Les neuf princes d’Ambre, de Roger Zelazny
Quatrième de couverture :
Premier volume de la série des « Princes d’Ambre » où Zelazny a su éclairer l’étrange modernité des contes de fées.
Un flou accrocheur
Car pour être flou, on peut dire que c’est flou ! Il faut s’accrocher au début du récit (et même un peu plus que le début, je parle ici de plus du tiers du récit !) durant lequel Corwin, le personnage principal (l’action étant narrée à la première personne), est amnésique et joue un jeu de poker menteur avec ceux qu’ils croisent pour leur soutirer des informations lui permettant de voir un peu plus clair dans ce qui se passe. Et le lecteur est comme lui : paumé !
Il faut dire que l’univers imaginé par Roger Zelazny semble être sans limite : Ambre est le monde réel, et projète une infinité de mondes parallèles appelés « ombres », ombres dans lesquelles les membres de la famille princière peuvent se déplacer librement. Il leur est ainsi possible de visiter tous les mondes possibles et imaginables (à moins que ce ne soient eux qui les créent au fur et à mesure de leurs pérégrinations, ce qui ferait d’eux des démiurges, des créateurs de mondes, un thème cher à Zelazny. Le doute n’est en tout cas jamais levé sur ce sujet, et Corwin lui-même se pose d’ailleurs la question), y compris le nôtre, qui n’est donc qu’une ombre projetée par Ambre. Autant dire qu’avec un tel postulat, on peut virtuellement imaginé tout et n’importe quoi ! C’est ambitieux, et il peut être tentant de partir dans un véritable n’importe quoi (je pense ici aux joueurs du jeu de rôle « Ambre » tiré de la saga. Les Maîtres du jeu devaient sacrément bien cadrer leurs campagnes sous peine de partir dans un truc totalement ingérable !). Mais Zelazny n’est pas le premier venu, et cadre bien son récit, très centré dans ce premier tome sur Corwin, prince héritier (parmi d’autres…) du trône d’Ambre laissé vacant par le roi Oberon qui a mystérieusement disparu.
Au fur et à mesure que le récit se dévoile, le lecteur comme Corwin y voit de plus en plus clair dans ce vaste univers, même s’il est parfois difficile de s’y retrouver, tant les termes utilisés n’aident pas toujours à la compréhension : on parle d’Ambre, d’Ombre, des ombres, etc… La faute à la traduction, souvent critiquée ? Possible, elle qui n’a pas changé depuis les années 70, et qui, sur les cinq premiers tomes, a vu défiler quatre traducteurs différents avec parfois un paquet d’incohérences… Mais j’y reviendrai en temps voulu…
Ce premier volume s’intéresse donc entièrement à Corwin et se centre sur la vengeance qu’il fomente lorsqu’il se rend compte du sort qui lui a été réservé depuis de très nombreuses années. On sent que les relations de la famille princière sont complexes et qu’il y a des chances pour qu’on n’en voit ici qu’un tout petit morceau. Une fois dissipée une part du brouillard qui encombrait l’esprit de Corwin, on entame alors une course pour arriver au but du prince : reconquérir le trône. Le roman faisant moins de 250 pages (une taille classique pour l’époque), tout va vite, sans guère de temps mort. Corwin est sans cesse en déplacement, en pleine action. Zelazny va à l’essentiel, pas de longues descriptions de gigantesques batailles ici. Pourtant, ces dernières ont bel et bien lieu, et des dizaines de pages ne sont pas nécessaires pour représenter des actes héroïques : je garderai longtemps en tête la bataille sur le Kolvir, l’escalier qui mène à Ambre, totalement épique !
A ce cadre passionnant (et plein d’imagination, avec par exemple Rebma/Erbma (selon les traductions…) la cité sous-marine reflet d’Ambre), Zelazny ajoute une galerie de personnages foisonnante dont on ne voit pas dans ce volume tous les intervenants. Certes parfois assez monolithiques, ils sont là avant tout pour faire avancer le récit, mais restent suffisamment charismatiques pour qu’on ait un avis bien tranché sur eux. Et au delà du concept d’Ambre, il faudrait aussi parler de la Marelle, des Atouts, etc… Mais je vais en garder un peu sous le pied pour les volumes suivants. 😉
Parfois déroutant donc, mais finalement très direct et passionnant, avec un personnage central assez fascinant (à la fois attachant et cynique, loin d’être un chevalier blanc, avec ses doutes et ses désirs, ses faiblesses et ses convictions, qui le conduisent parfois dans la mauvaise direction), ce premier volume de la fameuse saga d’Ambre pose donc les bases de quelque chose de plus grand, qu’on n’a sans doute fait qu’effleurer ici. Et comme la fin sonne comme un joli cliffhanger, difficile de faire autrement que d’enchaîner avec le tome suivant. C’est évidemment ce que j’ai fait, on en reparle très bientôt. 😉
Lire aussi les avis de Xapur, Olya, Eumène de Cardie, ClashDoherty, Fée, If is dead, Didoune, Yan Fanel et Vert (pour la saga complète).
