Edge of Tomorrow, de Doug Liman
Tom Cruise et la SF, c’est une longue histoire d’amour, qui durera tant que ça rapporte de l’argent sans doute… Toujours est-il que son dernier film du genre, « Oblivion », m’avait plutôt agréablement surpris. Mais avec l’ami Tom, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, même s’il a le bon goût en tant qu’acteur de ne pas miser sur des suites interminables (hormis avec les « Mission Impossible », films dans lesquels il fait partie de l’équipe de production). Alors je suis allé voir ce « Edge of tomorrow » avec circonspection, mais rassuré par les premières critiques, globalement positives.
Et en effet, on peut dire que ce film, basé sur un roman japonais de Hiroshi Sakurazaka intitulé « All you need is kill » (ou comment traduite un titre anglais pas un autre titre anglais…), est une réussite dans son genre ! C’est un blockbuster bien réalisé, sans temps mort, et qui surtout n’est pas victime du syndrome des blockbusters américains de ces derniers mois (années ?), à savoir qu’il n’y pas de trous béants dans le scénario, que les personnages n’ont pas (trop) de réactions stupides et incohérentes, et qu’il y a un (un seul mais vu son importance, on lui pardonnera d’être unique) personnage féminin fort.
Dans un monde en guerre contre des extraterrestres qui ont envahi notre chère planète, le film suit le personnage de William Cage, chargé de la communication de l’armée, qui pour éviter d’être envoyé sur un front a priori protégé du débarquement, prend la mauvais décision : la fuite. Arrêté puis considéré comme déserteur, il va se retrouver avec le gros des troupes dans un combat perdu d’avance, lui qui n’a jamais combattu de sa vie. Mais une chose étrange se produit : lors de sa mort inévitable, il se réveille à nouveau au début de la journée, conscient de ce qui s’est passé, coincé dans une boucle temporelle qui semble infinie.
A la lecture de ce pitch, difficile de ne pas penser au célèbre « Un jour sans fin » avec Bill Murray, sur un fond de guerre SF. Et le réalisateur Doug Liman prend ce concept à bras-le-corps pour en jouer au maximum en faisant de Tom Cruise une pauvre victime un nombre incalculable de fois ! En prenant place dans un contexte fort (l’action se situe en France, sur les côtes de Normandie), avec une imagerie qui ne peut que faire penser au Débarquement (peut-être même l’hommage est-il un peu trop appuyé), Doug Liman appelle également à lui les innombrables jeux vidéo de guerre, faisant inévitablement penser au « die&retry » si cher à ces derniers (tu meurs, tu recommences, tu meurs, tu recommences, etc… C’est d’ailleurs la phrase d’accroche de l’affiche du film : « Vivre. Mourir. Recommencer. »). Une répétitivité qui peut déplaire, mais qu’en tant que joueur de jeu vidéo j’ai apprécié. C’est rythmé, bien filmé, avec un Tom Cruise qui ne joue pas les héros sans peur et sans reproche, noyé dans les effectifs de chair à canon, bardé d’une armure qui semble plus encombrante qu’autre chose (en tout cas quand on ne sait pas s’en servir). C’est cette boucle temporelle et la façon qu’à le réalisateur de jouer avec elle qui donne tout son sel aux deux tiers du film.
Mais ce serait oublier le personnage de Rita Vrataski, joué par Emily Blunt. Héroïne de guerre, c’est elle qui entraînera jour après jour (toujours le même jour, vous l’avez compris) William Cage pour tenter d’en faire quelqu’un d’apte à vaincre les « mimics » (nom donné aux ET par les humains), par tous les moyens (utilisant même la boucle temporelle pour éliminer Cage en le tuant lorsqu’il se blesse à l’entraînement !). Enfin un personnage féminin qui ne vit pas à travers un homme, qui n’est pas protégé par un homme, qui ne sert pas de faire-valoir à un homme, qui n’est pas là pour glorifier un homme. Rita Vrataski est forte, indépendante, déterminée. Et ne tombe pas amoureuse en deux minutes chrono ! C’est sans doute LE personnage du film. 35 ans après Ripley, il était temps (même si l’aura du film ne vaudra sans doute pas au personnage la même postérité) !
Et puis vient le dernier tiers, qui voit le film tomber dans un trop grand classicisme, oubliant tout ce qui faisait son originalité pour en faire un film d’action lambda. Spectaculaire certes, mais ultra rabâché. Et puis la fin, ces horribles deux dernières minutes, ultime sursaut malvenu de la bienséance hollywoodienne… Je préfère considérer qu’elles n’ont jamais existé…
Pour aussi consensuelles qu’elles soient, ces dernières minutes ne sont heureusement pas parvenues à effacer le souvenir d’un bon blockbuster nerveux, malin, qui ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, et qui joue habilement avec un concept qui a pourtant été utilisé à de nombreuses reprises. Une bonne surprise, le blockbuster idéal pour se détendre.
