La tour des damnés, de Brian Aldiss

Posted on 9 octobre 2014
Au détour d’un passage dans la toute nouvelle médiathèque de ma ville, voilà que je tombe nez à nez avec deux ouvrages de la collection des « Dyschroniques » (l’ouvrage ici présent « La tour des damnés » de Brian Aldiss et « Continent perdu » de Norman Spinrad) de l’éditeur Le Passager Clandestin, collection dont j’avais entendu le plus grand bien. Ni une ni deux, j’emprunte, et je lis. Une petite centaine de pages plus tard, verdict…

Quatrième de couverture :

En 1968, Brian Aldiss imagine une expérience aux proportions babyloniennes pour mesurer les effets de la surpopulation.

 

Court mais bon

La tour des damnés - AldissOui, premier constat : c’est court. La collection des « Dyschroniques » a pour but de remettre en avant quelques textes anciens, non pas des romans mais des novellas. Donc ici, une centaine de pages pour cet ouvrage au format « petit poche ». Forcément, ça se lit vite. Mais comme ce n’est pas la taille qui compte, c’est bien connu, reste à se faire un avis sur le contenu.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en peu de pages, Brian Aldiss se permet de toucher à pas mal de thèmes, et avec justesse. Dans « La tour des damnés », 1500 personnes ont été sélectionnées pour être enfermées dans un gigantesque buiding en Inde. 1500 personnes qui se sont crues privilégiées, persuadées que c’était le meilleur moyen d’éviter pauvreté et famine. Bilan des courses, un quart de siècle plus tard : 75000 personnes occupent le bâtiment, l’aube d’une « nouvelle humanité » (au fil des générations, la puberté se déclare beaucoup plus tôt, la vieillesse également), dans des conditions pour le moins précaire, entre promiscuité exacerbée, et guerre entre étages.

Mais il y avait une « bonne » raison à l’érection de cette tour : une gigantesque expérience sociologique grandeur nature, dans le but d’étudier une évolution possible de l’humanité soumise à la surpopulation mais aussi découvrir quelque chose d’un peu plus « fantastique »… Je n’en dirai pas plus ici pour préserver le suspense d’un si court texte, mais on voit bien qu’un des thèmes prépondérants du roman est celui de la surpopulation, qui fait écho, quoique le traitement soit singulièrement différent, au roman « Les monades urbaines » de Robert Silverberg, mais aussi l’inhumanité d’un organisme de contrôle qui considère ces gens comme des cobayes pour arriver à leurs fins.

Chose intéressante, l’auteur ne s’attarde pas sur le misérabilisme qu’il aurait été si facile d’exacerber, pour prendre le point de vue des populations concernées et soulever le thème de l’interventionnisme et de ce que les « puissants » du monde considèrent comme étant la meilleure façon de vivre et leur volonté de vouloir l’imposer à tous, sans se soucier réellement de ce que pensent les populations concernées…

Un texte réussi donc, qui ne marquera pas les esprits par le style (l’alternance des points de vue entre habitants de la tour et personnes extérieures n’est là que pour casser la linéarité du texte, les personnages ne sont pas très définis, ce qui reste bien normal sur ce format) mais qui ne vous tiendra guère plus d’une heure et qui vous fera réfléchir. Et c’était sans nul doute le but de Brian Aldiss.

À noter également, la sympathique annexe à la fin du roman avec une courte biographie de l’auteur, quelques précisions sur le texte en lui-même (paru pour la première fois en 1968) et un bref récapitulatif du contexte de l’époque de son écriture, pour mieux le situer. Bien vu et intéressant.

 

Lire aussi les avis de Nébal, Kissifrott, MariejulietVert, Solaris, les Vagabonds du rêve.

 

  
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