Alter Bridge – Live at the Royal Albert Hall featuring The Parallax Orchestra

Posted on 6 novembre 2018

Il fut un temps où j’adorais les albums live. Il faut dire que, biberonnant à Dire Straits et son guitar-hero Mark Knopfler capable de sortir des solos de dingue, rallongeant/transformant leurs chansons de la plus belle des manières, j’étais à bonne école. Et puis ça m’est passé. Jusqu’à ces dernières semaines. Un album tourne en boucle, je n’arrive pas à m’en défaire.

Le live de Alter Bridge au Royal Albert Hall de Londres, accompagné du Parallax Orchestra.

Je connais et aime beaucoup Alter Bridge depuis presque leurs débuts (je les ai connus avec leur deuxième album, « Blackbird », en 2007, en me demandant ce qu’était devenu Myles Kennedy, le chanteur du groupe The Mayfield Four, excellent d’ailleurs, que m’avait fait découvrir Francis Zégut en 1998 quand il officiait sur RTL, ceci ne nous rajeunit pas… Myles Kennedy était donc devenu le chanteur de Alter Bridge). Un groupe qui a réussi à fédérer une masse de fans, et qui est devenu au fil du temps et de cinq albums studio un des plus grands groupes actuels de rock heavy/metal alternatif.

Alors quand j’ai appris qu’un concert symphonique allait se dérouler à Londres (et au Royal Albert Hall en plus !), je m’y suis intéressé, forcément. Je n’y étais pas bien sûr, il faut dire que les places de ces deux soirées exceptionnelles ont été vendues en douze minutes (deux soirées à environ 5000 places chacune, ça part vite)…

 

 

Rock et orchestre symphonique, ce n’est pas un couple nouveau. Le plus connu reste sans doute le fameux « S&M » de Metallica, mais on peut remonter jusqu’à la fin des années 60 avec le « Concerto for Group and Orchestra » de Deep Purple, en passant par Frank Zappa, Kiss, Yes ou le plus « cosy » « Peaceful Ghosts » du sous-estimé groupe Nada Surf (non, il n’ont pas fait que la chanson « Popular »…). Parfois ça fonctionne, parfois moins.

Et là, sur ce concert d’Alter Bridge : wouah ! En tant que tel, ce live a le bon goût d’être une sorte de best-of du groupe, piochant quasiment à parts égales dans les cinq albums du groupe. Mais ce qui frappe, c’est la parfaite maîtrise du groupe. La guitare de Mark Tremonti, un des grands guitaristes de rock actuels (qui mène également une autre carrière musicale avec le groupe modestement appelé Tremonti, dont l’excellent dernier album, « A dying machine », est un album-concept couplé à un roman de science-fiction coécrit avec John Shirley, encore une collusion rock-SF ce qui au fond n’a rien d’étonnant puisque Mark Tremonti est un fan avéré de SF…), et bien sûr la fameuse voix de Myles Kennedy (c’est pour sa voix que les trois ex-musiciens de Creed (Mark Tremonti à la guitare donc, mais aussi Scott Phillips à la batterie et Brian Marshall à la basse) l’ont embauché pour fonder Alter Bridge, avant de s’apercevoir qu’il était aussi excellent guitariste, d’où des compositions plus approfondies sur le deuxième album et les suivants (aaaah ce double solo de guitares sur le morceau « Blackbird » !)), lui aussi un des grands de la musique rock (oui, grande voix et grande guitare, ça fait forcément des étincelles !). Pas une seule fausse note, et toujours ce sens aigu de la mélodie (et quand on parle d’aigu, il faut écouter la note finale de Myles Kennedy dans « Words Darker Than Their Wings », morceau qu’il avait jusqu’ici toujours refusé de chanter en concert, pour protéger ses cordes vocales). Certains pourraient peut-être trouvé le groupe un peu trop sage sur scène, mais la présence de l’orchestre n’invitait sans doute pas à trop s’agiter.

 

 

On alterne donc moments heavy (« Addicted to pain ») et moments plus calmes (le diptyque « Wonderful Life/Watch Over You »), et l’apport de l’orchestre, qui n’est pas dans la démonstration comme ça l’est parfois un peu sur le « S&M » de Metallica, est un vrai plus et renforce vraiment le côté mélodique avec des arrangements/orchestrations de la plus belle eau, amenant les chansons à un niveau encore supérieur. Seul bémol (de taille malheureusement) : l’orchestre est mixé vraiment trop en retrait, l’écoute au casque est nécessaire pour en tirer la substantifique moelle, sans quoi on risque de ne l’entendre que sur les chansons plus calmes qui lui laissent forcément plus d’espace (le générique de la version Blu-Ray du concert reprend quelques-uns de ces arrangements et uniquement eux, sans le groupe, ce qui permet de mesurer la qualité de l’orchestration). Mais même devant un gros mur de son (« The End Is Here », « Fortress », « Waters Rising » qui montre que Mark Tremonti a aussi un joli brin de voix, dans un style beaucoup plus « direct » que Myles Kennedy, ou bien le splendide « Blackbird »), l’orchestre apporte un vrai plus. Mené par un chef d’orchestre aux allures de rock star, et composé de jeunes musiciens (52 musiciens tout de même !) qui prennent visiblement un grand plaisir (ils aiment le rock, ça se voit, ça se sent !), le Parallax Orchestra accomplit sa mission de superbe manière.

 

 

Excellent live donc, qui a le bon goût de présenter certaines chansons jamais jouées en live ou presque, dont j’attendais beaucoup et qui m’en donne encore plus. Chose rare : je ne me contente pas de l’écouter, la version vidéo est tout aussi réussie (il faut dire que la superbe salle s’y prête bien). Bref, c’est du beau, c’est du lourd, c’est du live de toute beauté.

Alter Bridge était déjà au sommet, mais là c’est un peu le firmament d’une carrière rondement menée et qui est loin d’être terminée.

 

 

  
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