Un feu sur l’abîme, de Vernor Vinge

Posted on 19 mai 2014
Quand on parle de space operas d’envergure, « Un feu sur l’abîme » figure toujours en bonne place dans les discussions. Son auteur, Vernor Vinge, n’est pas des plus prolifiques mais se permet pourtant le luxe d’avoir de nombreux prix à son actif, notamment cinq prix Hugo, dont celui du meilleur roman pour le livre qui nous intéresse aujourd’hui.

 

Quatrième de couverture :

L’expédition straumlienne est tombée sur un trésor aux confins de la Galaxie : une mine de programmes inconnus dans les Archives d’une civilisation disparue. Mais, en l’explorant, elle éveille une Perversion, une Intelligence Artificielle qui ne songe qu’à soumettre et à détruire. Toutes les civilisations. Toutes les formes de vie. Deux enfants parviennent à s’échapper. Ils emportent avec eux le seul remède possible. Mais ils sont incapables de diriger leur navire…

Vernor Vinge nous donne ici le plus fabuleux space opera de ces dernières années, qui a obtenu le très convoité prix Hugo.

 

Plus c’est long, plus c’est bon ?

Un feu sur l'abîme - VingeC’est bien la question qu’on peut se poser (et espérer une réponse positive !) lorsqu’on prend en main ce joli pavé de près de 800 pages. Et le début du roman n’a pas manqué de m’inquiéter : la mise en place est un peu longuette, et pas toujours exposée de manière très claire. Les choses s’améliorent heureusement par la suite, mais les défauts sont des choses très mesquines, et lorsqu’ils sont chassés, c’est pour mieux réapparaître ailleurs…

Car le roman peut se diviser en deux parties narratives bien distinctes. La première, très space opera (mais loin de faire dans le spectaculaire), s’avère tout à fait satisfaisante. On y découvre une chose ancienne et redoutable, la Perversion, qui fait planer une menace sur la galaxie entière, et on découvre également de quelle manière Vernor Vinge a imaginé cette galaxie et sa « théorie de l’évolution ». Celle-ci s’appuie sur une base technologique toute simple : plus on s’éloigne du centre de la galaxie, plus la technologie peut se développer. Ainsi, les civilisations proches du centre n’ont pas la possibilité d’explorer l’univers (ou très peu, à vitesse subluminique), tandis que celles situées sur les bords (parfois issues de civilisations plus proches du centre mais qui ont réussi au fil des générations à s’éloigner) sont très avancées, avec notamment la possibilité de voyager à des vitesses proches de la vitesse de la lumière. Une idée simple mais assez géniale, qui permet de donner une teinte originale à cet univers.

La deuxième partie, elle, voit deux enfants, fuyant cette Perversion avec leurs parents, s’échouer sur une planète inconnue. Inconnue mais pas inhabitée. Et dans cette partie, dites adieu à la SF (ou presque), bonjour à la fantasy (ou presque). En effet, plus proche du centre galactique, la civilisation de cette planète reste proche de l’époque médiévale technologiquement parlant. Ce qui n’empêche toutefois pas Vinge de développer de nouvelles idées encore géniales : les habitants de cette planète, les Dards, ressemblent à des chiens au long cou, mais ont surtout la faculté de décupler leur intelligence lorsqu’ils forment une meute de plusieurs créatures. Avec cela, Vinge imagine toutes sortes de possibilité : contrôle des naissances pour obtenir un être parfait, faire et défaire des meutes pour changer la personnalité de l’être résultant, etc… En plus de cela, cette planète est le théâtre d’une lutte d’influence entre deux groupes qui, avec l’arrivée des deux enfants et leur technologie, va tourner à la guerre ouverte.

Je n’en dis pas plus, mais l’auteur a plein d’idées qu’il n’hésite pas à intégrer à son récit. Sauf que… Je n’ai pas réussi à m’attacher à cette partie là. Autant la partie space opera ne m’a pas posé de problèmes, et j’ai aimé découvrir cette course contre la montre, les événements expliqués par le biais d’un réseau de communication qui fait furieusement penser à un mélange de newsgroups, de forums et de réseaux mobiles d’aujourd’hui. Pas mal pour un roman datant de 1992. Mais cette partie sur le monde des Dards m’a quand même pas mal ennuyé, et je me suis retrouvé englué dans ce roman qui m’a finalement pris un temps fou à terminer… Pas d’attachement pour les enfants, pas d’empathie pour les Dards, peut-être trop étranges pour moi (à moins que ce ne soit la faute de l’auteur qui n’est pas parvenu à les rendre attachants).

Je ne remets absolument pas en cause l’imagination de Vernor Vinge, qui semble vraiment être un écrivain d’idées, mais je suis plus réservé sur ses qualités de conteur. Ce roman a eu deux suites, « Aux tréfonds du ciel » qui se déroule plusieurs milliers d’années avant « Un feu sur l’abîme », et « Les enfants du ciel », suite directe de ce dernier. Je ne m’interdis aucunement de les lire, notamment « Aux tréfonds du ciel » (je suis plus méfiant sur l’autre qui semble se passer essentiellement sur le monde des Dards), mais je pense plutôt m’intéresser à « Rainbows End » pour découvrir une tout autre facette du romancier, loin du space opera (mais avec encore un Hugo et un Locus à la clef !).

 

Lire aussi les avis du blog des bouquins, Culture SF, Blop, les critiques de l’imaginaire, Geek de lecture.

 

Chronique écrite dans le cadre du challenge ”Les chefs d’oeuvre de la SFFF” de Snow.

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