Dévoreur, de Stefan Platteau
Quatrième de couverture :
Au-dessus de la demeure de Vidal, l’éleveur d’ânes, une planète brille trop fort ; le comportement de cet homme paisible s’en ressent. Son amie Aube assiste, impuissante, à sa transformation. Parviendra-t-elle à l’arracher à cette influence néfaste, ou faudra-t-il attendre l’aide de Peyr Romo, le magicien des Monts de Soufre ?
Dans la vallée de Pélagis, de vieux instincts s’éveillent, prêts à dévorer toute humanité dans le cœur des êtres…
Une plongée dans l’âme d’un monstre, dans l’univers des « Sentiers des Astres ».
Un court roman pouvant se lire en toute indépendance du cycle principal, luxueusement présenté et illustré, pour les fêtes de fin d’année !
Quand les astres dévorent l’âme humaine
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce livre fait parler de lui. Car il est beau, très beau : couverture cartonnée avec découpe, illustrations de Melchior Ascaride, il en jette, c’est certain. Mais il fait aussi parler car il est cher : 19€ pour 144 pages au format poche. Certes, il ne faut pas simplement s’arrêter au prix, le contenu reste le plus important. Il n’empêche que le palier psychologique peut s’avérer rédhibitoire (notez tout de même qu’au moment où j’écris ces lignes, l’ouvrage est trouvable en numérique à un prix nettement plus modeste de 3,49€, mais on y perd malheureusement les illustrations, y compris intérieures… Décidément, les Moutons Électriques ne savent pas illustrer un livre numérique. A moins que le problème ne soit ailleurs, l’illustrateur étant le même dans les deux cas ?…). Mais parlons du contenu justement.
Aube est la femme de Peyr Romo, un magicien contraint de s’absenter quelque temps. Elle se retrouve donc seule et isolée en pleine montagne, chargée de veiller sur leurs deux enfants mais sait aussi qu’elle peut compter sur l’amitié de leur plus proche voisin, Vidal, un éleveur et marchand d’ânes. Sauf qu’il semble se comporter d’une manière de plus en plus étrange…
On peut découper « Dévoreur » en deux parties relativement distinctes (mais pas égales en taille) : le première, que j’ai trouvé la plus réussie, mettant en scène Aube qui se rend compte que quelque chose cloche chez Vidal. Elle va chercher à en savoir plus, et à travers ce récit, Stefan Platteau réussit à installer une ambiance inquiétante. Inquiétante car on sent bien qu’un maléfice est à l’oeuvre, sans trop savoir d’où il vient et ce qu’il cherche à faire. Des enfants se retrouvent au centre de l’histoire, et les découvertes de Aube, une mère aimante face à l’horreur qui semble se dessiner, ne font qu’ajouter au malaise ambiant. Une très belle entrée en matière, terrible et tragique.
J’ai trouvé que la tension retombait un peu par la suite, dès lors que Peyr Romo entre en scène. Non pas que le personnage ne soit pas intéressant, ni que le récit perde en intérêt, mais il y a comme une sorte de ronronnement qui s’installe, amplifié par quelques scènes certes très bien écrites mais sans doute un peu longues (l’arrivée dans le château), mais heureusement contrebalancé par quelques jolies trouvailles magiques. Stefan Platteau n’épargne rien à ses personnages, et une vraie noirceur s’installe à mesure qu’on découvre que l’ogre de « Dévoreur » n’a rien d’un personnage de Disney. Oui on est bien dans un conte, mais un conte qui s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants, et même sans doute ici un peu plus aux premiers (l’ouvrage est pourtant dédicacée à la fille de l’auteur). Le fond est intéressant, la démonstration qu’une étincelle, un petit rien, est capable de réveiller (consciemment ou non) les pulsions les plus terribles.
Abordant de front des thèmes difficiles, Stefan Platteau prend donc une voie à laquelle on ne s’attendait pas forcément au départ. N’eut été quelques baisses de tension, on aurait tenu là un récit de haute qualité. En l’état, « Dévoreur » reste quand même une novella sympathique (si l’on peut dire, vu le sujet), avec surtout une écriture au-dessus de la moyenne. Bon, c’est pas tout ça mais il va quand même falloir que je lise « Manesh » moi…
Lire aussi les avis de Cédric, Lune, Julien.
