La glace et le sel, de José Luis Zárate

Posted on 6 avril 2017
Dracula, ce personnage mythique, maintes fois revisité, maintes fois analysé. Et pourtant il reste de la place comme le montre ce roman de José Luis Zárate qui prend place durant la traversée en bateau entre la Transylvanie et l’Angleterre.

 

Quatrième de couverture :

Le Déméter entre dans le port de Whitby en pleine tempête. À bord du navire sans équipage, le capitaine gît, sans vie, attaché au gouvernail tandis que, dans la cale, dorment de mystérieuses caisses pleines de terre. C’est ainsi que Dracula, dans le roman de Bram Stoker, arrive à Londres.
À partir des quelques lignes retrouvées dans la poche du capitaine, José Luis Zárate reconstruit la tragédie de la traversée.
La brûlure du soleil, la morsure du sel, la promiscuité exacerbent les sensations. Le capitaine, rongé de désir, rêve de goûter à la peau et au corps de ses hommes. Le vampire boit leur sang, mais le désir est une soif que rien n’étanche. Du pont à la cale, des appétits refoulés à la jouissance sans entraves, José Luis Zárate revisite brillamment la figure du vampire, cette insatiable machine désirante.

 

Le calme plat…

La glace et le sel - Zarate - couvertureOui le calme plat, la mer d’huile, le pot au noir, c’est un peu l’effet que m’a fait ce roman alors que je pensais qu’il allait me replonger dans le « Dracula » de mon adolescence (LE roman qui m’a donné le goût des récits épistolaires) en prolongeant le plaisir et en levant le voile sur une partie du récit éludée par Bram Stoker (rappelons brièvement que ce roman prend place sur le Démeter, navire effectuant la traversée entre la Transylvanie et l’Angleterre et, accessoirement, transportant Dracula). Sauf que… Ça n’a pas fonctionné. Du tout. Et pour un raison simple : il ne s’y passe rien ou presque. Ah si, il y a un truc qui revient régulièrement : le capitaine a une érection (voire plus) et ne pense qui fricoter avec ses marins. Et sa vie a été marquée par un « incident » (mortel au bout du compte) lié à cette tendance homosexuelle, dans un pays et une époque où de telles pratiques n’étaient pas vraiment tolérées… Alors bien sûr, le désir, la mort, les vampires, etc… Je ne vous apprends rien.

Mais quand on passe la majeure partie du roman à subir les fantasmes d’un capitaine qui, visiblement, ne pense qu’à ça à longueur de temps, au bout d’un moment ça fatigue. Il y a bien un moment où, enfin, on sent la présence vampirique et les marins en danger mais cela est bien vite expédié sans description ou presque ni moment de frayeur (l’aspect narratif de cet épisode de l’histoire de Dracula, qui avait pourtant du potentiel, ne semble guère intéresser l’auteur, le roman est donc écrit en focalisation interne, du point du vue du capitaine, un moyen bien pratique pour ne pas décrire ce qu’il ne voit pas, le lecteur étant donc sevré de scènes potentiellement marquantes).

On ressort de ce (pourtant court : 170 pages) récit fatigué. Non pas à cause d’une traversée pleine d’effroi et de tension, mais plutôt fatigué d’avoir perdu du temps à lire un récit inintéressant, pourtant plutôt bien écrit mais n’apportant rien au mythe du vampire. Un récit inutile ? Allez, pas tout à fait puisqu’il m’aura donné envie de relire « Dracula », le seul, le vrai, l’unique, celui de Bram Stoker.

 

Lire aussi l’avis de Gromovar.
 

  
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