Watership Down, de Richard Adams
Quatrième de couverture :
Y en a pas, mais je vous mets ici ce qu’on peut trouver sur le site de l’éditeur :
C’est dans les fourrés de collines verdoyantes et idylliques que se terrent parfois les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante odyssée de courage, de loyauté et de survie.
Menés par le valeureux Hazel et le surprenant Fyveer, une poignée de braves choisit de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, malices et légendes vont guider ces héros face aux mille ennemis qui les guettent, et leur permettront peut-être de franchir les épreuves qui les séparent de leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’arrêtera-t-elle vraiment là ?
Aimé et partagé par des millions de lecteurs à travers le monde, l’envoûtant roman de Richard Adams fait partie de ces récits mythiques et hors du temps, une épopée sombre et violente, néanmoins parcourue d’espoir et de poésie. Vous sentirez le sang versé. Vous tremblerez face aux dangers. Vous craindrez la mort. Et, par dessus tout, vous ressentirez l’irrépressible désir de savoir ce qui va se passer.
Une odyssée lagomorphe
Oui, « Watership Down » est un classique. Ses 50 millions d’exemplaires vendus depuis 1972 plaident pour lui (il fait partie des 25 livres les plus vendus au monde tout de même !), de même que plusieurs adaptations (en film en 1978, en série TV entre 1999 et 2001, et même en théâtre. Netflix doit également sortir une nouvelle adaptation très prochainement). Ultra connu et classique parmi les classiques dans le monde anglophone, le roman n’a pourtant jamais eu un tel succès chez nous. Et c’est peu de le dire : demandez autour de vous qui connaît « Watership Down », et je suis prêt à parier que le nombre de réponses positives frôlera le zéro. Les mystères de cette fameuse « exception française » sans doute… Toujours est-il que Monsieur Toussaint Louverture, considérant cet état de fait comme une injustice, tente le pari de ressortir ce chef d’oeuvre méconnu en révisant la traduction et en lui offrant un fort bel écrin (la couverture, gaufrée, est signée Melanie Amaral), avec en prime un bel effort de communication débordant d’enthousiasme (à coup de brochure et autre page spéciale, cette dernière restant tout de même à lire après le roman). Il faut croire que ça a marché puisque le roman est arrivé jusqu’à moi (je l’ai même précommandé, moi qui ne cède jamais à ce genre de chose, c’est vous dire si l’éditeur est convaincant !).
Mais de quoi ça cause, « Watership Down » ? De lapins, tout simplement. De lapins qui, sous les cris d’alarme de l’un des leurs, Fyveer, décident de quitter précipitamment leur garenne pour aller fonder la leur, à Watership Down justement. Dis comme ça, ça ne semble pas follement excitant. Et on aura beau se dire que cet exode n’aura rien de simple, et que de multiples obstacles se dresseront sur leur route, ça ne fera pas forcément frémir d’impatience non plus. Et pourtant… « Watership Down » contient tout ce qu’il faut pour captiver son lecteur : du courage, du sacrifice, de l’amitié, de la collaboration, de l’aventure, des difficultés, etc… Des thèmes universels donc, au sein d’un roman qui pourrait presque s’émanciper de son ancrage dans l’univers des lapins pour s’adapter à tous types de récit.
Mais ce serait sans compter sur le talent de Richard Adams qui agrémente son texte d’un vocabulaire spécifique aux lapins (sfar, raka, vilou, kataklop, etc…) et surtout y insère différents récits mythiques sur leur héros mythologique, Shraavilshâ. Une manière de construire un univers spécifique, de lui donner une vraie substance (et de rappeler, de manière subtile, certains de nos mythes anciens) en plus d’y faire vivre des personnages qui ont de vraies personnalités. L’auteur a d’ailleurs eu la finesse de les anthropomorphiser légèrement (ce qui permet de les faire parler) sans trop en faire (pas de vêtements, pas de conversations avec les hommes, etc…) et tout en les dotant d’un vrai comportement de lapins (il s’est inspiré de l’ouvrage « La vie secrète des lapins » du naturaliste Ronald Lockley qui étudie le comportement, les relations sociales, etc… des lapins. Ainsi ils grignotent dans le pré, font leurs besoins, s’effraient pour un rien, etc…). Un vrai travail soigné, pour un résultat plus que positif.
Une histoire de lapins donc (que l’on situera aux franges de la fantasy, grâce notamment à Fyveer qui semble doté du don de divination, seul élément magique permettant de clairement classer le roman dans le sous-genre de la fantasy animalière). Mais « Watership Down » peut-il être pour autant considéré comme un livre pour enfant ? L’auteur s’en défend, jurant qu’il a avant tout écrit une bonne histoire plutôt qu’une histoire pour enfant. Sur ce point, on ne peut guère prétendre le contraire. Et puis sa taille (presque 550 pages en grand format), le style recherché de l’auteur, des exergues en début de chaque chapitre tirés d’oeuvres classiques (Eschyle, Xénophon, Shakespeare, Yeats, Flaubert, Dostoïevski…), les circonvolutions mythologiques (des contes au sein du conte) et des événements pas vraiment enfantins voire cruels (oui, il y a de la violence dans la nature, chose que l’adaptation en film montrait de manière frontale) font qu’il serait erroné de le placer au rayon enfants. Pour les ados, pourquoi pas, mais pas avant.
