Sanshôdô, de Jean Millemann
Quatrième de couverture :
Un jour, toutes les radios et toutes les télés interrompent leurs programmes simultanément pour diffuser un boucle l’évidence qui est partout dans le ciel. Les extraterrestres sont là. Les Zitis, comme on dit, parce qu’il est plus facile de leur donner un nom générique plutôt que de retenir celui de chaque espèce qui constitue cette communauté interstellaire. Bien sûr, les gouvernements terriens font semblant que rien n’a changé alors que leur oligarchie prend l’eau de toute part. Bien sûr ils s’efforcent de voler ce qu’on est prêt à leur offrir. Mais c’est la galaxie toute entière s’ouvre à l’humanité et c’est une opportunité que seuls les opportunistes sont incapables de saisir.
Amour, polar et cérémonie du thé
Ces trois nouvelles s’inscrivent dans un contexte similaire : les extra-terrestres ont débarqué. Mais pas dans un but de conquête, comme on le voit si (trop ?) souvent en SF, non, ils sont venus en paix. On s’arrête là pour la mise en place des récits, mais pas besoin d’en savoir plus, Jean Millemann n’a pas pour objectif de construire un univers dense et complexe, mais simplement de faire passer un message.
Et c’est ce qu’il fait de très jolie manière dans la première nouvelle, « Lanatkka-Nagui », du nom de cette extra-terrestre de laquelle tombera amoureux le narrateur terrien, chargé de préparer l’arrivée de la délégation terrienne sur une station spatiale « multi-raciale ». Par delà les différences, un amour profond s’installera entre eux, alors que rien ne semble les lier, du moins au départ. Lanatkka-Nagui est en effet bien différente de nous, aussi bien physiquement que culturellement. Bipède certes, mais pour le reste… De même, son peuple a une conception de la vie qui laisse rêveur, tant elle semble idyllique. On pourrait par moment arguer que tout cela est trop beau, que ça ne peut pas marcher, etc… Mais peut-être est-ce notre conception humaine du monde qui nous fait dire ça ! Et le message de paix, de tolérance et de compréhension est tellement beau que je me suis plongé le temps du récit dans cette relation impossible mais que les amoureux parviennent tout de même à vivre pleinement en faisant de leurs différences des atouts. Un récit beau et émouvant, tout simplement.
Le deuxième récit, « Leboeuf se paye une toile », change de ton, en passant du côté du récit policier, mené par Leboeuf, inspecteur un peu bourru chargé d’une enquête sur un meurtre semblant impliquer la race extra-terrestre des Araignées. Jean Millemann semble également très à l’aise dans ce style. Récit policier certes, mais l’auteur parvient là aussi à faire passer un joli message sur l’amour, le dialogue, la différence, et la compréhension entre deux peuples radicalement différents. Pour autant, j’ai trouvé la conclusion un peu rapide et pas tout à fait satisfaisante, dommage.
La troisième et dernière nouvelle, « Trois petits pas sur le chemin de la sérénité », ne m’a en revanche pas convaincu. Originale dans son contexte et dans son symbolisme (reposant sur la cérémonie des trois thés), elle est en fait un conte philosophique sur le sens de la vie. Ceux qui connaissent le monde du thé n’y trouveront toutefois qu’un récit reprenant les symboles de cette cérémonie, sur un vague fond SF finalement pas si utile que ça. Difficultés de la vie, avant de découvrir la force de l’amour, puis la douceur de la mort qui n’est pas une fin, tout cela reste sans doute un peu trop didactique dans le cadre de ce récit.
En somme, il est dommage de constater que le meilleur récit se situe au début, et le mois bon à la fin. Mais malgré un sommaire qui aura pu laisser un souvenir altéré du recueil, c’est la satisfaction qui domine au final, notamment grâce à cette magnifique « Lanatkka-Nagui » (aussi bien le récit que le personnage d’ailleurs).
Lire aussi les avis de Blackwolf, Angua, Hélène, Guillaume, Alias, Vert, Dup, Snow, Archessia, Miss Spooky Muffin, Vinze, Hilde, Tigger Lilly.
Critique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode II » de Lhisbei.
Je l’ai lu il y a trop longtemps, et j’en garde aucun souvenir -_-
Il faudrait que je le relise un peu.
Moi aussi j’ai parfois le syndrome du poisson rouge…
Gaffe, la vieillesse nous guette ! 😀
Marrant, moi j’ai un peu eu le ressenti inverse: je n’ai pas croché à la première nouvelle, j’ai bien aimé le côté pochade policière de la deuxième et j’ai été plutôt convaincu par le côté « conte philosophique oriental » de la troisième.
Comme quoi !
Le côté conte philosophique est un peu trop explicite pour moi, j’ai un peu eu l’impression de lire du Voltaire. Un gage de qualité quelque part, signe de Jean Millemann écrit fort bien, mais ce n’était pas vraiment ce que je recherchais.
J’ai bien aimé le ton de la nouvelle policière, c’est juste la conclusion qui m’a un peu fait tiqué, mais j’en garde un bon souvenir.
Mais le premier récit, j’ai trouvé ça d’une pure beauté !
J’avais bien aimé ce petit recueil et contrairement à toi la dernière nouvelle m’avait bien plue, je me rappelle d’un aspect poétique vraiment intéressant.
Elle semble avoir bien plus finalement cette troisième nouvelle !
Tant mieux pour l’auteur (et les lecteurs qui ont apprécié), dommage pour moi qui suis passé à côté…
Je dois être la seule personne au monde à ne pas être rentrée dans ce recueil xD.
Tu remarqueras que je n’ai pas pleinement adhéré non plus ! 😉
Oh tiens toi aussi, tu l’as gagné à un certain challenge. Ma préfère c’est la deuxième, je l’ai trouvé très réussie. Par contre la troisième en effet, le conte philosophique est trop explicite.
Oui, un challenge richement doté. 😉
Ma préférée reste assez nettement la première, tellement humaniste !