Django unchained, de Quentin Tarantino

Posted on 25 janvier 2013

Une fois n’est pas coutume, je vais faire une petite entorse à ce qui fait office de ligne éditoriale du blog, car pas de SF ni de fantasy dans le nouveau film de Quentin Tarantino. Mais un Tarantino, quelles que soient ses qualités, reste toujours un évènement.

Et après une revisite de la deuxième guerre mondiale dans « Inglourious Basterds », c’est la période pré-guerre de Sécession qui l’intéresse ici, en reprenant un personnage iconique des westerns spaghettis, le fameux Django (personnage apparu pour la première dans le « Django » de Sergio Corbucci en 1966 et dont l’acteur fait ici un petit caméo, et repris depuis à de multiples reprises). Comme toujours avec Tarantino, le film est ultra-référencé, et n’étant pas féru de westerns, je suis bien conscient d’être passé à côté d’un grand nombre de clins d’oeil, mais peu importe car j’ai pris un grand plaisir durant les 2h45 de ce film !

Alors bien sûr, ceux qui n’apprécient pas le style Tarantino ne l’apprécieront pas plus avec « Django unchained ». Poseur, bardé d’effets (slow-motion, litres de sang lors des fusillades, etc…) parfois un peu too-much, mais aussi très réussi dans des scènes un peu surréalistes (on se souviendra longtemps de la cavalcade du Ku-Klux Klan), tout est là, on peut trouver que cela tourne un peu en rond depuis ses débuts de cinéaste, moi je trouve ça jouissif. C’est certes un terme sans doute un peu galvaudé, mais j’ai eu la sourire aux lèvres à de multiples reprises, on sent que Tarantino a pris beaucoup de plaisir lors du tournage de ce film et, plus important encore, ce plaisir a été parfaitement transmis au spectateur.

A travers cette quête de vengeance de Django (un thème récurrent chez le réalisateur), un esclave noir, c’est tout un pan de l’histoire américaine (pas seulement d’ailleurs, mais le film n’a pas d’autre prétention que de rester sur le territoire américain) qui est à l’image, avec ces blancs maîtres de grandes propriétés, ces blancs ordures racistes ou « racistes ordinaires » (mais racistes toujours), et ces noirs de différentes conditions mais toujours esclaves, mais aussi ces noirs pervers et manipulateurs, passés du côté obscur. En cela, et c’est sans doute le plus surprenant, Tarantino a fait un film politiquement engagé, c’est une première. La galerie de personnages, comme d’habitude avec Tarantino, est savoureuse. Pas aussi « barrée » que dans certains de ces autres films, mais haute en couleur, c’est le moins que l’on puisse dire. Et les acteurs qui les incarnent sont tous au meilleur de leur forme : de Jamie Foxx qui interprète un Django vengeur et un brin taciturne, parfois amené à faire des choix moraux difficiles vis à vis de ses frères esclaves, à Christoph Waltz en superbe chasseur de prime allemand bavard et fin orateur, en passant par un redoutable Leonardo DiCaprio en maître de propriété de canne à sucre et fan de lutte « sportive » (notez les guillemets) entre esclaves ou bien encore un surprenant Samuel L. Jackson méconnaissable en clone d’Uncle Ben’s mauvais et mesquin. Il a sans doute le rôle le plus terrible du film : celui du « vendu », celui qui s’accroche au peu de liberté qu’il a, en perdant toute dignité. Dans un film sur l’esclavage, on comprend la terrible portée de ses actes…. Et tous ces personnages sont servis par des dialogues savoureux, taillés sur mesure.

Le film peut paraître long, mais cela permet au réalisateur de sortir d’un scénario strictement linéaire et d’offrir de multiples petits à-côtés, certes pas toujours indispensables (notamment l’intermède dans lequel le réalisateur fait une apparition… explosive !) mais jamais ennuyeux. Et quand tout ce petit monde arrive dans la maison de Monsieur Candie, la tension monte au cours de la scène du repas, magnifiquement menée. Jusqu’à un double climax sanglant, malheureusement pas les meilleures scènes du film, ce qui atténue un peu sa force. Mais ne boudons pas notre plaisir, le reste n’est que (presque) pur bonheur.

Un mot encore pour souligner un fait qui ne s’est jamais démenti tout au long de la filmographie de Quentin Tarantino : la grande qualité de la bande originale. Heureux assemblage de musiques typées western (Ennio Morricone bien sûr, mais aussi tout simplement en reprenant la superbe chanson du premier « Django ») et d’autres musiques d’horizons différents, allant de la superbe « Freedom » de Richie Havens, chantée à Woodstock en 1969, jusqu’à (plus surprenant !) du rap ! Le tout forme un ensemble étonnamment cohérent, se mariant superbement bien à l’image et qui peut se réécouter jusqu’à plus soif !

Vous l’aurez compris, il ne vous reste que deux choses à faire : aller voir « Django unchained » et vous précipiter sur la BO !

  
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