Repères sur la route, de Roger Zelazny

Toujours dans l’optique du challenge de Cornwall, je poursuis mes lectures de romans parfois méconnus de Roger Zelazny. Celui-ci ne fait en effet pas partie des romans les plus cités de l’auteur, loin de là. Doit-il sombrer dans l’oubli pour autant ? Non certes, il est d’une lecture tout à fait agréable, et comme on peut s’y attendre en lisant la quatrième de couverture (qui a toutefois la mauvaise idée d’en dévoiler beaucoup sur le récit), ça va à cent à l’heure. Oui, mais…

 

Quatrième de couverture :

Une route décrit le temps, du passé au futur. Les accès en sont soumis à des règles strictes et bizarres ; les sorties sont autant de voies divergentes où l’histoire peut se récrire et le paradoxe fleurir. Red Dorakeen, trafiquant d’armes, poursuivi à la fois par la police de la route et par les tueurs à gages, devra affronter tour à tour un moine défroqué, zen et meurtrier, un tyrannosaure-cyborg piloté par le marquis de Sade, un robot extra-terrestre déglingué abandonné par les siens… tandis que sur une voie parallèle son fils est parti à sa recherche avec pour seule arme un livre entre les pages duquel se cache une mémoire électronique-factotum. Mais au-dessus de la route plane l’ombre des dragons qui sont peut-être les maîtres du jeu…

 

La rou(t)e du temps

Repères sur la route - ZelaznyCela fait pas mal de temps que ce roman végétait dans ma PAL, notamment parce que je n’arrivais à visualiser le concept assez étrange qui sous-tend le récit. Cette route qui représente le temps, route que peuvent emprunter certains voyageurs pour la remonter comme on remonte le temps, et qui présente de nombreuses bretelles de sortie comme autant de points de divergence menant à des uchronies potentielles, a de quoi étourdir ! Ce concept offre en effet tellement de possibilités de récit qu’on se demande comment Roger Zelazny a pu se contenter d’un roman de 200 pages !

La réponse est simple : l’auteur s’est centré sur la « quête de soi » du héros de roman, Reyd Dorakeen, lui qui semble poursuivi par de mystérieux personnages, en laissant de côté (bien malheureusement !) ce concept ô combien fascinant. N’attendez donc pas d’exploration de diverses trames temporelles, d’uchronies surprenantes ou de paradoxes temporels ! Non, on reste collé à la route, sans s’intéresser au temps en lui-même. Mais on reste collé à la route à cent à l’heure ! Les pages défilent pour le lecteur comme les kilomètres (ou les années !) pour les personnages. Zelazny a tout de même eu la bonne idée de déstructurer quelque peu son roman pour casser la linéarité, à l’image de ces routiers temporels qui, remontant ou descendant la route, croisent parfois des alter-egos qu’ils n’auraient pu connaître autrement.

« Repères sur la route » est un roman de gare, du genre qui se lit tout seul, rempli de scènes parfois jubilatoires ou drôlatiques (imaginez le Marquis de Sade chevaucher un tyrannosaure à la poursuite du héros !), mais qui ne restera pas dans les annales de la SF, ni dans celles de la bibliographie de l’auteur. D’après ce que j’ai entendu dire, le romancier semble avoir repris un des ressorts de la saga des Princes d’Ambre pour obtenir le concept de ce roman, sans retrouver autant de succès. Ayant (enfin !) entamé ce fameux cycle, je peux en effet confirmer ce lien de parenté. Reste que le cycle d’Ambre est autrement plus complexe, plus ambitieux que « Repères sur la route ».

Il n’en reste pas moins que ce roman reste divertissant et agréable à lire, un bon cocktail d’action et d’aventures, mais que je conseillerais plutôt aux amoureux de l’auteur, à tendance complétiste. Les autres pourront trouver largement plus réussi et marquant dans sa vaste bibliographie.

 

Lire aussi l’avis de Myowntoshokan.

Chronique écrite dans le cadre du challenge « Morwenna’s list » de Cornwall.

Morwenna Jo Walton challenge

 

  
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