Stalker, de Arkadi et Boris Strougatski
Voilà un livre qui me parlait vraiment. Il avait tout pour lui : sa couverture, son pitch, sa réputation. J’ai pourtant attendu longtemps avant de m’y mettre car même si c’est un livre court, donc rapide à la lecture, j’en attendais énormément, peut-être trop…
Quatrième de couverture :
Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d’on ne sait où, ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu’ils ont occupée pendant des années sans jamais correspondre avec les hommes, ils ont abandonné des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au risque de leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait sans rien y comprendre les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d’un chemin.
Je suis resté au bord du chemin…
Difficile de ne pas être happé par le postulat de départ de ce roman : nous ne sommes pas seuls dans l’univers mais nous ne valons visiblement pas grand chose aux yeux de nos visiteurs puisqu’ils n’ont fait que passer, sans vraiment s’arrêter, ou en tout cas le temps de faire une petite pause dans leur voyage (d’où le très joli et très bien trouvé sous-titre « Pique-nique au bord du chemin »). Ce roman n’est donc pas du tout un roman de SF classique basé sur le choc des cultures. Ici il est sujet d’hommes et de femmes qui continuent à vivre leur vie, tout en profitant de ce qu’ont laissé sur place nos visiteurs. Ces objets dont les hommes ne comprennent ni le fonctionnement ni la technologie font l’objet d’un commerce florissant. Le personnage principal du roman est un de ces personnages prêt à risquer sa vie pour récupérer ces objets, un stalker. Car en effet, en plus d’avoir laissé sur place leur détritus, les visiteurs ont aussi sacrement déréglé la Zone, causant de nombreux phénomènes étranges (et auxquels les hommes ont trouvé de jolis surnoms comme les « gelées de sorcière » ou bien encore les « calvities de moustique »), parfois extrêmement dangereux.
Les scènes impliquant cette fameuse Zone sont d’ailleurs vraiment prenantes, on sent que le danger peut survenir à tout moment, la tension est vraiment palpable. On ressent vraiment cette impression de danger, de zone totalement ravagée et ne répondant plus à la physique telle que nous la connaissons.
Jusqu’ici, tout est donc plutôt positif, malheureusement il y a pour moi un gros point noir : l’écriture. Très sèche, très morcelée, difficile à suivre, surtout dans le premier chapitre écrit à la première personne (le roman est divisé en quatre chapitres). Cela s’arrange quelque peu dans les chapitres suivants, mais à ce moment là c’est l’absence d’histoire qui se fait cruellement sentir. En effet, pas de fil conducteur ici, juste des tranches de vie (parfois assez éloignées de la problématique extraterrestre) espacées de plusieurs années. Alors certes les thèmes de réflexion sont bien présents (notamment au travers d’une très intéressante conversation avec un scientifique dans le troisième chapitre), mais de nombreux autres points que l’on aurait souhaité voir développés restent tout juste survolés, et au final j’ai vraiment failli sortir du roman.
Et je suis donc déçu. Surtout par moi même pour ne pas avoir su aimé ce roman, plus que par le roman lui même. Car il fourmille de bonnes choses (les scènes dans la Zone, certains dialogues, etc…), malheureusement plombées par une écriture que je n’ai pas réussi à apprécier… Mais si on sait à quoi s’attendre, c’est à dire un roman sur les hommes et la vie qu’ils mènent, laissant de côté le thème des visiteurs intersidéraux, distribuant ses clés avec parcimonie et parfois de façon détournée, et surtout si on peut passer outre cette écriture très typée, on peut l’apprécier à sa juste valeur. C’est d’ailleurs un livre auquel il faudra certainement que je donne une seconde chance, puisqu’après tout il fait partie des chefs d’œuvre de la science-fiction.
Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Fins du monde » de Tigger Lilly et du challenge « Les chefs d’œuvre de la SFFF » de Snow.
Arch, tu me fais peur, il est prévu en LC pour moi… Déjà que je n’ai pas réussi à voir le film en entier la première fois où j’ai essayé. Mais bon, on verra (c’est pour fin octobre, j’ai le temps de voir venir ^_^).
Il est vrai cependant que j’avais déjà lu quelques trucs sur l’écriture. Et on ne peut pas accuser la traduction cette fois (c’est un leitmotiv récurrent qui me dérange un peu, on dirait que la responsabilité d’une l’écriture qui ne nous paraît pas plaisante chez un écrivain étranger revient plus souvent au traducteur qu’à l’auteur…), cette version ayant été soigneusement revue si j’ai bien compris.
Ça ne devrait malgré tout pas être trop difficile de le terminer, 200 pages c’est rien pour toi ! 😉
Quant à l’écriture, oui elle a été revue, mais là je crois qu’on peut dire que c’est le style original qui ne me convient pas…
Totalement d’accord avec toi. Je commençais à me demander si j’étais la seule personne sur le net à ne pas avoir aimé, tu me rassures.
Déçus de tous pays, unissons-nous; Je te linke.
http://quoideneufsurmapile.blogspot.com/2010/05/bofski.html
RE-VO-LU-TION !! 😀
Ma foi je ne compte pas le lire de suite, mais entendre différents avis me donne toujours envie de me faire ma propre opinion 🙂 Merci pour cette chronique en tout cas.
Tout pareil. J’ai abandonné à la moitié. A noter que le film me fait le même effet.
Je n’ai pas vu le film pour ma part… Si l’occasion se présente, je tenterai le coup !
Hello!
Je ne me permettrai pas de critiquer la critique, hein, chacun ses goûts. Mais juste de faire une remarque sur le style. C’est vrai, je l’ai vu ailleurs sur des forums, le style de la première partie gène. Voire bloque la lecture. Mais comme je le signalais ailleurs au camarade Guillaume44, cette première partie est sensée être écrite par Redrick lui-même. Lequel à l’époque n’est certainement pas un écrivain, mais une simple petite frappe qui, s’il n’était pas tombé dans la zone, aurait certainement dealé de la drogue. Pas vraiment le profil d’un littéraire donc. Du coup, reprocher son style à la première partie, c’est comme reprocher l’orthographe du début de Des Fleurs pour Algernon.
Sinon, pour ce qui est de la révision, effectivement, avec Viktoriya et Gilles Dumay, nous avons pris soin d’abord de restituer ce qui manquait et de coller au texte. Toutefois cela reste la traduction Svetlana Delmotte, laquelle avait, avec le texte dont elle disposait, fait déjà un bon travail sur ce roman-là.
La justification du style de la première partie est logique, et le parallèle avec Algernon tout à fait pertinent, simplement j’ajouterais que le choix stylistique ne doit pas se faire au détriment du lecteur. Chacun a ses limites d’acceptation, dans le cas d’Algernon cela ne m’a pas posé de problèmes, mais ici oui.
Ce n’est évidemment que MON avis, d’autres ont apprécié ce roman (et pas qu’un peu vu son statut !), et je suis plus déçu par moi même pour ne pas avoir apprécié le livre, plutôt que par le livre lui même, car j’aimerais vraiment l’aimer : il a incontestablement un fort potentiel mais je suis passé à côté. Mais je suis tout à fait prêt à lui acorder une seconde chance (ce qui est assez rare chez moi)…
Ah mais il ne faut pas être déçu de ne pas avoir aimé un livre. Ca n’est pas parce que beaucoup disent qu’il est bon qu’il l’est forcément pour toi. Ici la subjectivité est primordiale. C’est ce qui fait la force de ce genre d’oeuvre: on adore, ou on s’ennuie. Et le film est pareil.
Encore plus envie de me faire une idée par moi-même. Bon quand c’est qu’il sort en poche ce bouquin …
@ Tiger Lilly
En toute logique, au printemps 2013.
On commence à le trouver facilement d’occasion.
De mon côté, je me suis laissée complètement emporter par le livre. Pas facile à lire. Il m’a fallut retourner en arrière parfois.
C’est sûr qu’on n’est pas vraiment dans le roman pop-corn. Content de voir que tu as apprécié ! 😉
Moi finalement c’est pas trop le style qui m’a gêné, c’est plutôt le manque d’exploration de la Zone et par contre trop de passages sur la vie des gens à côté de la Zone.
Oui, je comprends. Le nombre de personnes qui n’ont pas eu ce à quoi ils s’attendaient est assez impressionnant. Peut être le roman est-il mal « marketé » ?
Oui c’est possible qu’il soit mal « marketé ». Après moi je me suis fais une idée par rapport au quatrième de couverture ou à des critiques que j’ai lu sur d’autres blog, idée qui finalement était fausse. Peut être le quatrième de couverture devrait en dire plus, mais dans ce cas il intriguerait peut être moins de lecteur potentiel. Ca doit pas être facile pour l’éditeur.
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