Silo Origines, de Hugh Howey

Posted on 5 juin 2014
Après un premier tome convainquant, Hugh Howey a donc remis le couvert avec « Silo Origines », en forme de préquelle au roman qui l’a découvert aux yeux du public. Le danger avec ce genre de projet, c’est de succomber à la tentation mercantile de faire fructifier ses acquis. Brisons le suspense, au-delà de l’aspect financier, il y a une réelle plus-value à la lecture de ce deuxième volume (qui n’a d’intérêt que si on a lu le premier, cet article n’évitera d’ailleurs pas certains spoilers sur le-dit roman).

 

Quatrième de couverture :

En 2049, le monde est encore tel que nous le connaissons, mais le temps est compté. Seule une poignée de potentats savent ce que l’avenir réserve. Ils s’y préparent. Ils essaient de nous en protéger. Ils vont nous engager sur une voie sans retour. Une voie qui mènera à la destruction ; une voie qui nous conduira sous terre. L’histoire du silo est sur le point de débuter. Notre avenir commence demain. 

 

L’avant post-apo

Silo origines - HoweyIl serait vraiment intéressant de savoir comment cette saga a été imaginée par Hugh Howey. Au départ, une nouvelle, puis une deuxième, puis devant le succès, la constitution du premier roman, pas foncièrement original mais rythmé et bien maîtrisé, l’exemple même du page-turner efficace. Reste à savoir si l’auteur avait un plan d’ensemble de la saga, imaginé avant sa publication, ou s’il l’a construit au fur et à mesure.

Mais dans l’un ou l’autre cas, force est de constater que le romancier a su créer un contexte, contexte qu’il s’efforce de décrire dans le premier des trois blocs qui constituent le roman. « Silo Origines » est en effet découpé en trois parties bien distinctes. La première décrivant « l’avant-Silo », la seconde montrant, une fois les silos bien installés, une gestion de crise risquant de conduire au drame dans l’un d’eux, et la troisième se déroulant à l’époque du premier roman, revenant plus avant sur certains détails de celui-ci.

Et donc, dans la première partie, Hugh Howey nous explique ce qui a conduit à la construction des silos. Entre complot, secrets, politiciens « sauveurs » de l’humanité mais prêts à un immense sacrifice pour cela, cette partie tient le lecteur en haleine, d’autant plus que, reposant sur des chapitres courts, le roman sait se faire nerveux. J’avoue tout de même avoir un peu tiqué sur THE événement juste avant l’entrée dans les silos, un petit goût de too-much en bouche…

La deuxième partie s’attarde sur la gestion d’une crise risquant de mener le silo 18 au désastre. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler outre-mesure, mais au-delà de cette intrigue, Hugh Howey continue à placer ses pions, à apporter de menues réponses au lecteur qui a donc le bonheur de continuer à remettre tous les indices laissés ici ou là par l’auteur dans l’ordre pour percer les mystères encore nombreux.

Enfin, la troisième partie, revient sur ce qui a conduit le silo 17 à la situation que l’on connait à la fin du premier tome, en alternance avec un autre point de vue revenant sur les derniers mystères restants, tout en en amenant d’autres. La fin du roman coïncide avec la fin du premier volume, et se termine sur une conclusion qui ne peut que donner envie de se jeter sur la conclusion de la trilogie (qui arrivera au mois de septembre).

Ces trois parties gardent un fil rouge, un personnage qui deviendra incontestablement un personnage clé du troisième et dernier tome, quelle qu’en soit la fin. Cette construction en trois parties distinctes à un défaut : pas de vraie intrigue globale, mais plutôt un exercice de world-building de la part du romancier, qui finalement pose plutôt les bases du dernier tome en densifiant le contexte de sa série. Un exercice de style que l’auteur mène malgré tout de très belle manière, en proposant là encore un page-turner de la plus belle eau, malgré quelques passages un peu longuets, notamment dans la dernière partie (les passages qui concernent Jimmy en particulier).

Hugh Howey ne prétend donc pas révolutionner la SF avec ce « Silo Origines », qui n’a d’ailleurs, quand on y regarde de près, rien de fondamentalement surprenant si on a un peu de « bouteille » en SF, mais malgré tout, ce qu’il fait, il le fait bien. Une lecture plaisir en somme. Et de ce côté là, c’est une réussite.

Lire aussi les avis de Gromovar, Lune, Bibliomanu.

  

FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail