Zapping VOD, épisode 43
The handmaid’s tale, saison 2, de Bruce Miller
Souvenons-nous de cette incroyable saison 1, qui reprenait la quasi-intégralité du roman de Margaret Atwood (à l’exception notable de son épilogue). Et voilà que la série rempile pour une saison 2, sans filet cette fois puisqu’il n’y a plus de roman pour l’épauler, Margaret Atwood restant toutefois à la production, gage d’une ligne directrice poursuivant celle du texte.
Et donc cette saison 2 ? Il y a du bon (beaucoup), et du moins bon (un peu). Première chose, cette saison s’étale sur 13 épisodes au lieu de 10 précédemment. Pas forcément la meilleure idée du show pour le coup, certaines scènes sentant un peu le réchauffé. Voire même certains épisodes quasi-complets (4-5-6), ressassant des éléments déjà vus et bien intégrés par les spectateurs.
Pour autant, la série, toujours aussi glaçante, étend un peu son univers (les colonies, sentant « bon » la ruralité post-apocalyptique), développe le passé de certains personnages comme Ofglen/Emily et surtout Serena Joy (grosse performance de l’actrice Yvonne Strahovski), femme tourmentée par ses choix et confrontée à une injustice qu’elle a largement contribué à installer. Parfois insidieuse, faisant douter le spectateur en humanisant par petites touches certaines ordures (oui, même Aunt Lydia), « The handmaid’s tale » emporte encore une fois l’adhésion avec cette histoire qui prend aux tripes, ce monde qu’on aime détester, d’une extrême violence envers les femmes (mais pas que), ce versant féministe toujours aussi important, des acteurs de grande classe (Elisabeth Moss encore une fois, et Yvonne Strahovski donc, Joseph Fiennes également, toujours aussi inquiétant, entre autres) et une réalisation toujours aussi inspirée, d’une froideur calculée.
Toujours au top donc, mais le léger sentiment de redite qui apparaît déjà ici ou là semble indiquer qu’il ne faudrait que la série s’éternise sous peine de perdre de son impact. Rendez-vous tout de même pour la saison 3.
J’ai raté assez peu de films de super-héros ces dernières années, et j’avoue que je navigue régulièrement entre lassitude et bonnes surprises. Et ce « Logan » penche clairement vers la bonne surprise. Réalisé par un James Mangold qui semble s’être approprié le personnage puisqu’il a aussi réalisé le précédent film dédié à Wolverine, à savoir « Wolverine, le combat de l’immortel » (un des rares que je n’ai pas vus), « Logan » est un film violent, crépusculaire, (classé « R-rated » aux US, chose assez rare dans le monde des blockbusters super-héroïques) sur un vieux Wolverine devenu chauffeur de limousine et qui cache un Professeur Xavier atteint d’alzheimer qui ne maîtrise plus ses effrayants pouvoirs télépathiques.
Situé au bout de la chronologie des films X-Men et gardant quelques éléments non clairement dévoilés (que s’est-il passé à Westchester, et qui sont les victimes ?) laissant un vide entre la fin apparemment heureuse d’un « Days of future past » et quelques années plus tard cet avenir sombre duquel les mutants semblent être absents, « Logan » atteint sa cible. Ou ses cibles, au premier rang desquelles se situent Logan lui-même, vieux, au bout du rouleau, empoisonné à petit feu par l’adamantium contenu dans son organisme et dont la faculté de guérison semble donner des signes de faiblesse, et un Professeur Xavier grabataire et devenu un danger pour tous ceux qui l’entourent. L’arrivée dans la vie des deux hommes d’une petite fille victime d’expériences gouvernementales va leur permettre de faire un dernier baroud d’honneur, avec au bout du chemin pour Wolverine, peut-être, la rédemption…
C’est efficace, c’est sombre, violent (le sang ne manque pas de couler, on n’est pas chez Marvel ici), et les acteurs au top (Hugh Jackman est décidément l’acteur idéal pour le personnage, et il le prouve à nouveau ici avec ce Wolverine affaibli et qui ne sait plus comment orienter sa fin de vie, Patrick Stewart joue bien le papy qui montre le chemin à son élève rebelle, et il faut également saluer la superbe prestation de la petite Dafne Keen, âgée de 11 ans au moment du tournage) amène ce film vers les sommets du genre super-héroïque. Vraiment une belle surprise.
Wonder Woman, de Patty Jenkins
J’avais entendu de bons échos de ce « Wonder Woman » poursuivant la difficile tentative de DC d’installer un univers cinématographique à la manière de Marvel. Et j’avoue que je suis assez mitigé. Rien à dire sur le personnage en lui-même, pas loin d’être une sorte de Superman au féminin quand elle s’énerve. Rien à dire non plus sur l’actrice, Gal Gadot fait le job avec beaucoup d’application, et ça fonctionne très bien.
Mais le film souffre de grosses longueurs. « Wonder Woman » est un film d’exposition qui a les défauts de ce genre de film, couplé au fait que DC veut aller à marche forcée vers son film de réunion Tupperware de super-héros, « Justice League » (pas encore vu mais ça viendra). Et donc il faut introduire le personnage, montrer d’où il vient, d’où proviennent ses pouvoirs, et lui donner une aventure à sa mesure (située au cours de la première guerre mondiale, dans un film de guerre qui ne manque pas de rappeler la premier « Captain America »). Ça fait beaucoup à ingurgiter, et certaines informations sont donc données de manière un peu scolaire (comme l’histoire des dieux et des hommes au début), dans un film divisé en plusieurs morceaux distincts qui auraient presque pu être des longs métrages par eux-mêmes. Je me dois de signaler également un méchant… très très méchant (avec un combat final qui retombe, comme trop souvent chez DC, dans une bouillie d’effets spéciaux assez indigestes). DC ne semble pas encore avoir saisi l’importance d’un méchant complexe, aux motivations ambivalentes. Gardons espoir, il a fallu huit ans et treize films à Marvel pour arriver au méchant de « Civil War », dix ans et dix-huit (!!) films pour en arriver à celui de « Black Panther ».
Alors parfois, au fil d’une réalisation et d’une intrigue relativement classiques, on suit le film d’un oeil en consultant ses SMS… Ceci dit, les scènes d’action (pas si nombreuses que ça d’ailleurs) ne manquent pas de punch (superbe scène du No Man’s Land !), et le fait de mettre en avant une héroïne féminine (enfin !) forte et prenant le pas sur ses partenaires masculins ne peut qu’être salué, quand bien même certains effets comiques du film reposent sur le décalage entre une Amazone venue d’une île isolée et le monde moderne, lui donnant de faux airs de jolie ingénue (en tout cas auprès de ceux, et je dis bien ceux, au masculin, qui la croisent, au sein d’un monde dirigé par les hommes. Quelques scènes ne manquent pas de pointer cela du doigt, en écho à notre époque qui n’a finalement que peu changé sur ce point). Reste qu’une fois qu’elle prend les choses en main, Wonder Woman est un personnage sacrément badass que j’apprécie beaucoup. Et j’aimerais vraiment qu’elle bénéficie d’un film à la hauteur. Mission pas tout à fait accomplie ici…
J’ai beaucoup aimé aussi la saison 2 de The Handmaid’s tale, même si je suis d’accord avec toi, il ne faudra pas que la série s’étende sur trop de saisons. Je n’ai pas vu les deux autres films mais j’ai entendu de bons échos à leur sujet, et tu renforces mon envie de les visionner 🙂
Logan est vraiment bon, Wonder Woman un cran en dessous, mais rien que pour le plaisir de voir une femme tenir tête à tous ces messieurs… 😉
Et oui The Handmaid’s tale reste excellente, pourvu que la qualité ne baisse pas trop avec le temps. J’ai peur qu’elle finisse pas s’essouffler…
« Un programme qui doit beaucoup aux vacances de ma fille » –> Huhu, c’est pour ça que tu causes cinéma sur Facebook? 🙂
J’ai beaucoup apprécié Logan. J’aime bien ce ton sombre et la fin sans grand espoir (pour ne pas dire sans *aucun* espoir). Par contre, je n’avais pas percuté que c’était le même réalisateur que pour Wolverine, qui est très différent et pas aussi bien quoi.
« avec un combat final qui retombe, comme trop souvent chez DC, dans une bouillie d’effets spéciaux assez indigestes » –> Ouais. On se demande vraiment qui valide ces scènes et pourquoi elles n’évoluent pas d’année en année. On distingue rien à l’écran. (Et tu verrais la fin de Justice League, je crois que c’est pire. ^^) Mais à part ça j’ai bien aimé Wonder Woman et je l’aurais suivie dans le no man’s land, c’est vraiment la scène qui pose le personnage. Et tu as raison de souligner la similarité avec le premier Captain America; je l’ai regardé il y a peu et je me suis dit plusieurs fois « purée c’est pareil dans Wonder Woman ».
PS: Je suivrais Captain America dans le no man’s land aussi s’il y allait. Je ne sais pas si c’est le bouclier qui fait ça mais je les aime beaucoup pour leur côté « leader juste ».
Wonder Woman et Captain America formeraient un beau couple, non ? Pur fantasme qui ne se réalisera jamais bien sûr… 😉
Sur FB c’est différent, ça fait juste appel à mes souvenirs, et je peux m’occuper de ça au boulot. Regarder des films au boulot, c’est un peu plus compliqué… 😀
Je ne m’attendais pas à autant accrocher à Logan. Je ne sais pas si je regarderai le film sur Wolverine avant celui-ci, il n’est pas vraiment dans mes priorités et les échos sont nettement moins bons, ce que tu confirmes d’ailleurs.
La bouillie visuelle était déjà frappante dans le Batman v Superman. Là, c’est un peu moins outrancier, mais faut vraiment qu’ils se remettent en question là dessus, parce que c’est vraiment moche.
Quelle belle scène que celle du No Man’s Land ! J’ai bien failli déchirer les accoudoirs de mon canapé ! 😀
J’ai à peu près le même avis sur The Handmaid’s Tale, je verrais la saison 3 mais je l’attends avec un peu d’enthousiasme (ça devient plus de l’opportunisme qu’autre chose de continuer).
Logan j’avais bien aimé, ça change un film de super-héros vieillissant qui tient plus du western qu’autre chose.
Wonder-Woman j’ai beaucoup aimé (et pourtant j’ai zéro affinité avec le personnage à la base), c’est naïf et mal dégrossi parfois mais c’est juste jouissif d’avoir une femme sur le devant de la scène.
J’ai comme l’impression qu’on n’est pas loin d’être d’accords sur tout la ligne… 😉
J’ai été convaincue par cette saison 2 de The Handmaid’s tale notamment par le jeu percutant des acteurs ; et je me demande ce que nous réserve la troisième. C’est vrai que Logan est plutôt violent mais j’ai aimé aussi voir à l’écran un héros au bout du rouleau et sa manière de gérer l’inéluctable. Wonder Woman refermait pour moi, peu de surprise : un gros bulldozer qui passait sur un chemin – une route goudronnée, une 2 fois 4 voies – tellement emprunté.
C’est vrai que les acteurs de The handmaid’s tale sont toujours au top.
Le ton crépusculaire de Logan change radicalement de l’optimisme plein d’humour de Marvel. Ici c’est sombre, c’est la fin et ça fait mal.
Et oui Wonder Woman est très classique. Voir enfin une femme en tête d’affiche d’un film de super-héros ça fait du bien mais ça n’en fait pas un grand film pour autant…
Je suis du même avis concernant The handmaid’s tale. J’ai beaucoup aimé cette saison mais il ne faudrait pas qu’ils poursuivent après la saison 3 sinon ils vont tourner en boucle.
C’est ce qui me fait un peu peur, d’autant que le showrunner se voyait bien faire une série de 10 saisons…
Je suis d’accord avec toi sur la saison 2 de The handmaid’s tale. En 10 épisodes comme la première ç’aurait été aussi bien. J’adore cette série mais j’espère que la S3 sera la dernière. Kate Moss fait beaucoup pour la série et d’un autre côté je trouve que son personnage commence à d’une part avoir fait le tour de la question, d’autre part à avoir subi assez d’horreurs comme ça.
C’est tout le problème de la série : on a compris comment fonctionne cette société, on a compris qu’elle opprime les femmes de manière très violente. Maintenant il faut aller au-delà de tout ça. Et voir l’héroïne subir tous les outrages ne peut pas durer éternellement (au passage c’est Elisabeth Moss, Kate Moss ne fait pas le même métier… 😉 ).
Alors que je ne dis pas qu’il faut tomber dans le schéma classique de la dystopie (prise de conscience d’une partie de la population, renversement de la société, etc…), mais il faut trouver un truc.
C’est là qu’on se dit que Margaret Atwood avait raison de terminer son roman de la manière dont elle l’a fait, et que la série se fourvoie peut-être en tentant d’aller plus loin…
Bon ben je vais faire une répétition de ce qui a été dit au dessus : la saison 2 de The Handmaid’s Tales était très chouette (Serena, le personnage dont on ne sait plus quoi penser). Logan est un film vraiment super, et WonderWoman était chouette aussi malgré ses défauts.
On est à peu près d’accord alors ! 😉