Moi aussi j’ai décidé de faire comme si la fin n’était jamais arrivée et que ça s’était terminé avant… Qui sait, ils nous offrirons peut-être l’option dans le DVD ^_^. Ils avaient fait pareil pour « Orgueil et préjugé », ils avaient rajouté deux minutes de fin juste pour le public américain auquel il aurait absolument fallu le baiser et tout, les européens, eux, ont eu droit à la fin sobre (mais le DVD proposait de voir l’autre fin aussi). Et on oubliera le cas du « Grand bleu », encore une fois à la fin américaine différente qui rend le tout mièvre.
Bref, tu sais déjà que j’ai bien aimé ce film mais que j’ai surtout (surtout) adoré le personnage féminin, qui deviendra un de mes exemples préférés de la preuve qu’on peut créer un personnage féminin fort sans que le public ne se sente lésé ni rien.
Arf, ces fins qui gâchent tout !… Heureusement ça ne m’a pas gâché le film, mais quand même… Il y a pire certes, mais bon.
Ah ça me fait plaisir de voir que ce personnage féminin t’a vraiment marquée, au point que tu le citeras en exemple. Un bon point pour son passage à la postérité cinématographique ! 😀
La fin ne m’a pas tant dérangé, parce que je m’attendais à une carabistouille du genre.
Pour une vrai fin surprenante et qui prend au tripes, il faut lire le bouquin.
C’est quand même saoulant ces fins à l’américaine… Vivement un cinéma européen aussi puissant qu’Hollywood, histoire d’avoir des fins bien noires !
Le bouquin se lit vite a priori, ça peut m’intéresser.
Et pas possible de faire une boucle temporelle pour tenter de modifier la fin ? Quelle déception 🙂
Idée intéressante ! Dommage qu’elle ne soit pas arrivée jusqu’au réalisateur ! 😀
Moi j’en ai pas gardé un superbe souvenir (pourtant j’aurais aimé). Je pense que la migraine que j’ai trainé pendant les 2/3 du film à cause des bruitages n’a pas aidé ceci dit xD
La fin m’a pas choqué par contre, c’est une fin à l’américaine quoi ^^
Un film de guerre avec une migraine, ça doit pas être simple !^^
Pas vu le film mais j’imagine la fin toute hollywoodienne. Pour une vraie fin avec du sens, je conseille le livre, qui ma foi est un bon moment de lecture.
Fin hollywoodienne oui, clairement. Mais je continue d’espérer que cette « mode » finira par cesser. Espoir vain peut-être… En tout cas je note pour le bouquin.
Les photos qui illustrent ton article me donnent envie de m’enfuir très loin sans me retourner…
Blockbuster militaire sur une invasion extraterrestre. Si c’est un style qui ne te convient pas… 😉
Ceci dit, boucle temporelle et perso féminin intéressant, ça peut changer la donne, à toi de voir… 😉
J’ai kiffé ! C’était prévisible vu que je suis très friande de Tom Cruise mais c’était vraiment pas mal comme film. Et je dois dire que le vrai personnage féminin est super (même si, à la base, je déteste l’actrice ^^).
Bien kiffant oui, cette utilisation de la boucle temporelle dans un monde SF est vraiment efficace.
Je pourrais pas te dire pour la fin j’ai adoré de A à Z. Celui-là, c’est direct l’achat du DVD quand il y sort.
Tant mieux si la fin ne t’a pas gêné, c’est pour moi le seul bémol, mais j’en fais abstraction sans trop de problème.
On sent que tu es enthousiaste à propos de ce film !
Franchement, j’ai été agréablement surpris. J’ai failli faire l’impasse, mais la lecture du billet de Traqueur m’a convaincu de lui laisser sa chance. Vrai, la fin est trop convenue pour moi, mais pour le reste, j’ai adoré la mise en scène qui fait s’enchaîner sans relâche la même journée sans pour autant créer de sentiment de lassitude, j’ai apprécié le fait que Tom Croûte (que j’ai du mal à encaisser) soit bien plus dans la retenue que d’habitude. Bref, ça me laissera sans doute pas de souvenirs impérissables, mais ça reste un bon film de SF.
Oui, le film est vraiment sympa, et c’est agréable de voir les rôles inversés (Emily Blunt est la femme sans peur, Tom Cruise un planqué dans l’armée). Dommage pour la fin, d’autant plus quand on sait ce qu’on aurait pû avoir : http://filmschoolrejects.com/features/edge-of-tomorrow-ending-alternate.php#ixzz36Li5He00…
Un super film, mais avec une fin incohérente… Au début, je me consolais en me disant que la fin pouvait faire l’objet d’interprétations, mais avec le recul, je trouve qu’elle n’a tout simplement pas de sens. Dommage, car le reste du film est vraiment chouette 🙁
Sur le coup, je n’ai même pas vraiment réfléchi à sa cohérence…
Mais regarde le lien sur mon message juste au-dessus, et tu vas voir une fin tellement plus intéressante !
Lorhkan : c’est clair !!! 🙁 Argh… Si seulement on avait une édition (très) spéciale en Bluray ! 😀
attentio spoiler : quelqu un peut il mexpliquer comment rita sait quelle a perdu son pouvoir??? puisquelle est sensée mourir pour s’en rendre compte??