pages, pour finalement embarquer le lecteur dans un voyage réjouissant. C’est loin d’être simple ! Pour en revenir à l’article, tu penses qu’il vaut mieux attaquer Joe Abercrombie avec « Premier Sang » ou « Servir Froid » ?
Oui il faut avouer que je me suis vraiment laissé embarquer.
Pour l’auteur, je suis un peu du genre complétiste, donc comme tout ce qu’il a écrit se déroule dans le même univers, je préfère ne pas louper de références (d’autant qu’il y en a avec certains personnages qui reviennent) et lire la trilogie avant d’attaquer « Servir froid ».
Ceci dit, il semblerait que ce dernier se lise aussi très bien indépendamment du reste.
À toi de voir ! 😉
Je viens de le finir (et je l’ai lu aussi en grande partie pour aller attaquer les one-shots), et j’ai un avis un peu inverse au tien. J’ai adoré la première partie, tout en noirceur et en cynisme, où l’on découvre que tous les personnages sont mauvais (plus ou moins). Il y a une sorte d’aura pessimiste assez grandiose.
J’ai eu par contre un peu de mal avec la fin, où tout le monde se réunit gentiment pour participer à une même quête, ce qui est là tout à fait cliché (je ne pensais pas que ça tournerait ainsi, ça m’a un peu déçu).
Ça reste un roman sympa. On verra si Abercrombie arrive à me récupérer dans le tome 2 ^^
C’est vrai qu’il y a une part d’ombre dans tous les personnages (chez certains c’est même bien plus qu’une part…^^), et la noirceur du roman est bien présente.
Ca n’empêche pas l’accumulation de clichés. Mais je pense que c’est un effet voulu par l’auteur, et d’ailleurs ça ne me dérange pas.
Mais c’est vrai que tout le monde s’aligne gentiment avec Bayaz à la fin du roman pour mener cette quête dont on ne sait rien, et les justifications des personnages pour cela sont par fois un peu justes (Logen qui suit sans trop poser de questions, mouais…).
Seul Glotka a un destin différent, et je suis bien curieux de savoir où cela va le mener.
Et bien entre ta chronique et certains commentaires, je ne suis pas très intéressée. Il fut un temps où j’allais me jeter dedans (je l’ai emprunté deux fois à la médiathèque).
Pas inintéressant, hein, mais juste long. Ceci dit, ça se lit très bien, et ce roman sera sans doute à re-juger à l’aune de la trilogie complète… 😉
Il me faisait de l’oeil, mais vu ton ressenti, je vais sûrement passer mon chemin… Du moins, jusqu’à ce que je n’ai plus rien à me mettre sous la dent (quelle douce illusion). Cela dit, je guette tout de même la chronique du second, histoire de voir si ça évolue dans le bon sens ou s’il faut dès lors abandonner ! 🙂
La chronique du deuxième tome vient d’arriver, changement radical, c’est excellent ! 😉
Salut lorkhan je passe pour la premiere fois ici et j’espere qu’on pourra echanger sur nos lectures 🙂 encore desole pour le message.., et tu me donnes envie de lire abercrombie. J’ai servir froid dans ma PAL
Si tu as envie de lire du Abercrombie, ne te gênes pas, c’est très bon. 😉
J’ai aussi « Servir froid » sur ma PAL, mais pas encore lu.
Ah ben si tu veux on peut faire une lc 😉
C’est gentil mais pour le moment j’ai d’autres lectures sur le feu. 😉
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