Le peuple du talisman, de Leigh Brackett

On continue la découverte des écrits de Leigh Brackett avec le troisième roman au sommaire du recueil « Le grand livre de Mars », à savoir « Le peuple du talisman ». Puisque « L’épée de Rhiannon » et « le secret de Sinharat » furent deux lectures très agréables, il n’ y ap as de raison pour que ce ne soit pas à nouveau le cas avec celle-ci.

 

Quatrième de couverture (tirée du recueil « Le Grand Livre de Mars ») :

La scénariste de L’Empire contre-attaque au sommet de son art…

Mars. La rouge. La sèche. L’immortelle. Mars où les empires s’entrechoquent et s’effondrent, où les héros naissent à l’ombre d’oriflammes barbares. Mars, où la fierté d’un héritage culturel indicible et millénaire. Mars des secrets. Du pouvoir. De la mort. Mars du souvenir…

Au programme de cette édition exceptionnelle, dans des traductions totalement révisées et réunies pour la première fois :

  • L’Épée de Rhiannon
  • Le Secret de Sinharat
  • Le Peuple du talisman
  • Les Terriens arrivent

Le tout encadré d’une préface inédite de Michael Moorcock, d’une large postface biographique signée Charles Moreau et d’une bibliographie exhaustive.

Si Leigh Brackett (1915-1978) est mondialement connue pour avoir scénarisé des films aussi célèbres que Le Grand sommeil (coécrit avec William Faulkner), Rio Bravo ou encore L’Empire contre-attaque, celle qui fut la compagne d’un des plus grands auteurs de l’Âge d’Or, Edmond Hamilton, demeure avant tout une romancière de tout premier plan qui a donné ses lettres de noblesse à la science fantasy.

Ici, Leigh Brackett évoque Mars avec une puissance poétique digne de Ray Bradbury, dont elle fut l’amie et la confidente alors qu’il rédigeait les Chroniques martiennes. Elle a de fait influencé des générations d’écrivains, au premier rang desquels Michael Moorcock, qui reconnaît chez cette grande dame des littératures de genre l’une de ses inspirations fondatrices.

 

Mars la blanche

« Le peuple du talisman » met à nouveau en scène Eric John Stark, un humain né sur Mercure et dont les premières années ont été particulièrement difficiles. Leigh Brackett ajoute ici quelques détails sur la vie passée du héros, des détails succincts mais qui contribuent à épaissir un peu la psychologie du personnage et à comprendre son point de vue sur les évènements desquels il est le témoin et/ou l’acteur. Et il va d’ailleurs être dans ce roman autant acteur que spectateur de faits qui dépassent l’entendement.

Nous sommes donc toujours sur Mars, mais dans une lointaine région nordique, non loin de la ville de Kushat que Stark tente de rejoindre avec un ami mourant. Celui-ci ne survivra pas au voyage, mais il parvient tout de même à donner à Stark un joyau qu’il avait volé avant de s’enfuir de la ville, puis de lui faire promettre de restituer le précieux talisman. Mais Stark tombe rapidement dans un guet-apens organisé par les mercenaires des montagnes environnantes, des soldats qui semblent avoir pour ambition d’attaquer la ville, Kushat n’étant, d’après eux, plus protégée par le talisman qui la rendait inviolable…

Mars toujours donc, mais une Mars froide et enneigée, voilà qui change à nouveau le contexte, après Mars la verte et bleue de « L’épée de Rhiannon » et Mars la rouge du « Secret de Sinharat ». Pour le reste, Leigh Brackett nous donne à nouveau un récit de pure fantasy, mais dans lequel le contexte de science-fiction apparaît plus ouvertement avec la découverte de ce qui se trame au-delà de la ville de Kushat, une fois franchies les Portes de la Mort. Un élément qui peut faire penser à du Lovecraft sans l’aspect horrifique (quoique…) mais pas très éloigné du cosmicisme de l’auteur de Providence. Ou bien, si l’on regarde à travers un spectre purement science-fiction, on peut aussi y voir un peu de Arthur C. Clarke.

Une chose est sûre, Leigh Brackett mène toujours aussi bien son récit, à la narration limpide, multipliant les rebondissements, variant ses scènes (un siège, un camp de mercenaires, quelques purs passages d’ambiance sur une Mars inquiétante, et bien sûr ce qui se passe au-delà des Portes de la mort…). On reste dans du pulp, les personnages secondaires sont souvent un peu « utilitaires » c’est à dire qu’il font soit avancer le récit soit mettent en avant Eric John Stark, mais sans avoir de vie par eux-mêmes. La littérature SF de l’époque… On soulignera pourtant à nouveau, comme dans les romans précédents, la présence d’un personnage féminin qui n’est pas (en tout cas pas seulement…) une jeune femme éplorée tombant sous le charme de Stark. C’est peu de chose mais pour l’époque c’était déjà un élément significatif.

« Le peuple du talisman » est court (moins de 200 pages), efficace, rythmé, mais étonnamment le côté science-fiction plus poussé ne m’a pas totalement convaincu (même si’il faut bien reconnaître qu’il s’insère sans problème dans l’univers de l’autrice dans lequel le système solaire a été colonisé), et j’ai finalement préféré les récits martiens de Brackett plus ouvertement fantasy, plus « Burroughsien » sans doute, c’est à dire les deux romans précédents, d’autant que j’ai moins retrouvé dans celui-ci le côté « animal », barbare (en opposition à la notion de civilisation, comme chez Robert E. Howard) de Stark qui ressortait plus dans « Le secret de Sinharat ». Peu importe, ça ne m’empêchera pas de continuer ma lecture de ce « Grand livre de Mars » avec les cinq dernières nouvelles qu’il contient.

 

Lire aussi les avis (essentiellement sur le recueil entier) de Patrice Lajoye, Simatural, Manu B., Les chroniques du chroniqueur.

Critique écrite dans le cadre des challenges « Summer Star Wars – Solo » de Lhisbei et « Summer Short Stories of SFFF, saison 5 » de Lutin82.

  

 

  
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