Téméraire, de Jack Campbell

Posted on 21 juillet 2017
J’avais bien aimé ma lecture du premier tome de la saga « La flotte perdue » de Jack Campbell, « Indomptable ». Alors pourquoi pas continuer avec le deuxième volume, en ces temps de challenge space-opera, été oblige ? C’est désormais chose faite, mais le bilan est moins glorieux…

 

Quatrième de couverture :

Débordé par la puissance de feu des Mondes syndiqués, le légendaire capitaine « Black Jack » Geary poursuit son dangereux repli à travers l’espace ennemi. « Ressuscité des morts » au bout d’un siècle d’animation suspendue et rendu à la flotte de l’Alliance, il tente désespérément de la ramener au bercail avec son précieux trophée, la clef de l’hypernet du Syndic, qui est aussi celle de la victoire…
La flotte ne comptait pas s’attarder dans le système en déshérence de Sutrah, mais c’était avant d’apprendre qu’il hébergeait des milliers de prisonniers de guerre.
Dont le flamboyant capitaine Francesco Falco, autrefois adoré des médias et des foules, adulé par ses troupes, privé de combats et de gloire par vingt ans de captivité.
Héros contre héros, « Black Jack » contre Falco le « battant », un duel d’influence se prépare au sein de la flotte. Le plus grand danger désormais ne vient-il pas de l’intérieur ?

 

Black Jack Geary, l’homme à qui tout réussit

« Indomptable » avait été une plutôt bonne surprise, offrant un space-opera militaire de bonne tenue, avec ce qu’il faut de batailles spatiales, de manœuvres et autres tactiques guerrières pour satisfaire un lecteur en manque de grandes stratégies militaires dans l’espace, malgré un univers assez peu développé. Je partais donc plutôt confiant avec de deuxième tome. Aïe, j’ai fini par déchanter.

Bon, soyons honnête, je n’ai pas mis bien longtemps à lire ce roman, l’écriture est simple et directe, l’action est bien présente, bref ça se lit facilement. En revanche, côté intrigue, c’est assez léger, et surtout ça finit par être très redondant : la flotte, qui se trouve toujours en plein territoire ennemi et qui tente de rentrer à la maison, se déplace dans un nouveau système, analyse la situation, et puisque Black Jack Geary est plus fort que tout le monde (rappelons qu’il est le capitaine de la flotte, et qu’il a été récupéré, peu de temps avant d’en prendre la tête, dans une capsule de sauvetage après une dérive d’une centaine d’années. Durant ce long laps de temps, la guerre a changé, les « codes » de la guerre et les tactiques militaires ont été oubliés, le conflit devenant une pure boucherie), il parvient grâce à ses tactiques de « c’était mieux avant » à terrasser sans trop de problèmes toute opposition, les ennemis (les Syndics) ne sachant comment répondre à ces vieilles tactiques redevenues avant-gardistes.

Alors ça va bien un petit moment, mais quand ça dure sur tout un roman, l’overdose n’est pas loin. Oui, Geary est malin, oui il est intelligent, mais on aimerait bien qu’il lui arrive quelques bricoles parce que là ça devient trop facile et fait perdre une grosse partie de son intérêt au roman. Alors bien sûr, si on garde à l’esprit que cette saga de Jack Campbell est une réécriture du célèbre « Anabase » de Xénophon (comme l’a si bien détaillé Lutin82), on comprend bien que Geary ne peut pas perdre la moitié de sa flotte sur un coup du sort ou une bataille mal gérée alors qu’il lui reste encore tant de chemin à parcourir avant de rentrer au bercail, mais il faudrait quand même que l’auteur trouve un moyen de compliquer un peu la tâche du capitaine. Et pourtant j’y ai cru avec l’apparition du capitaine Falco, rescapé d’un camp de travail et qui semble déterminer à prendre les rênes de la flotte. Manque de chance (pour le lecteur, pas pour Geary), à peine est-il apparu qu’il disparaît de l’intrigue presque aussitôt… Et ce ne sont pas les quelques officiers un peu revêches (mais beaucoup moins que dans le premier tome qui apportait là un élément de contrainte pour Geary avec cette flotte qu’il devait apprendre à connaître, certains officiers rebelles qu’il devait « apprivoiser », etc…) qui vont créer une vraie opposition. Quant aux Syndics, ils restent totalement désincarnés, et complètement tourneboulés par les tactiques de Geary. Sans parler d’un univers qui ne prend quasiment aucune épaisseur (on ne sait que très peu de choses sur les Syndics et l’Alliance, quasiment pas décrits sur les plans politiques, économiques, sociaux, etc…)

Alors il reste les batailles, plutôt bien retranscrites (avec des distances énormes et des vitesses relativistes impliquant des « décalages temporels » le temps que l’information arrive, c’est bien pensé et assez « réaliste ») mais avec un suspense qui se rapproche du zéro et quelques bribes d’informations sur une éventuelle troisième mystérieuse faction et la technologie qu’elle aurait volontairement mise à disposition pour mieux surprendre tout son monde. Après l’Anabase, le cheval de Troie… Mais cela fait trop peu pour convaincre, d’autant qu’il faut ajouter au passif du roman une lourde insistance sur le passé (« c’était mieux avant », encore une fois) et histoire d’amour un brin « je t’aime, moi non plus » et pas très intéressante entre Geary et une politicienne, la coprésidente Rione. On est loin  (en tout cas pour l’instant) de l’histoire entre Adama (le soldat) et Laura Roslin (la politicienne) dans « Battlestar Galactica » ou même entre John Sheridan (le soldat) et Delenn (la politicienne) dans « Babylon 5 » (histoire qui n’était pourtant pas le point fort de la série…).

On l’aura compris, la saga de « La flotte perdue » qui m’avait bien accroché avec le premier volume a sérieusement baissé de niveau avec ce deuxième opus. A tel point que j’en suis à me demander si je dois continuer, vu qu’elle est constituée de six tomes pour la première série (oui parce qu’il y en a d’autres ensuite…). Je ne sais pas si j’aurais le courage d’aller jusque là. Et finalement ce n’est pas avec ce roman-ci qu’on m’enlèvera de l’esprit qu’il n’y a rien de mieux qu’un récit de David Gemmell pour se vider la tête avec une lecture de pur divertissement (même si c’est de la fantasy et que donc dans le cas d’une envie de SF il va falloir se tourner vers autre chose (Honor Harrington et ses romans à la taille démesurée ?), et que parfois David Gemmell écrivait aussi des trucs pas terribles). Bref, enthousiasme douché, je ne vous remercie pas Monsieur Campbell !

 

Lire aussi l’avis de Lutin82, Blop.

Critique rédigée dans le cadre des challenges « S4F3s3 » de Xapur et « Summer Star Wars Rogue One » de Lhisbei.

  

 

  
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