Et donc, côté récit, Richard Adams nous livre une véritable épopée pleine de héros, de combats, de joies et de désillusions, d’espoirs et de déconvenues. Oui, Homère n’est pas loin dans cette odyssée vers une nouvelle terre promise (allégorie du peuple juif ?) (mais on pourrait aussi citer, de manière plus juste sans doute, « L’Enéide » de Virgile. Ou bien, dans un genre différent, « The walking dead », sans les zombies. Même le Gouverneur est présent…), et rien n’est facile car l’auteur n’hésite pas à « maltraiter » ses héros. Blessures il y a, parfois plus, ce qui ne nuit pas au suspense, bien au contraire tant on ne sait pas ce qu’il peut arriver à ces lapinous auxquels il est bien difficile de résister : le chef Hazel, le petit devin Fyveer, le courageux Bigwig (quel personnage !), le conteur-né Dandelion, etc… Odyssée donc, et même épopée épique comme rarement ! A ce titre la dernière partie du roman est un modèle du genre, les pages se tournent toutes seules, impossibles de décrocher devant ce qui se passe sous nos yeux !
Une fois arrivé au terme du récit, c’est avec un petit pincement au coeur que j’ai dû me résoudre à quitter ces personnages avec qui j’aurais bien fait un brin de chemin supplémentaire. Mais qui sait ? Peut-être Monsieur Toussaint Louverture aura la bonne idée de traduire « Tales of Watership Down », un recueil de nouvelles que Richard Adams a écrit et publié en 1996 (soit 24 ans après « Watership Down »), dévoilant de nouvelles histoires de Shraavilshâ et permettant de retrouver certains de ces lapins qui m’auront marqué durablement. Si c’est le cas, j’achète !
Lire aussi les avis de Nyctalopes, Prof Platypus, Jenni, Culture-SF, Claudialucia, Grominou, Keisha, Anne.
Critique écrite dans le cadre du challenge « SFFF et diversité » de Lhisbei (item 5 : lire un livre SFFF dont vous n’avez pas encore vu l’adaptation en film).
Ça donne envie, cette chronique. Je coche.
Cool, ça vaut le coup.
Il était déjà publié au Livre de Poche, ce n’est donc pas un truc complètement obscur – mais pas connu, c’est sûr.
Ce n’est pas un inédit non, il est en effet paru à plusieurs reprises en France, y compris en poche chez J’ai Lu, mais sans grand succès.
La traduction a été révisée pour cette ressortie chez Monsieur Toussaint Louverture.
Et bien je ne connaissais pas du tout ce titre ! C’est vrai que le titre et le résumé ne donnent pas hyper envie (une histoire d’exode de lapins qui parlent, bon…), mais ton avis carrément plus ! Je le note !
La fantasy animalière, ce n’est pas vraiment mon truc à la base, mais là ça va tellement au-delà de ça, c’est épique comme rarement, les personnages sont attachants, le récit est vif et enlevé (même si la narration reste assez classique)…
C’est vraiment prenant. 😉
Cela ressemble à un OVNI ton roman. J’avoue que je suis intriguée à défaut d’être totalement convaincue. Je vais le mettre sur ma liste de Noel! C’est vrai que je ne connaissais pas.
C’est un peu un OVNI, ça l’est sans doute moins si on garde une âme d’enfant. Et puis les lapinous, c’est trop chou.^^
Plus sérieusement, il y a plein de niveaux de lecture, et ça ressemble un peu au chaînon manquant entre « Le vent dans les saules » et « Le seigneur des anneaux ». Oui rien que ça. 😀
Ah cool un avis sur ce bouquin ! Ma collègue m’en a parlé à sa sortie comme OLNI célèbre partout sauf en France mais je l’ai pas encore lu, il faudra ^^
Ah oui, il faudra ! S’il est aussi célèbre, c’est bien qu’il y a une raison… que les francophones n’avaient pas encore découvert. Il est toujours temps de réparer cette erreur. 😉
Bon, ben encore un truc que je connaissais pas et qui va s’en aller rejoindre ma monstrueuse PAL. Merci Lorhkan !
Ne me remercie pas, mes conseils sont gratuits. Si si je te jure ! 😀 Bonne lecture en tout cas. 😉
Et bien et bien ! Je plaide coupable : moi non plus, je ne connaissais absolument pas cet ouvrage. Grâce à toi, la chose sera rapidement réparée : tu m’as convaincue !
Yes, bonne lecture parmi les lapinous ! 😉
J’avoue que j’étais sceptique, mais là je dis pourquoi pas 🙂
Objectif atteint alors ! 🙂
Ca fait longtemps que je veux le lire celui-là (on en parle généralement dans toutes les histoires de la fantasy). Le bouquin est super beau en plus !
Oui, très bel objet, et le contenu est à la hauteur, que demander de plus ?
Je ne lis pas énormément de guides encyclopédiques sur le genre, mais il est cité dans le fameux « Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux ». 😉
J’ignore s’il a eu un réel succès en Italie, mais je sais que ma mère m’en a parlé plus d’une fois, en bien, et qu’on l’avait en italien à la maison. Je crois même avoir commencé à le lire mais sans succès. Ça s’appelle « La colline aux lapins » en Italien, le titre fait un peu plus gentillet! 🙂
Oui le titre semble l’orienter un peu plus vers la jeunesse.
Ceci dit, italien, français ou anglais, tu devrais le lire, je dis ça je dis rien… 😉
[…] Down de Richard Adams – critiques : Lorhkan – Ours Inculte […]
[…] Je n’ai pas eu l’envie de rédiger une critique sur ce livre (traduction = j’ai la flemme), qui ne fera malheureusement pas partie de mes coups de coeur, à cause de son scénario d’une loOongueur lui valant plusieurs réflexions pas très sympathiques de ma part. Pour une critique complète de cette oeuvre, je vous recommande celle de Cannibales Lecteurs ou encore celle de Lorkhan et les mauvais genres. […]