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Morwenna’s list » de Cornwall.
Je presse ma médiathèque pour qu’ils achètent le cycle mais toujours pas de réponse. A croire qu’on me pousse à la ruine !
Tout ça pour dire que j’ai grave envie de lire Les Princes d’ambre 😉
Il le mérite bien, continue à faire le forcing ! 😉
J’ai lu ce cycle il y a des années et j’avais bien accroché. Ta chronique me donne envie de me replonger dedans.
Je pense que c’est un cycle qui se relit bien tant il fourmille de détails.
Je compte m’y réessayer pour le chalenge Morwenna, mais ton premier paragraphe, c’est tout à fait ce que j’ai ressenti ! un terrible flou qui m’a laissée complètement paumée. Peut-être n’était-ce pas le bon moment que nous nous rencontrions 😉 C’est pourquoi je retente (mais d’abord, je relis la saga H2G2)
Ah c’est sûr que le début est assez perturbant ! Il faut un peu s’accrocher, mais une fois que c’est parti, impossible de décrocher ! Ça ne m’arrive jamais d’enchaîner les tomes comme ça, mais là…
Bon il faut dire que des romans de 200 pages, ça se lit vite. 😉
Bon, je m’y attaque après avoir fini L’Oreille interne 😉
J’espère que tu prendras autant de plaisir que moi ! 🙂
Cycle monumental. J’ai lu les 10 livres (donc cycle Corwin puis cycle Merlin) d’affilée sur mes 2 semaines de vacances… il y a au moins 12 ans. Depuis, j’ai relu le premier tome 2x en me disant que j’allais enchaîner avec la suite… mais d’autres livres me sont tombés dans les mains et je n’ai jamais pu relire le tout.
Et là, vu ma PAL, je doute que ça soit pour bientôt… dommage!
Ah ouais, les 10 livres d’un coup, chapeau ! Mais je comprends, cet univers est tellement particulier et addictif ! Les personnages n’y sont pas non plus pour rien.
Pour le cycle de Merlin, je vais attendre un peu, mais j’ai déjà hâte de me replonger en Ambre… 😉
J’ai dû lire les deux premiers tomes à une époque où je bouffais de la SF… et je n’ai jamais eu envie d’en savoir plus. Ou alors j’ai oublié.
Dommage que tu n’aies pas accroché, mais ça arrive… Une raison particulière ? La traduction peut-être ?^^
L’écriture peut-être et l’univers qui, assez étrangement, ne me parlait pas du tout – alors que la thématique était dans mes cordes. Une impression d’intrigue un peu molle avec un univers pas assez développé. Mais ça date…
Dommage… Mais que ça ne t’empêche pas de dormir hein ! 😆
Tu m’étonnes que tu l’aies dévoré. Je vais guetter tes chroniques suivantes alors ^^
(c’est courageux le compte rendu tome par tome, moi j’en aurais pas été capable !)
Je ne garantie pas avoir éviter les redites, mais bon… Et puis les trois premiers tomes entre dans le « Morwenna’s list »… 😉
C’est vraiment une oeuvre qui m’a marqué. Avec mes amis, on avait acheté dans la foulée le jeu de rôle, qui fut en son temps une révolution : c’était la première fois qu’on jouait sans utiliser de dés ! Je me demandais comment c’était possible, jusqu’au moment où j’ai découvert les règles, absolument géniales… Ce jeu de rôle est un magnifique hommage à l’imaginaire sans limites de Zelazny, et même à l’imaginaire tout court… Merci pour ce bel article 😉
Je n’ai jamais joué au jeu de rôle d’Ambre, mais j’aurais bien aimé. Je pense qu’il fallait tout de même sinon des joueurs chevronnés, au moins un maître de jeu plutôt carré pour tenir la partie, sinon c’était le bazar assuré, non ?
En tout cas, c’est une très belle saga, j’ai hâte de lire la deuxième partie qui concerne Merlin. 😉 Merci pour tes compliments. 😉
Je pense effectivement qu’il faut un MJ et des joueurs expérimentés, mais qu’ils soient surtout sur la même longueur d’onde, car les personnages sont des dieux… Je te recommande l’expérience, c’est grisant ! 🙂
J’avais complètement accroché au premier tome puis j’ai laissé tomber le deuxième en cours, je ne sais plus pourquoi, mais ça m’avait retiré l’envie de lire le reste…
Qui sait, peut-être mes critiques récurrentes sur cette saga te donneront à nouveau l’envie de t’y replonger. Aujourd’hui : le deuxième volume… 😉