La Terre mourante, intégrale 1, de Jack Vance
Le célèbre Jack Vance vient de nous quitter… Cette lecture commune du mois de mai sur le Cercle d’Atuan (oui, je suis sérieusement en retard…) vire donc à la lecture hommage… Place donc à l’une de ses séries phares, « La Terre mourante« , saga de fantasy célèbre notamment pour les rocambolesques aventures de son héros Cugel.
Quatrième de couverture :
Le soleil se meure. Point d’explosion spectaculaire, non, juste une lumière déclinante, rougeoyante, qui semble doucement s’éteindre. Heureusement, ce n’est pas pour demain ; des éons et des éons nous séparent encore de l’inéluctable. Des civilisations entières ont le temps de prospérer et de mourir. Comme, par exemple, celle qui a vu naître Cugel, l’astucieux voleur qui nargue les plus puissants sorciers. Mais la fois où il s’introduit chez Iucounu le Magicien Rieur pour lui dérober un puissant artefact est peut-être celle de trop : le voilà projeté à l’autre bout du monde, sans autre moyen de transport que ses pieds…
Cugel avant tout !
Composée de deux « romans » (je mets le mot entre parenthèse car ils sont plutôt la résultante d’une somme de nouvelles offrant pour le premier un panorama de cette Terre mourante dans « Un monde magique », et pour le deuxième un récit constitué de différentes aventures formant un tout dans « Cugel l’astucieux »), il faut bien avouer que cette première intégrale vaut surtout pour la présence de Cugel.
La première partie de cette intégrale, « Un monde magique », ne démérite pourtant pas, et permet de brosser le portrait d’une Terre à l’agonie, baignée par la lumière rougeoyante d’un soleil mourant. Ambiance de fin du monde, qui tranche avec les aventures parfois empreintes d’une certaine légèreté. Les différentes nouvelles constituant ce récit se croisent et se répondent avec certains personnages qui traversent plusieurs récits. Ceci dit, malgré ses qualités, le manque de liant de ce « Monde magique » se fait parfois sentir… Le simple panorama de ce monde en fin de vie, magique et mélancolique, n’a pas suffi à pleinement éveiller mon intérêt, car même si certaines nouvelles sont sympathiques (notamment les dernières, « Ulan Dhor » et « Guyal de Sfere », les plus longues, et également une mention spéciale à « Liane le voyageur » et sa fin cruelle pour le héros), le tout se révèle finalement assez peu marquant. Agréable mais sans plus, donc.
En revanche, avec « Cugel l’astucieux », on change de niveau. Sans doute Jack Vance a-t’il quelque peu travaillé sa recette, car ce roman, écrit 16 ans après « Un monde magique » (1950 pour ce dernier, contre 1966 pour Cugel) lui est supérieur en tout. On y perd certes son bel aspect mélancolique, mais on y gagne largement en dynamisme, en gouaille, en intérêt tout simplement. Le récit doit beaucoup à son héros, le fameux Cugel, personnage mémorable de filou prêt à tout pour arriver à ses fins, sans scrupules, qui réussit bien souvent à retomber sur ses pieds mais non sans y laisser quelques plumes au passage. On rit beaucoup, parfois ouvertement à la lecture d’une situation amusante, ou bien parfois devant les actes odieux de Cugel. Amateurs d’humour noir, vous serez servi ! On suit donc avec grand plaisir le héros, qui à la suite d’une mésaventure, se retrouve obligé de ramener un objet de grande valeur à Iucounu le Magicien Rieur, qui l’a pour cela envoyé à l’autre bout du monde. Entre coups fourrés, mésententes, course-poursuites, discours de beau parleur, on ne s’ennuie pas une seconde ! Cugel, qui à plusieurs reprises justifiera bien son surnom, reste incontestablement un personnage marquant de la littérature de fantasy ! Et la conclusion du roman est à la hauteur du personnage : d’une délicieuse ironie !
Gloire à Cugel donc, qui avec ses aventures picaresques vaut à lui seul l’achat de cette intégrale, d’autant plus que l’un des chapitres de ses péripéties (le deuxième, intitulé « Cil ») n’est disponible que dans cette édition. Pour les amateurs de fantasy drôle et parfois grinçante, c’est du bonheur assuré !
Lire aussi les avis de Vert, Euphemia, Jae_Lou, Nébal, Marc, Limaginaria.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune et du « Défi Jack Vance » de Cornwall.
Merci pour ta 1ere participation !
Je les ai sur ma Pal il faut que je m’y mettes
Oui, tu ne devrais pas le regretter.
Je sors ma batte de base-ball ? Pour moi, « Un monde magique » est un des meilleurs Vance, crépusculaire, vénéneux et presque érotique. J’ai redécouvert Cugel en réalisant mes couv pour l’édition numérique et ça a été une jolie surprise parce que je n’avais pas gardé un grand souvenir dans ma jeunesse, plus intéressé par la partie SF.
À remarquer que le système de sorts d’Un monde magique – le magicien apprend un sort pour le lancer et doit à nouveau le mémoriser pour l’utiliser – est celui que les créateurs de Dunjons & Dragons ont retenu lors de la création des règles du fameux jeu de rôle.
Tu as le droit de sortir ta batte, pas de problème ! 🙂 Crépusculaire est un mot qui convient très bien à « Un monde magique ». L’ambiance qui se dégage de ces récits est son gros point fort. Je suis un peu plus mesuré sur le contenu des récits en lui-même, ça ne m’a pas marqué plus que ça. Ceci dit, je crois que j’en garderai tout de même en mémoire cette ambiance de fin du monde, rougeoyante et… crépusculaire !
Le système de sorts est en effet plutôt sympathique, et le fait qu’il ait été repris par Dungeons&Dragons montre bien l’influence de Vance.
Bref, j’ai préféré Cugel, emporté par ce personnage assez ébouriffant, odieux mais finalement attachant !
Il est quand même difficile de comparer ces deux récits, la rupture de ton étant assez flagrante. Leur seul point commun reste finalement le fait de partager le même univers.
De ce point de vue là, il n’ y a rien à redire. Ce sont deux approches très différentes d’un même univers. À remarquer que j’ai trouvé Rialtho le Merveilleux – le dernier – très faible.
Honte à moi mais je n’ai encore jamais lu de Jack Vance. Il va vraiment falloir que je remédie rapidement à cela surtout que cette intégrale m’intéresse vraiment.
Avec Vance, tu as vraiment l’embarras du choix, il est d’ailleurs encore très présent en librairie, et c’est tant mieux !
Celle-là est dans ma PAL et dans ma liste pour le défi !
Good choice !
Oh que oui, gloire à Cugel 😀
Ah ben pourquoi choisir ?! Je n’ai pas de préféré, je trouve que c’est deux parties bien distinctes. Une plutôt introductive à l’univers (Un monde magique) et l’autre plus travaillée autour d’un personnage (Cugel).
Vert vend très bien l’intégrale 2 sur le forum, je pense la lire cet été 🙂
Cugel est vraiment un de mes heros préférés. J ai du le lire au moins 3x. Quelqu un à un livre du même style à conseiller ? Même si pas de Vance?
Les héros truculents sont une spécialité de Jack Vance, donc à mon avis, sans atteindre le sommet du genre que représente Cugel, on peut sans trop se poser de question plonger dans d’autres aventures vanciennes. 😉
Et pour rester dans l’univers de la Terre Mourante, il y a l’anthologie-hommage à Jack Vance dans laquelle de nombreux auteurs ont écrit des nouvelles se déroulant à cette époque (Neil Gaiman, G.R.R. Martin, Robert Silverberg, etc…).
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