Gravé sur chrome, de William Gibson

Posted on 23 juillet 2015
En plein dans différents jeux vidéo relevant du genre steampunk, j’ai eu envie de m’y mettre également côté littérature. Problème, j’étais à ce moment-là en pleine panne de lecture. J’ai donc souhaité y aller doucement, avec quelques nouvelles. Place donc à « gravé sur chrome » de William Gibson. Mais c’était oublier le style particulier de Gibson, sans doute pas idéal pour sortir d’une panne de lecture…

 

Quatrième de couverture :

C’est un monde crépitant et précipité, ivre et bariolé. Saturé de drogues synthétiques, d’informations truquées, de rebuts technologiques. Là-bas, les adolescents se font greffer des yeux artificiels, des crocs de dobermans. Depuis leurs consoles, les pirates informatiques pillent les matrices à coup de virus tueurs. On y trafique de tout : secrets militaires et tranches de silicium, hallucinations et gènes mutants, espoir et oubli… Vivre fort, vivre vite, sous le regard froid des « zaïbatsus », les multinationales qui orchestrent le moindre soubresaut de ce grand bazar hystérique et rutilant. C’est un monde de merveilles et de folie, qui ressemble tellement au nôtre…

Neuf nouvelles signées William Gibson, le chaman cyberpunk. Vision électrique d’un futur enfiévré, immergé dans les murmures bruissants de la technologie, comme un constant bruit de fond subliminal.

 

Cyberpunk, mais pas tant que ça

Gravé sur chrome - GibsonWilliam Gibson est surtout connu pour son fameux roman « Neuromancien », une des oeuvres fondatrices du mouvement cyberpunk, auquel on ne peut enlever une belle inventivité pour l’époque, mais qui ne m’avait néanmoins pas laissé un grand souvenir, la faute à un style assez rébarbatif. Alors pourquoi ai-je eu l’idée de lire du Gibson pour me sortir d’une panne de lecture ? Aucune idée…

Et si je me fais cette réflexion, c’est, vous vous en doutez, car la lecture de « Gravé sur chrome » ne m’a pas non plus ébloui. Ho des idées, il y en a. Du cyberpunk aussi bien sûr (mais les récits ne sont pas aussi « cyber » que je le pensais). Mais le style de Gibson reste ce qu’il est : visiblement pas vraiment fait pour moi.

Pourtant, un récit comme « Johnny Mnemonic » (à l’origine du film avec Keanu Reeves) a tout pour me plaire : l’histoire d’un homme qui transporte des informations dans son cerveau, informations auxquelles lui-même n’a pas accès. Mais lorsque son dernier emplyeur va tenter de l’éliminer, les choses vont se compliquer pour ce disque dur vivant. « Johhny Mnemonic » a tout de l’archétype de la nouvelle cyberpunk en ce sens qu’elle est très cyber et très punk. Les deux univers se mélangent en effet pour offrir un cocktail détonnant, malheureusement embrouillé par le style confus de Gibson.

Et le souci, c’est que j’ai trouvé que la plupart des autres récits souffraient du même syndrome, avec parfois des histoires particulièrement sombres, dans le fond comme dans le forme. Cette noire beauté des récits de l’auteur a quelque chose de fascinant, mais s’il faut se faire douleur pour les lire, c’est problématique… Il y a heureusement quelques nouvelles réussies, telles « Duel aérien » (qui n’a d’ailleurs presque rien de cyberpunk) et cet homme qui va tenter de défier le meilleur « pilote » de mini-drônes contrôlés par le cerveau, « Etoile rouge, blanche orbite » et sa station spatiale soviétique à l’agonie, « Le genre intégré » et cette femme qui change d’apparence pour s’adapter au milieu qu’elle fréquente (une nouvelle qui vaut plus pour son atmosphère que pour le récit en lui-même, ce qui semble être une constante dans les textes présentés ici), ou bien « Gravé sur chrome », peut-être le récit correspondant le plus à l’idée que je me fais du mouvement cyberpunk (pirates informatiques, capture de logiciel, implants cybers, etc…).

Le cyberpunk de Gibson est donc très diffus, très atmosphérique même s’il ne s’interdit jamais de passer par les artifices et autres accessoires du genre (matrice, implants, etc…). Directement dépendant d’une époque (les années 80) qui découvrait avec une certaine appréhension le développement technologique de l’informatique, de la génétique, il se retrouve sur bon nombre de points dépassé ou en tout cas daté. Mais l’intérêt des histoires de William Gibson est ailleurs, dans l’ambiance, dans l’atmosphère, dans cette noirceur issue de la désespérance des hommes devant une société qui a trop tendance à les laisser sur le bord de la route. Dommage qu’il faille en passer par un style d’écriture qui me pose trop de problèmes pour que je veuille m’y intéresser plus avant…

 

Lire aussi les avis de Chaperon Rouge, Culture SF.

Critique rédigée dans le cadre des challenges « Summer Short Stories of SFFF » de Xapur et « CRAAA » de Cornwall.

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