Zapping cinéma et série TV, épisode 21

Posted on 27 juillet 2015
Netflix, éternelle source de découvertes. C’est grace à ce service que j’ai vu le tant attendu « Sense8 » du trio Wachowski-Straczynski et « Gone baby gone » de Ben Affleck. Et bien sûr, au gré d’un passage par les salles obscures, le dernier Pixar passe aussi sur le grill.

 

Vice-versa - afficheVice-versa, de Pete Docter

Ces dernières années, les studios Pixar n’avait cessé de me décevoir : je n’avais pas été emballé par « Toy Story 3 », « Rebelle » tenait plus du gentillet Disney que du Pixar aux différents niveaux de lecture, à tel point que je n’ai même pas vu « Cars 2 » et « Monstres Academy ». Le grand Pixar semblait avoir disparu avec ses derniers grands films, « Wall-E » et « Là-haut ».

Mais ceci est de l’histoire ancienne car le studio d’animation semble avoir retrouvé la flamme avec ce « Vice-versa » et cette jeune fille en pleine crise d’adolescence que l’on suit à travers les émotions qui dirigent son cerveau : Joie, Peur, Tristesse, Dégoût et Colère, toutes personnifiées par des protagonistes forcément caricaturaux (c’est le but) mais souvent très drôles (mention spéciale au génial Colère). Et c’est surtout la merveilleuse représentation du fonctionnement du cerveau et du rôle des émotions qui font de « Vice-versa » une superbe démonstration de l’inventivité des studios Pixar : souvenirs, mémoire à long terme, pays de l’imagination, pensées abstraites, productions des rêves, c’est toujours inventif, souvent drôle. Il n’est bien sûr pas question de regarder ce film avec le prisme de la rigueur scientifique, mais Pete Docter a accompli un travail remarquable en mettant en images des concepts pas forcément évidents à illustrer. C’est sans doute ce qui fait d’ailleurs que ce film n’est certainement pas le plus simple à appréhender pour les enfants (on passe régulièrement de « l’intérieur » du cerveau de la jeune Riley à Riley elle-même, ce qui risque d’en perdre plus d’un), mais « Vice-versa » n’en reste pas moins un très joli film sur le difficile passage de l’adolescence, une période durant laquelle on découvre que certaines émotions, même a priori négatives, sont tout aussi utiles à notre développement. Vous voilà prévenus : le grand Pixar est de retour !

 

Sense8 - afficheSense8, de Andy et Lana Wachowski, Joseph Michael Straczynski

On peut dire que je l’attendais cette série, moi qui continue à avoir la foi en les Wachowski, après leur superbe réussite comme leur plus récent enthousiasmant ratage. Ces réalisateurs sont ambitieux, peut-être trop pour le frileux cinéma hollywoodien, et l’annonce de leur passage au format série TV via le réseau Netflix avec cette collaboration avec Joseph Michael « Dieu » Straczynski (créateur de la série culte « Babylon 5 ») m’a rendu particulièrement enthousiaste.

Et ce « Sense8 » est à la hauteur ! On sent à travers ces histoires semi-imbriquées de huit personnages différents que leur expérience de « Cloud Atlas » leur a servi, mieux elle les a inspirés. Des histoires se passant en des lieux différents dans le monde mais des personnages qui se retrouvent liés puisqu’ils ont la capacité de se voir et d’interagir en faisant fi de la distance qui les sépare, l’influence du film sus-nommé est flagrante : là ou dans le film la séparation était faite par le temps, elle est ici faite par la distance. Et le format série permet aux créateurs du show de prendre leur temps et de développer les histoires de chacun sans en laisser un au bord de la route. Alors bien sûr, certaines sont plus intéressantes que d’autres (on peut par exemple trouver que même si l’histoire de l’Asiatique est « choquante », c’est peut-être celle qui piétine le plus), mais les personnages sont suffisamment variée et « forts » pour captiver. Ce sont leurs histoires qui font la force de la série, finalement plus que le pourquoi du comment de ce lien entre eux, sur fond de thriller fantastique plus ou moins classique.

Des personnages vivants, qui sonnent juste (les couples homosexuels qui ne se cachent pas : les hommes s’embrassent pour de vrai, les scènes de sexe sont présentes, l’un des personnages est une transsexuelle, chose tellement rare sur nos écrans, on sent là l’influence (l’histoire ?) de Lana Wachowski, etc…), le tout magnifié par une réalisation de grande classe soutenue par une bande-son marquante réutilisant certaines chansons bien connues de manière à insister sur ce qui lie les protagonistes (oui je pense à le superbe scène des Four Non Blondes), « Sense8 » a tout de la grande réussite. Seul bémol : l’histoire personnelle de chacun des huit « sensitifs » atteins plus ou moins une sorte de conclusion à l’issue du dernier épisode, et l’accent semble devoir être mis pour la suite sur cette sombre histoire de conspiration-thriller. Espérons qu’on y perde pas au change. Mais en l’état, cette première saison vaut clairement son pesant d’or.

 

Gone baby gone - afficheGone baby gone, de Ben Affleck

Une intrigue policière plutôt glauque sur un enlèvement d’enfant. Voilà de quoi il s’agit. Un film sympathique (si je puis dire pour un film de ce type) et efficace, qui ne soulève pas un enthousiasme débordant mais qui se laisse regarder sans ennui aucun. On voit l’intrigue se dérouler sous nos yeux, on tente de comprendre qui a fait quoi, etc… Le cocktail classique du film policier plutôt noir. Voilà ce que j’ai pensé pendant un peu plus d’une heure et demi sur ce film de presque deux heures.

Et puis vient la toute dernière partie dans laquelle se pose une problématique toute nouvelle que je n’avais pas vraiment vue venir. Et là, c’est the claque. Parce que tout est dit de manière extrêmement claire et subtile à la fois. Et surtout parce que le spectateur ne peut qu’être mal à l’aise devant une situation complexe pour laquelle il n’existe pas de bonne solution. Dérangeant et déstabilisant, « Gone baby gone » ne peut que faire réagir, il me paraît en effet bien difficile de sortir du film et de ne pas réfléchir à cette conclusion. Ma femme et moi n’avons pu nous empêcher d’en discuter.

Voilà ce que ‘est « Gone baby gone » : un bon film doté d’une conclusion implacable, subtile et nuancée, qui remue et prend au tripes en montrant que la morale et l’éthique sont parfois bien difficiles à situer. Superbe.

  

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