Chronique rédigée dans le cadre du challenge « Francofou 3 » de Doris.
Pareil !
Tu penses que l’illustrateur ne souhaiterait pas que ses oeuvres apparaissent dans le format numérique ?
Honnêtement je n’en sais rien, mais la coïncidence est bel et bien là donc je pose la question.
Je ne suis pas différente des autres, le prix me fait parler aussi, d’autant plus que les retours des lecteurs ne sont pas plus enthousiastes que ça quant au contenu. Je l’avais repéré en ligne, surtout à cause de sa superbe couverture, je l’avais gardé en tête dans l’idée de l’acheter. Je l’ai cherché, le loupant la première fois parce que je l’imaginais du même format que les autres livres de l’éditeur et quand j’ai vu le petit truc que c’était, certes mignon mais:
– d’un auteur français (donc sans coût de traduction)
– d’un court texte
– de la même facture que les autres livres de l’éditeur (même type de reliure et quelques illustrations) donc sans raisons d’un surcoût justifiant ce prix,
j’ai pour finir opté plutôt pour le nouveau recueil de nouvelles d’Amy Hempel qui, d’une taille similaire, dans une superbe édition de Cambourakis encore plus belle que celle-ci, d’une auteur que j’ai déjà lue et dont je suis sûre d’apprécier les textes (je n’ai pas lu cet auteur-ci), et pourtant dans une traduction, coûtait 3€ en moins que ce livre-ci. C’est bêtement calculé? Eh bien je ne pense pas en fait. Parce que vendre aussi cher le livre non traduit d’un auteur qui n’a pas encore beaucoup écrit et qui n’est donc pas encore connu, c’est un peu suicidaire. Même le texte traduit et plus abondamment illustré d’Haruki Murakami en édition dure sur les bibliothèques est moins cher que cette novella (et je ne l’ai pas acheté parce que je le trouvais trop cher). C’est dire…
J’imagine qu’il y a un surcoût dû au travail de l’illustrateur qui ne s’est pas « contenté » de la couverture, ainsi que pour le travail sur la couverture (une découpe, ça se paie). J’ai aussi eu l’impression que la couverture était plus dure et plus épaisse que sur d’autres livres de l’éditeur, mais avec la taille de ce petit poche, cette impression est peut-être trompeuse.
Tout ça pour dire que surcoût il y a certainement.
Maintenant chaque lecteur voit midi à sa porte, et un « bête » calcul financier aura bien souvent le dessus sur le reste (à moins d’un achat coup de coeur), rien de plus logique à ça.
Donc non, ta façon de voir les choses me paraît censée, d’autant qu’elle est appuyée par une certaine logique « éditoriale ». 😉
Je crois que je vais vraiment craquer et me le prendre malgré son prix, ça me fait vraiment envie comme livre ! Et Manesh est très bien aussi, tu verras !
Il fait envie, ça c’est sûr. Fais-toi plaisir ! 😉
Je passe mon tour pour le moment, même si j’ai bien aimé Manesh. Je crois que je vais attendre d’avoir lu la trilogie pour voir si je veux revenir sur l’univers avec ce livre-là.
Toujours dans cette optique de vider la PAL à ce que je vois ! 😉
Tu es la voix de la raison.
Manesh a également longtemps trôné sur ma PAL et je l’ai (enfin) lu cet été. Excellent !
Cool, une raison de plus pour que je m’y mette !
Bel objet mais dommage que le contenu ne soit pas forcément à la hauteur (on verra s’ils l’achètent à la bibliothèque du coup).
On est sur le prix d’un grand format alors forcément, il faudrait vraiment tenir un texte d’exception pour le mériter…
Bien aimé pour ma part. Et je te rejoins sur la qualité d’écriture 😉
Sur ce point, il n’y a rien à redire en effet. 😉
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[…] avis chez : Cédric – Julien le Naufragé – Lorkhan – Lune – […]
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